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Intervention sur le projet de renouvellement urbain de la Guérinière
Au conseil du 20 septembre 2004

23 septembre 2004

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=77



Je ne suis pas contre l’idée de mixité sociale dans les quartiers et mon intervention n’a pas pour but de vous faire un procès d’intention sur votre volonté de faire de la mixité sociale.

Mais cette notion nécessiterait un débat sur le contenu et sur mixité sociale avec qui et comment.

Ce qui me pose problème c’est que le renouvellement urbain continue comme s’il nous ne connaissions pas une crise du logement.

Je reprend ce que j’ai déjà dit ici, nous sommes face à une crise du logement qui laisse à la rue ou dans un état de mal logement des millions de personnes, je vous renvoie aux travaux de la Fondation Abbé Pierrehttp://www.fondation-abbe-pierre.fr/ Il faut répondre à cette réalité.

Caen serait-elle épargnée ? Nous avons pourtant quelques indices qui nous mobntre que nous ne sommes pas à l’écart d’un phénomène national même si ici nous n’avons ni le caractère dramatique, ni l’importance numérique, que ce phénomène prend ailleurs.

L’augmentation des demandes de logement et les délais pour en obtenir,

La baisse du pourcentage des HLM dans les nouveaux logements quand par ailleurs les prix grimpent,

L’existence d’un volume important dans l’accueil d’urgence, l’insuffisance du FSL [1] dont nous parlions tout à l’heure,

Voila qui devrait nous interroger : avant d’aller plus avant dans les démolitions, il faudrait faire un état des lieux du mal logement

Avec le secteur associatif qui intervient sur ce domaine

Avec les travailleurs sociaux qui ont beaucoup de choses à dire à ce sujet.

J’ai déjà proposé un observatoire du logement qui nous renseigne sur cela. Nous avons besoin de savoir où on va plutôt que de faire si rien ne se passe. Il ne faudrait pas que, faute de maîtriser cette situation, les projets de mixité n’aboutissent à mettre ceux qui sont les plus pauvres, les plus précaires dans une situation encore plus difficile.

J’ai du mal à voir les conséquences des démolitions qu’on nous propose une par une sur le logement social et surtout celui pour les plus démunis.

A Caen au moment où ceci devrait être une priorité des politiques publiques, dans ce projet on nos propose la démolition de 60 logements HLM...

... et la reconstruction ultérieure d’entre 51 et 56 logements.

Ce n’est pas seulement la perte de 9 ou 4 logements qui m’inquiète mais le relogement sur Beaulieu pour plus de la moitié. Et par delà les bonnes intentions, pour les gens, ça pose des problèmes concrets.

Le prix du m2 annuel est 2.5 fois plus élevé à Beaulieu...

Bien sur, vous allez me dire que l’APL viendra combler la différence et c’est vrai mais pas pour tous les cas.

Mais est ce le moment de faire payer les CAF quand on nous dit que les comptes de la protection sociale ne peuvent plus suivre ?

Les gens ne comprennent pas qu’on leur demande de payer quand les collectivités font l’inverse.

Mais vous savez bien que ce n’est pas tout, sur les charges l’APL ne suit pas. La « résidentialisation » des espaces extérieurs abouti à faire payer l’entretien des espaces verts aux locataires avec augmentation des charges.

Comme les associations qui se battent sur le logement, je pense que la construction doit aujourd’hui précéder la démolition et l’agglo en totalité manque de logements sociaux [2].

Pour Caen nous savons tous que, vu les prix des logements des jeunes couples, quand ils sont obligés de prendre un logement plus grand s’exilent car ce n’est pas toujours un choix à 25 ou 30 Km. Mais ce qui est possible -avec un coût en termes de santé et un coût écologique pour la collectivité- pour ceux qui ont des revenus stables et décents ne l’est pas pour tous.

Pour les autres - chômeurs, précaires, salariés pauvres...- ce départ n’est pas possible faute de moyens de transport ou c’est alors le risque d’une désinsertion encore plus grave. On nous parle d’emplois, mais le logement - ou plutôt le mal logement est aussi une source de réinsertion.

Je ne dit pas là quelquechose d’original puisque Borloo le dit aussi. Même si j’ai des doutes sur son plan le constat est valable.

Faute d’éléments d’observation sur la crise du logement à Caen qui fasse l’objet d’une évaluation collective,

Faute d’une vision claire, démocratiquement débattue de la politique publique de logement social accessible à tous et surtout à ceux qui en ont le plus besoin et d’une politique de maîtrise du foncier qui la rende possible,

Je ne voterai pas cette délibération, ni la 18 qui en est la suite.

(JPEG)
Etienne Adam


[1] Fond de solidarité logement destiné à venir en aide aux personnes en difficulté

[2] Dans sa réponse le président de l’agglo m’a reproché d’ignorer le Plan local de l’habitat élaboré par l’agglo. J’ai rappelé les insuffisances de ce plan - Beuville Bieville ne sera pas prêt avant longtemps à accueillir les gens de la Guérinière- et proposé qu’on rediscute de ce qu’est le logement social qui ne permet plus par son coût de loger les plus précarisés.

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