Retour au format normal


Ségolène Royal à 60% = un PS autiste ?

17 novembre 2006

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=398



Le vote des adhérents du PS avec le triomphe de Ségolène Royal pourrait bien être pour les dirigeants du PS une victoire à la Pyrrhus.

En marginalisant les courants qui faisaient l’identité socialiste au profit d’une conception proche de la troisième voie chère à Blair, Carter et Schroeder ce vote produit un changement de nature du Parti Socialiste. Même Dominique Strauss-Kahn qui défendait une voie moyenne sociale-démocrate n’a pas résisté.

Bien sûr cette victoire est très liée à tous les opportunistes qui se sont ralliés à Ségolène Royal parce que les sondages la donnait gagnante : dans cette cohorte de soutien intéressés que d’éléphants à la recherche d’un nouveau souffle pour leur propre carrière !

Changer la politique avec de tels individus aurait de quoi faire rire si les enjeux n’étaient pas aussi dramatiques pour beaucoup. La « Gazelle » des sondages a quand même des soutiens peu recommandables comme Frêche le raciste récidiviste ou les dirigeants des Bouches du Rhone qui licenciaient t’il n’y pas si longtemps un de leurs employés coupable de « nonisme »... avec ces gens là la démocratie participative a un goût de rance..

Mais il faut aller plus loin que les reclassement internes.

Plus qu’ à un glissement à droite c’est à une vraie révolution sociologique que nous avons assisté hier : le parti des militants était certes pas un parti ouvrier, ni d’employés mais il représentait encore largement les catégories intermédiaires encore plus ou moins en contact avec les classes populaires par le syndicalisme, les associations, l’idéologie...

Avec les adhérents à 20 € ce sont les classes moyennes supérieures, celles qui se sentent supérieures ou qui espèrent le devenir dans le cadre de ce système-là, qui font la loi dans le PS. Ces nouveaux adhérents-internet ont, semble t’il, majoritairement soutenu celle qui se mouvait à l’aise dans le monde virtuel des sondages et du bien penser médiatique. Ce sont les internautes du « Monde » (le journal) qui croient être à gauche et demandent de l’ordre , de la représsion contre les chômeurs et les jeunes : allez faire un tour sur le site « Expression Publique » et vous verrez cette nouvelle majorité sociale de centre gauche à l’oeuvre !

Cette révolution sociologique accroît l’écart avec le peuple, le vrai, celui des banlieues et des usines, celui des ouvriers disparus du discours de cette gauche là, celui des chômeurs, des RMIstes que ne peuvent comprendre ceux qui disent que le SMIC à 1500€ et les minima à 1200 est une grossièreté.

Et le non de gauche majoritaire l’an dernier, surtout dans les couches populaires, quelle fin de non recevoir lui oppose t’on ainsi !

Nous avons devant nous un espace politique ouvert . Est ce pour autant que cette désignation joue obligatoirement dans notre sens ? Rien n’est moins sûr, ou, du moins, cela va dépendre de ce que nous-même allons faire.

D’abord nous devons mesurer que la désignation de Ségolène Royal déporte le débat dans le champ politique vers la droite : voyez comment sont rassurés les « commentateurs autorisés » qui retrouvent des thèmes de débat qu’ils partagent ! Même la « sociale démocratie moderne » était encore trop à gauche pour ceux qui se retrouvent (et ils légions dans les médias) derrière « l’exploitation juste ».

Mais il y a un défi que nous devons absolument relever : c’est faire la preuve que nous incarnons nous une autre manière de faire de la politique, une partie de l’attraction de Ségolène Royal se fonde sur cette aspiration.

Si nous désignons un candidat ou une candidate trop politiquement conforme au fonctionnement classique (et en crise) de la représentation politique, si nous menons campagne sans être capables de montrer que nous souhaitons autre chose dans le rapport de la rue aux urnes, nous donnerons des voix au vote utile pour le PS.

C’est pourquoi nous devons par tous les moyens (dans nos pratiques, dans les symboles, dans les discours...) marquer notre différence non seulement avec le programme social- libéral mais aussi avec le fonctionnement des partis politiques tels que le 5ème république les a induits avec son système institutionnel .

Nous avons la responsabilité de donner espoir au peuple de gauche et an particulier à celui qui, socialiste, ne s’y retrouve pas avec Ségolène Royal.

Etienne Adam
Retour au format normal