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Qu’attendez vous ?

3 octobre 2008

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=650



Caen le 1er octobre 2008

Lettre ouverte au maire, au maire-adjoint au logement et aux élus municipaux de gauche de Caen

Monsieur le maire

Monsieur le maire adjoint

Mesdames ,Messieurs,

Les chiffres de l’association « Clameur » confirment que Caen se situe dans le peloton de tête des villes chères pour le logement et en queue pour les salaires.

Nous sommes donc dans une situation critique du point de vue du mal logement et de la crise du logement : nos compatriotes qui ne peuvent suivre l’augmentation des loyers, peu de gens dans cette ville ont vu leurs revenus augmenter de 5.9% comme l’ont fait les loyers.

Sur les aspects de fond de cette crise, ils ont été développés au forum logement organisé il y a 2 ans par un certain nombre d’organisations politiques, d’associations et de syndicats. Pour l’actualisation vous trouverez ci-joint une note qui résume l’étude de Clameur.http://anpag.org/article.php3?id_ar...

Il ne faut pas attendre du gouvernement une action réelle sur le logement. Malgré le bilan négatif des politiques d’aides fiscales pour les propriétaires, malgré le bilan désastreux des aides au secteur privé, Fillon et Boutin persévèrent dans leur choix idéologique de favoriser la France des propriétaires et des spéculateurs.

Dans le cadre de la crise financière actuelle, la réforme du Livret A risque d’être encore plus catastrophique pour le logement social. Aujourd’hui même Bercy étudie la possibilité de faire bénéficier les banques d’un afflux de liquidités vers le livret A qui dépasse, selon une souce gouvernementale, les besoins du logement social. Le projet de loi Boutin, sous couvert de favoriser le droit au logement, contient des dispositions extrêmement régressives pour les mal-logés (que la plupart des associations agissant aux cotés des mal- logés condamnent, du DAL à la fondation Abbé Pierre).

Bien sur, ce n’est pas seulement au niveau local que les effets néfastes de cette politique peuvent être combattus, mais la collectivité locale peut utiliser la crise actuelle de la spéculation immobilière pour changer les données.

Comme nous l’écrivions dans la note citée ci-dessus : « Il est donc nécessaire que, face à un marché que la « main invisible » est incapable de réguler, des politiques publiques, en rupture avec celles mises en œuvre sur la dernière période (soutien au marché) soient mises en oeuvre pour répondre aux besoins sociaux de logement.

Il y a là un espace pour une vraie politique de gauche : face au mythe d’une France de propriétaires, il faut répondre à un droit reconnu, le droit au logement, quitte à perturber le marché. Les collectivités locales ne sont pas démunies pour agir sur ce terrain, il faut une volonté politique pour résister aux intérêts immédiats de certains électeurs de gauche (et/ou de centre !) propriétaires ou spéculateurs sur le logement ».

Dans notre esprit seul en changement de cap rapide peut éviter de transformer la crise de la spéculation financière en crise économique du secteur du logement, mais cela passe par la fin de hauts rendements des placements dans l’immobilier assimilés aux placements financiers.

Que devrait faire très vite, sans attendre ce type de crise, la municipalité de Caen, dans une démarche qui vise à entraîner toute l’agglo ?

-  rompre avec la politique libérale en matière de logement de la municipalité précédente : supprimer le prêt à taux zéro qui dans les circonstances actuelles est une politique de soutien à l’augmentation des prix et une incitation à l’endettement quand il faudrait mieux utiliser les fonds, mettre fin à la vente des terrains à des promoteurs privés à des prix inférieurs à ceux des domaines (ce genre de politique d’aide au privé est économiquement inutile et socialement nuisible même si les ventes s’accompagnent de clauses apparemment sociales), utiliser les outils disponibles de maîtrise du foncier pour favoriser les organismes HLM (comme le font d’autres municipalités), résister aux directives de l’ANRU sur les démolitions et les rénovations quand elles sont un obstacle au besoins sociaux. La politique de logement social doit conduire la municipalité à renégocier avec les « opérateurs privés », aujourd’hui affaiblis, les grands projets urbains aujourd’hui en cours et donner dans ces projets, et ailleurs, la place nécessaire au logement social accessible.

-  Il faut donner les moyens d’expression aux mal-logés : pour cela nous vous proposons que soit mis sur pied et financé par la ville un observatoire du logement et du mal logement appuyé sur le réseau associatif et sur les travailleurs sociaux qui puisse concourir à l’évaluation plus précise des besoins qui sont aujourd’hui trop méconnus sur cette agglomération (en avril 2005 nous avions déjà demandé au président de région de saisir le CESR d’une étude sur le mal logement en Basse Normandie, demande hélas restée sans réponse)

-  dans un certain nombre de cas, il y a des urgences qui ne peuvent attendre l’effet à moyen terme des réformes structurelles : pour ceux-là il n’y qu’une réponse l’exercice du droit de réquisition des logements vides. La ville doit se doter d’un service du logement capable de mettre en œuvre rapidement ce droit : c’est là nous semble t’il une priorité, l’hiver étant un temps de difficultés et d’angoisse pour les mal-logés.

Nous pensons qu’un débat en conseil sur ces changements de politique, et la prise rapide de mesures peut largement contribuer à agir contre la tendance de certains propriétaires à maintenir des niveaux de prix incompatible avec les besoins en logement.

La nouvelle majorité municipale doit prendre rapidement ses responsabilités par rapport à ceux qui sont victimes ici de la crise du logement.

D’autres municipalités de gauche arrivées au pouvoir il y a 6 mois, comme Amiens, ont fait une remise à plat de la politique du logement. Qu’attendez-vous ?

Pour l’ANPAG/CUAL

Etienne Adam
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