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Débattre des municipales

15 novembre 2000



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=37



Lors des dernières assemblées générales et réunions du bureau, la présence de l’ANPAG aux prochaines élections municipales a été évoquée à plusieurs reprises, mais de manière incidente. Il paraît donc souhaitable que cette question fasse l’objet d’un débat plus approfondi, au cours de la prochaine assemblée générale de nos adhérents. La décision de présenter, ou pas, des candidats ne peut être dissociée, à l’évidence, du but que nous fixons à l’ANPAG, des tâches qu’elle peut remplir, de l’analyse du cadre politique local dans lequel s’inscrit son action, de la perception de la nature et de l’étendue de son influence sur la ville.

Au principe de l’existence de l’ANPAG est l’idée de constituer un pôle progressiste, opposé à un libéralisme qui ambitionne d’asservir, à ses propres fins, la totalité des activités de la planète. C’est aussi logiquement vouloir participer, avec modestie, à l’émergence d’une force politique anti-libérale, alternative aux gauches gouvernementales qui plient leurs projets essentiels aux règles du jeu de la mondialisation. L’ANPAG est, et fonctionne comme, un réseau local composé majoritairement de militants oeuvrant dans des syndicats et mouvements associatifs. Elle correspond à ces nouvelles formes d’engagement et d’organisation, qui ne sont ni des partis ni des associations traditionnelles. Elle répond à une attente de celles et ceux qui veulent réhabiliter le politique, mais qui estiment qu’aucune organisation, de gauche et d’extrême-gauche, n’offre de stratégie de rechange, dans une période où l’ultra-libéralisme est partout à l’initiative.

"L’alternative ne pourra venir que du développement du mouvement social, des réflexions qui s’y mènent et des formes d’organisation nouvelles qui s’y inventent. Le rôle des militants politiques est de synthétiser les expériences associatives et syndicales et de proposer des alliances et des projets sur la scène politique (élections, formation politique et développement d’une culture de la résistance) et sur la scène médiatique (permettre aux idées progressistes de se frayer un chemin)" (Texte du congrès de refondation de l’ANPAG, juin 1998).

Les campagnes électorales sont un des moyens de faire connaître les thèmes de l’ANPAG et la constitution de liste, l’occasion d’associer des sympathisants (dont certains, continueront peut-être à cheminer avec nous) et d’autres forces politiques avec lesquelles un travail sectoriel mais prolongé pourrait être envisagé. Toutefois, peut-être faut-il le rappeler, même si c’est sûrement une banalité, qu’il y a, dans les élections, et plus particulièrement pour un groupe local au regard des municipales, "un avant", et "un après" quels que soient par ailleurs les résultats.

LA SITUATION AVANT LES ÉLECTIONS

Quelle perception du contexte politique local ? - Une coalition de droite, épuisée par la longueur de son règne et ses divisions, en mal de projets. Une gauche, avec un PS dominant et dont on ne sait comment il règlera ses rivalités internes, un PC affaibli et en panne d’orientation et "Citoyens à Caen", rallié du 2° tour à la liste Mexandeau, en dépit de ses déclarations tonitruantes avant le 1° tour. - Une attente, plus ou moins diffuse, de ceux qui souhaitent une manifestation concrète, traduite sur un terrain proche, des idées d’égalité, de solidarité et de démocratie que nous défendons.

Quelle préparation ?

Les expériences précédentes nous montrent qu’il ne suffit pas de s’y prendre 2 ou 3 mois à l’avance. Si nous voulons valablement avancer des propositions qui tranchent avec ce que la droite classique ou la social-démocratie ont l’habitude de nous asséner, encore faut-il les étayer par une bonne connaissance des problèmes réels. - C’est s’atteler à l’étude des grands choix politiques qui modèlent la vie de la population : fiscalité, développement économique, urbanisme et environnement, action sociale, vie associative, culture et éducation, sports et loisirs, politique de la petite enfance, de la jeunesse, de la vieillesse. - C’est recenser les aspirations et les besoins de quartiers où la majorité de la population subit douloureusement les retombées des politiques libérales.

Ni "technocrates de gauche", ni "prophètes des lendemains qui chantent". Cela demande du temps et des forces.

Avec qui .....

Une évidence : le problème des alliances au 1° tour doit être considéré au travers du prisme de ce que nous tenons pour fondamental. Il serait totalement opportuniste de passer sous la table ce qui nous paraît essentiel pour satisfaire un partenaire éventuel. C’est dire qu’il paraît difficile d’envisager, dès le 1° tour, des contacts avec ceux du PS qui ont abandonné même l’idée d’une transformation progressive de la société.

Le PC pourrait être politiquement attentif à une démarche progressiste. Mais comment la conciliera-t-il avec sa stratégie nationale de la gauche plurielle ?

Les Verts, emportés par la dyamique des européennes, envisagent-t-ils de faire cavalier seul ? Ou transfèreront-ils leurs alliances nationales au plan des municipales ? La question est encore plus embrouillée par des considérants locaux, après le retour au bercail d’un ancien candidat dissident aux municipales de 95, présent sur une liste de diversion et de division.

Les résultats honorables de l’union LCR/LO aux européennes ne sont-ils que le reflet d’un vote essentiellement protestation/sanction contre la politique gouvernementale, ou manifestent-t-ils une adhésion aux perspectives stratégiques de la liste ? Quels enseignements la LCR en a-t-elle tirés du point de vue de ses initiatives politiques et de ses alliances, et comment peuvent-ils interférer avec son attitude vis à vis des municipales ?

Il est toutefois hasardeux de spéculer, dès aujourd’hui, sur la trajectoire finale de ceux avec qui nous pouvons potentiellement dialoguer. Rien ne nous empêche de prendre l’initiative d’une confrontation des points de vue.

Ou seul ....

La constitution d’un pôle unitaire de progrès nous a toujours paru préférable à la dispersion. Mais nous ne sommes que partiellement maîtres du jeu.

Alors, envisagerons-nous de constituer une liste autonome, qui ferait appel aux sympathisants du premier cercle où se retrouvent des militants de syndicats et de réseaux associatifs à visées anti-libérales, et à ceux du deuxième cercle que nous rencontrons lors d’évènements plus ponctuels ?

LES PERSPECTIVES APRES LES ÉLECTIONS

Une présence sur le terrain des élections, n’est pas une simple parenthèse à laquelle nous sacrifirions dans l’unique but de propager nos idées. Alors quels prolongements ?

Même sans élu...

Même sans élu, comment capitaliser le potentiel militant que notre inititive aura pu rassembler, sous quelles formes et dans quelle perspective ? Comment ne pas abandonner le travail de "terrain" réalisé spécifiquement sur la ville et comment l’articuler avec les autres activités de l’ANPAG ?

Peut-être sera-il nécessaire d’être attentif à ce que ne s’instaure pas, dans les faits, un partage des tâches entre ceux qui s’occuperaient de questions sectorielles et ceux qui s’intéresseraient aux problèmes politiques de portée générale.

Et si nous avons des élus .... La participation éventuelle d’élu(e)(s) de notre groupe, au conseil municipal, nous imposera collectivement des obligations nouvelles, dictées par des règles de transparence et de démocratie.

Comment préparer, avec nos élus, l’étude des problèmes municipaux auxquels ils seront confrontés, comment définir leur position lors des votes. Par quels moyens associer à cette démarche les habitants des quartiers, les associations ou les spécialistes de chacun des domaines concernant une municipalité ?

Par quels canaux rendre compte, à l’extérieur, des choix politiques qu’il auront opérés et du bilan de leurs activités ?

Les quelques remarques précédentes -sous forme interrogative- n’ont pas la prétention d’épuiser le sujet des municipales. Elles visent simplement à attirer l’attention, si nous faisons le choix de présenter des candidats, sur la nécessité d’une cohérence dans notre démarche.

Ce texte se veut une introduction à la discussion lors de notre prochaine Assemblée Générale. Les bons résultats que nous avons obtenus en 1995 nous imposent de réfléchir collectivement et attentivement à une position pour les prochaines élections municipales. Notre combat vise à la justice sociale et au développement durable, deux critères qui doivent nous guider dans chacune des décisions concrètes qui jalonnent le chemin des élections municipales, « avant comme après, avec ou sans élu, dans l’opposition comme dans une alliance majoritaire à gauche ».

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