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Dire les maux ... même radicalement.
Réponse au point de vue de Michel Duthoit dans Ouest France du 3 janvier

5 janvier 2006

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=276



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2 articles de Ouest france
Comment croire à la bonne volonté des patrons quand on lit le premier article !

Pour Michel Duthoit, ceux qui critiquent le dernier accord UNEDIC ne font que se livrer « à la dénonciation systématique, à la défense clientéliste et au radicalisme verbal ».

Je pense, comme lui, que le chômage est destructeur pour ceux qui le subissent, que la fonction de l’allocation chômage est de réduire les risques en donnant « les moyens de tenir pour repartir ».

Mais l’assurance chômage n’est pas,comme il le dit [1], une initiative des partenaires sociaux, mais un système de protection sociale dont la gestion est confiée à un organisme paritaire : les ASSEDIC et l’UNEDIC.

Les « partenaires sociaux cogestionnaires » sont donc comptables devant l’ensemble des citoyens de ce qu’ils ont fait de l’assurance chômage.

Ont-ils maintenu l’assurance chômage en « état de marche » ?

-  Quand ils ont substitué au droit à l’indemnisation inscrit dans le code du travail un contrat qui oblige le chômeur à faire la preuve de sa recherche d’emploi, exercice difficile pour ceux qui sont le plus en difficulté ?

-  Quand l’UNEDIC n’indemnise que moins de la moitié des chômeurs officiels et précipite dans le RMI un nombre croissant de privés d’emploi ?

-  Quand ils acceptent que le patronat recoure de façon massive à la précarité qui insécurise les personnes et ruine l’assurance chômage ? Quelle compagnie privée d’assurance accepterait d’assurer des conducteurs qui annonceraient leur désir de jeter leur voiture contre un mur ? Michel Duthoit comme le MEDEF dénonce le statut des intermittents du spectacle mais « oublie » que ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport au coût de la précarité pour l’UNEDIC.

Il n’est pas légitime que l’équilibre financier soit le souci exclusif des gestionnaires au détriment des besoins d’une majorité de chômeurs.

C’est ainsi que depuis 1992 les gestionnaires ont abandonné l’indemnisation de chômeurs au profit de l’aide publique (ASS) ou du RMI « insidieusement » devenu indemnisation du chômage.

Ceci par l’acceptation de la dégressivité des allocations et du raccourcissement des durées d’indemnisation.

C’est ainsi qu’il ont mis en place une chasse aux chômeurs et veulent pour l’UNEDIC le pouvoir de sanction, non pas des fraudeurs car les moyens juridiques existent, mais de tous ceux qui qui ne « recherchent pas assez bien » ou n’acceptent pas n’importe quel emploi.

Et ceci au moment où en Basse Normandie il n’y a que 50 offres pour mille chômeurs et que 950 personnes sont ainsi condamnées à rester au chômage !

Aujourd’hui il faudrait redéfinir l’assurance chômage en prenant en compte la précarité et le sous emploi que favorise la dégradation du système d’indemnisation qui ne permet plus de « tenir pour repartir »ailleurs que dans la précarité ou le sous emploi.

Le maintien à tout prix d’un organisme paritaire ne peut se faire au prix d’un abandon, des principes de l’assurance chômage, des exigences des chômeurs.

Les organisations syndicales signataires ne représentent qu’un petit tiers des salariés, mais sûrement pas les chômeurs dont ils « oublient » les droits les plus élémentaires.A commencer par le droit de vivre dignement.

Ils ne peuvent se prévaloir du label de représentants de l’intérêt général.

Dans la nécessaire redéfinition, de l’assurance chômage, dans sa gestion, il faudrait introduire un peu de démocratie sociale avec la représentation des chômeurs.

La lutte pour la suppression du chômage n’est pas la propriété des partenaires sociaux, c’est l’affaire de toutes et tous dans ce pays.

Etienne Adam


[1] Cette erreur est étonnante de la part d’un professeur des ressources humaine qui fut syndicaliste et responsable interprofessionnel : il fut secrétaire de la CFDT Bretagne et garde les positions de cette organisation ! Ceci montre que les questions d’assurances chômage sont trop restées affaire de spécialistes y compris syndicaux alors qu’elles devraient être l’affaire de tous.

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