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Sarkozy s’enfonce

12 février 2011

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=1034



Sarkozy est encore dans une situation difficile : chaque jour ou presque, un élément nouveau vient affaiblir la situation d’un pouvoir déjà largement discrédité.

Le passage à TF1, dans un soi-disant "face aux français" organisé dans toutes les conditions de sécurité possibles avec un panel soigneusement choisi pour ne pas gêner et un animateur à la botte, devait permettre à Sarkozy de reprendre l’offensive. Certains d’entre nous s’inquiétaient de sa capacité à reprendre l’offensive en particulier avec l’utilisation démagogique et émotionnelle du thème de la sécurité.

Certes le bateleur a fait une opération de com pour dire sa compassion sur les malheurs des français, n’hésitant pas à jouer sur la corde sensible des pauvres chômeurs et des ouvriers mal payés.

Sa seule annonce concrète est la promesse de débloquer des fonds pour les chômeurs de longue durée et essentiellement sous la forme de contrats aidés hier décriés comme un outil des socialistes pour masquer leurs échecs.

Le problème c’est que Sarkozy nous a déjà fait le coup. L’an dernier quand l’UNEDIC annonçait qu’il y aurait un million de chômeurs en fin de droit le président protecteur avait surgi pour dire « je ne laisserait personne au bord du chemin » : le « plan rebond » devait pas laisser un chômeur en fin de droits sur la touche. Le gouvernement a commencé par baisser le nombre : le million de chômeurs en fin de droits s’est réduit à 350 000 voire 170 000 !Voilà une manière efficace de réduire le chômage !

Voir article=956

Mais au bout du compte environ 8 à 10 000 personnes seulement, d’après les chiffres officiels, ont bénéficié de ce plan rebond. Des centaines de milliers de chômeurs sont restés sur la touche sans rien pendant que des centaines de milliers d’autres se retrouvaient au RSA !

On voit bien en quoi va consister la social à la mode Sarkozy : de la com, des grandes promesses, des grandes déclarations démagogiques et au bout du contre un contrôle accru des chômeurs : les chômeurs de longue durée vont être systématiquement convoqués mais à quel pourcentage pourra t’on offrir même un sous emploi précaire ?

500 millions d’euros pour 1,5 million de chômeurs : le chiffre le plus optimiste du ministère montre que cela pourrait permettre au maximum 100 000 contrats aidés ( y compris le maintien des contrats existants) soit 6%. Et les 95%, voir plus, des chômeurs de longue durée que va t’il leur arriver : contrôle en plus, découragement en plus de ne pas être dans les heureux élus, et surtout stigmatisation supplémentaire.

L’essentiel du propos de Sarkozy-candidat , aidé par les tenants de la téléréalité et du sang à la une, a été de confirmer la dérive sécuritaire au dépends de la loi, des principes élémentaires des droits de l’homme.

Il a fait semblant de considérer le mouvement des magistrats comme pur mouvement corporatiste à la recherche d’avantages pour eux-mêmes ( salaires, impunité...).

Il n’a pas compris, ou voulu comprendre, que dans le mouvement des professions de la justice, il y a le refus de l’instrumentalisation par le sécuritaire mais aussi une certaine conception du service public et le refus de la gestion à la sauce libérale qu’induit la RGPP et la mise en oeuvre des critères libéraux d’évaluation.

Ce mouvement rejoint ceux qui depuis des mois rejette cet assujettissement libéral en particulier dans les secteurs qui travaillent avec des personnes : le mouvement dans l’éducation le même jour n’était pas le fait du hasard.

L’annonce du suicide « professionnel » d’un magistrat écrasé par les tâches et se jugeant déconsidéré fait écho à ceux de France Télécom : le travail tue et pas seulement à coups de produits toxiques ou de situations physiquement dangereuses.

Il tue par les nouvelles contraintes qui exproprient les gens de leur savoir faire professionnel au profit de la dictature des «  évaluateurs comptables ».

La réponse à la justice, aux enseignants c’est le discours sur les fonctionnaires déjà privilégiés « qui n’ont pas la menace du chômage eux ». Voir sur Rue 89 l’analyse du discours de Sarkozy sur les juges « Paroles de Français » : la rhétorique de Sarkozy disséquée"

http://www.rue89.com/2011/02/11/par...

Ils devraient donc accepter de travailler plus et on leur redistribue le prix des emplois non créés, c’est à dire des chômeurs en plus : on voit bien l’attention que porte Sarkozy aux chômeurs !

Ils devraient aussi renoncer à la qualité du service, c’est à dire ce qui fait le service public pour servir une logique d’économies et de rentabilité.

Le propagandiste a fait flop.

Il a pris les françaises et les français pour des imbéciles. Le soudeur des Chantiers de l’Atlantique, qui pourtant n’était pas un syndicaliste forcené, a dit le soir même son scepticisme sur « le président du pouvoir d’achat  ». Les chiffres sur l’augmentation des salaires tombés le lendemain lui donnent raison.

Bien sur il faut relativiser les sondages mais quand les 2/3 des personnes interrogées donnent raison aux juges contre le pouvoir, c’est vraiment une tendance lourde. Comment s’en étonner ?

La sécurité s’use quand on s’en sert sans arrêt sans résultats sensibles. La crédibilité de Sarkozy est atteinte.

Enfin, au moment où l’Egypte fait l’histoire combien dérisoire apparaît un président qui n’a rien vu venir !

Il s’obstine dans sa politique désastreuse pour la majorité de celles et ceux qui vivent et bossent ici.

Il serait inspiré d’entendre le mot d’ordre (en français ) de Tunis au Caire :

Dégage !

Etienne Adam
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