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Quand la « cohésion sociale » vient au secours de la police...

9 septembre 2010

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=973



Ci dessous un courriel envoyé par L T., Responsable du pôle Hébergement et Accès au Logement à la Direction Départementale Interministérielle de la Cohésion Sociale du Calvados .

Pour donner la meilleure efficacité à la chasse aux sans papiers, il faut leur créer le plus de difficultés possibles et en particulier réduire leurs possibilités d’hébergement.

Voilà ce que fait la direction de la cohésion sociale, ce qui reste des directions des affaires sociales après passage aux agences régionales de la majeure partie des compétences dans le sanitaire et le social.

On peut bien entendu partager le souci de ce fonctionnaire de ne pas «  emboliser  » les services d’hébergement d’urgence, on peut comme lui regretter que de trop nombreuses personnes « restent quotidiennement sans solution de mise à l’abri » ( discours qui tranche un peu avec l’optimisme affiché il n’y a pas si longtemps).

Mais dans ce courriel les personnes déboutées, les sans papiers sont rendus responsables de la situation de saturation des structures d’hébergement d’urgence, ce qui est une contre vérité.

Ce discours ignore les raisons de fond de la situation des hébergements d’urgence, l’insuffisance du logement qui empêche nombre de personnes d’accéder à un toit mais aussi précarité et chômage. La conjonction des deux créant la spirale infernale de la mise à l’écart de centaines de milliers de personnes réduites à l’état de "surnuméraires".

En se concentrant sur la responsabilités des déboutés dans les difficultés de l’hébergement d’urgence , la direction de la cohésion sociale, outre le fait qu’elle ne fait pas son travail qui serait d’intervenir sur les vraies difficultés d’insertion, pratique la politique du bouc émissaire.

Il faut laisser à la rue les sans papiers, ne pas s’occuper de ces sans droits.

Ce faisant la note remet en cause le principe d’accueil en hébergement d’urgence, puisque pour accéder à ceux-ci on n’est normalement même pas tenu de décliner son identité.  

Voilà ce qui est en contradiction avec ce qui constitue la base de la relation d’aide, de la tradition d’accueil et de la notion constitutionnelle de fraternité.

Si ce n’est pas l’expression d’une xénophobie d’Etat, voilà de quoi donner du grain à moudre à ceux qui prétendent que’ les étrangers sont la cause des maux du pays.

Voilà pourquoi ce genre de note «  technique » doit être dénoncée publiquement pour ce qu’elle est : une prise de position politique dangereuse.

Texte du courriel

Bonjour,   Il a été rapporté à la DDCS que des ménages déboutés de la demande d’asile étaient présents en structure d’hébergement d’urgence.

Lors de la réunion qui s’est tenue en préfecture le 6 juillet, la DDCS avait clairement annoncé que les déboutés ne seraient plus pris en charge dans le dispositif d’hébergement, ce qui ne concerne donc pas uniquement les prises en charge dérogatoires à l’hôtel via le 115 mais aussi les structures d’hébergement.

  La DDCS demande aux directeurs de CADA de sensibiliser les ménages déboutés à l’aide au retour, en lien avec l’OFII, en prévenant ces ménages qu’ils ne seront pas pris en charge dans le dispositif d’hébergement en sortie de CADA, tant à l’hôtel qu’en structures d’hébergement.(mis en gras par l’auteur)  

Si nous voulons que le dispositif d’hébergement garde sa nécessaire fluidité afin d’une part d’accompagner les ménages vers le logement autonome et d’autre part de mettre à l’abri les personnes en ayant besoin afin de les "accrocher" à une démarche d’insertion, encore faut-il que la situation administrative des personnes rende leur accès au logement possible.

Actuellement, de trop nombreuses personnes restent quotidiennement sans solution de mise à l’abri, certaines places d’hébergement d’urgence étant embolisées par des personnes déboutées qui, de par leur situation administrative, n’ont ni le droit à l’accès au logement ni vocation à rester en France.

  La DDCS continuera, sous réserve des crédits disponibles pour les nuitées d’hôtel, à héberger les demandeurs d’asile en attente de place en CADA mais pas les déboutés qui ne sont plus des ayants-droit suite aux décisions de l’OFPRA et de la CNDA.

  Je remercie les structures d’hébergement d’urgence, le 115 et la maraude de veiller à la stricte application de ces consignes.

  Je vous souhaite une bonne fin de journée et un bon week-end.   L T.

Etienne Adam
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