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Nicolas, jacques et les autres

9 septembre 2004

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=66

Chacun à droite se précipite au devant du patronat pour lui proposer de nouveaux cadeaux. Cette émulation entre les prétendants renforce le camp libéral et les mesures pleuvent qui détruisent petit à petit ce qui faisait notre manière de vivre quotidienne.

La "défaite " des mouvements sociaux a’t’elle ouvert les portes à la contre-révolution libérale ? Le MEDEF peut’il vraiment tout se permettre ?



Sarko plus fort que Raffarin !

A l’université du MEDEF des mauvaises langues ont dit que Raffarin n’a rien fait pour les riches [1].

Par contre Nicolas “Medef” Sarko à reçu un triomphe.

Il est vrai qu’avec un frère vice président du MEDEF, des compagnons de jeu parmi les grands patrons comme le dit la presse économique, il bénéficiait d’un préjugé favorable.

Il veut montrer qu’il est, lui, un vrai ami des patrons. Le futur président de l’UMP , après avoir fait sa pub personnelle auprès du bon peuple avec les lois libertides et la sécurité [2], s’occupe au ministère des finances des vrais décideurs, de ceux qui font la France comme dirait Seillière.

Nous avions eu un avant gout au mois de Juin avec la possibilité de faire une donation de 20 000 euros sans frais de succession pour "favoriser la consommation" disait Sarko.

Aujourd’hui, Nicolas MEDEF propose une franchise totale des droits de succession jusqu’à 100 000 euros. Mieux, cette franchise pourrait se cumuler avec l’abattement déjà existant de 46 000 pour chaque héritier. Ainsi 2 héritiers ne payeront de frais de succession que si la succession qu’ils doivent se partager est près de 200 000 euros.

Ainsi l’Etat fait un cadeau fiscal de 600 millions d’euro. Au moment où le ministre nous dit qu’il faut faires des économies pour se rapprocher des critères de Maastricht, qui va payer ce manque à gagner ? D’autres ressources fiscales, la vente des services publics (comme ils viennent de le faire à France Télécom), ou plus probablement des économies d’emplois publics.

On voit bien qu’il va y avoir des perdants, mais à qui profite cette mesure ?

Pour avoir l’air social, on nous dit que 100 000 euros c’est le patrimoine “moyen” en France et comme ça on donne l’impression que cela concerne beaucoup de monde, les gens “de la moyenne”.

En fait la moyenne se fait entre le patrimoine du RMIste qui a tout perdu et ça fait beaucoup de monde, et le patrimoine de Madame Bétancourt, la première fortune de France, à 14 milliards d’euros ! De toutes les inégalités c’est celle des patrimoines qui s’est le plus développé au point que l’INSEE oublie les patrimoines pour “prouver” que les inégalités n’ont pas cru.

Alors combien de gens concernés par ce cadeau ? Les 55 000 personnes qui se sont déjà servi de l’exonération sur les donations, chiffre dont Nicolas Sarkomedef a l’air de se féliciter. Ou moins ?

Rarement politicien n’agit avec autant de cynisme alors qu’il représente moins de 10 % des électeurs.

Rarement, il est aussi visible, sauf pour les présentateurs de journaux télévisés, que seuls les intérêts des patrons sont pris en compte.

Comment réhabiliter la démocratie auprès, par exemple, des 9 % de Rmistes supplémentaires depuis un an, quand les décisions sont prises au profit d’uen seule minorité.

Comment s’étonner que ceux qui subissent un durcissement de leur sort au moment où les politiques font de tels cadeaux aux patrons n’aillent plus voter ?

Plus que jamais nous devons engager le débat sur l’illégitimité de ce gouvernement et les carences d’un système politique qui lui permet de se maintenir au pouvoir.

Aujourd’hui le MEDEF semble avoir “remercié” Chirac et trouver dans Sarko l’homme d’Etat qui lui correspond le mieux.

L’un et l’ autre font assaut d’amabilités vis à vis du MEDEF avec pour conséquence une dérive libérale de plus en plus marquée. Chacun cherchant à donner à cette dérive une coloration sociale : Sarko nous a déjà fait le coup de la défense des petits et des valeurs de la république, Chirac et Borloo tentent d’inventer le libéralisme social.

Entre le libéralisme relance de la croissance d’abord de Sarko et celui empreint de cohésion sociale de Chirac, il y a l’aveu de la crise de légitimité que même les chefs de la droite cherchent à résoudre. Eux aussi cherchent à élaborer une réponse politique face à l’ampleur de la crise politique que nous connaissons.

C’est un programme alternatif à celui qui est mis en oeuvre aujourd’hui, mais aussi un autre fonctionnement politique, que nous devons inviter toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans les mouvements sociaux dans leur diversité à construire ensemble.

Construire ensemble ne veut pas dire seulement résister aux mauvais coups, c’est donner un sens plus collectif, plus global, à ces résistances et présenter un projet, des propositions et les moyens de les faire triompher : quels outils de mobilisation sociale, de changement politique...et comment articuler les deux pour transformer les choses dès demain.

Etienne Adam


[1] et pourtant il suffit de regarder les mesures prise depuis le Raffarin nouveau pour se rendre compte qu’il n’en est rien

[2] avec un succès de plus en plus discuté puisque les aggressions contre les personnes augmentent de 16.5% en 2003, les policiers doutent des grandes inovations sarkosiennes

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