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Pourquoi la fédération n’est pas sur une liste ?
Quelques éléments de réponse

20 mai 2009

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=760



Aujourd’hui certains s’interrogent sur la non participation de la Fédération à une liste pour les élections européennes . Nous sommes en particulier interpellé par des camarades qui voudraient comprendre pourquoi nous n’avons pas rallié le « Front de gauche PCF-PG  ».

Ces élections, venant après les mobilisations sur le traité constitutionnel et celui de Lisbonne, ne pouvaient, à notre sens, être traitées selon les méthodes partisanes traditionnelles :il était indispensable de fédérer l’ensemble des composantes politiques, sociales et associatives qui avaient fait le succès du non au référendum pour peser réellement sur le processus européen. Il était aussi indispensable de commencer à répondre à la gestion de la crise par les gouvernements et l’Union européenne : pour cela, il fallait fédérer les aspirations des mouvements sociaux sur une perspective d’alternative large.

Dès les première intervention publique de la fédération nous nous étions fixé cet objectif :« Nous agissons, ensemble, pour faire exister en vue des élections européennes de juin prochain, une unité de toutes les forces qui veulent une autre Europe et combattent ce qu’elle est ». et un moyen « la constitution de listes de large union des partisans d’une Europe sociale, démocratique et écologique, en rupture avec la domination des marchés financiers et la mondialisation libérale  ».

Nous n’avons pas varié dans cette attitude et proposé à diverses reprises des rencontres de tous les interlocuteurs pour aboutir. Le15 mars nous rappelions : « Nous ne voulons pas que la division s’installe à la gauche de la gauche... alors que le mouvement social est uni. Réaliser une campagne unitaire pour les élections européennes, c’est possible Nous demandons à Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon de ne pas jouer au jeu « pourquoi gagner ensemble quand on peut perdre chacun tout seul ». Pourquoi se contenter d’une lutte de classement entre les petits au lieu de porter une alternative ensemble ? Pour refuser la division, nous demandons qu’une rencontre ait lieu entre tous les courants de la gauche de transformation sociale ».

Position irréaliste ? Refus de choisir ?

Non, mais la conviction que l’évolution de la situation politique et sociale rendait chaque jour plus nécessaire et possible cette liste unitaire de toutes les forces de gauche, capables par ailleurs d’actions unitaires sur le terrain. Nous avons sous-estimé la rupture, ou du moins l’écart grandissant, entre mouvements sociaux et logique de représentation partidaire. Nous avons pensé, à tort, que la pression des acteurs des mouvements sociaux aurait raison des intérêts de boutiques.

Le NPA a d’abord cherché à mettre en avant des divergences de programme, puis a fait d’un front durable la condition d’une alliance. Cette exigence ne pouvait être pour nous un préalable, mais nous la partageons : il était indispensable de faire la démonstration que la liste unique n’est pas un cartel politique de circonstances mais le début du processus d’élaboration en commun d’une alternative. C’était aussi la position du Parti de Gauche.

Le refus du PCF de répondre là dessus ne peut qu’alimenter les suspicions sur des choix de tactique politicienne. Le PCF fournissait ainsi au NPA la possibilité de faire cavalier seul, et de se justifier. Dès lors le débat politique risque de ne se réduire qu’à un combat fratricide où chacun renvoie sur l’autre la responsabilité de l’échec de tous.

Dans cette situation, il fallait être à même de créer une vraie dynamique unitaire, rassemblant au delà des organisations politiques : c’est en cela que la participation -et les propositions- de la Fédération à la définition de la liste et de la campagne nous semblait important. Il fallait faire la démonstration que nous voulions autre chose que d’additionner des pourcentages pour faire un score sans lendemain. S’il ne s’agissait que de rajouter quelques noms à une liste l’intérêt pour tous est limité. S’il ne s’agit que de rajouter un sigle, ce n’est pas de nature à créer les conditions d’un rassemblement qui puisse faire bouger les lignes.

Quand nous avons rencontré le Parti de Gauche il est devenu évident que le PCF ne voulait pas de la fédération, non pas à cause de l’ACU, mais parce que nous proposions une dynamique insécurisante pour la direction du PCF. Au mieux aurait il accepté quelques «  personnalités » de nos rangs sans nous laisser la possibilité prendre toute notre place dans la campagne.

Une liste dans ces conditions est très loin des objectifs nécessaires, elle n’est pas de nature à peser réellement dans le débat européen et national. Elle ne pouvait qu’entretenir la division au moment même où il faut avancer dans l’unité des forces pour une alternative à gauche, pour préparer une réponse à la crise.

Mieux vaut dans ces conditions ne pas prendre parti nationalement dans cette compétition entre forces qui, dispersées, ne comptent pas vraiment dans la modification du champ politique ; surtout dans une échéance électorale où l’abstention risque d’être un mode d’expression de personnes qui ont fait la victoire du non et qui ne veulent pas choisir.

La fédération appelle à voter contre la droite (pour ne pas conforter un gouvernement massivement rejeté dans les luttes) et contre ceux qui ont apporté leur soutien au traité de Lisbonne ( pour signifier notre choix d’une autre Europe que celle d’aujourd’hui). Cela signifie des choix divers du soutien local à l’une des listes à une liberté de vote pour l’une ou l’autre des listes.

Ce qui nous importe c’est que cette échéance ne soit pas un facteur supplémentaire de division et que la bataille en commun pour l’alternative reprenne après cette « occasion manquée ».

Etienne Adam
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