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Lettre au Président de région sur le logement social

19 avril 2005

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=417



Monsieur le Président.

Depuis plus de 3 ans nous tentons de poser le problème de la crise du logement à Caen et plus largement dans l’agglomération caennaise. Nous avons la conviction qu’il faut se saisir rapidement de cette urgence sociale avant que les solutions ne deviennent impossibles à mettre en place

Nous avons des éléments sur la demande de logement telle qu’elle ressort des rapports faits au Conseil municipal de Caen par les représentants dans les organismes HLM : croissance des demandes en stock et particulièrement des demandes de longues durée, faiblesse du taux de vacance, démolitions de centaines de logements sans moyens de vérifier si le parc social et surtout très social est maintenu.

Nous savons par ce qui s’est passé dans d’autres villes et régions et en particulier dans la région parisienne que la rénovation ou le renouvellement urbain peut être une arme redoutable contre les pauvres quelles que soient les bonnes intentions de départ.

Nous avons constater la faiblesse d’un PLH qui laisse tranquille les communes sans logement social que la loi SRU voulait sanctionner au nom de la solidarité nationale, faiblesse aussi d’un PLH qui n’est pas à la hauteur des besoins en particulier pour une partie de la population qui se précarise et s’appauvrit.

Nous savons aussi qu’il ne suffit plus de faire du logement qui a formellement l’étiquette de logement social pour répondre à la demande de ceux qui déjà frappé par la perte de leur emploi n’ont plus les moyens d’un logement décent : il faudrait aujourd’hui débattre de quel logement social et pour qui (qui habite dans les logements des SA et qui dans ceux des offices publics, quels sont les niveaux de loyers).

Nous connaissons une hausse démentielle des loyers et des ventes de logement devenue un moyen de spéculation au détriment des possibilités de vie non seulement des plus pauvres mais aussi de ceux qu’on appelle profession intermédiaires de plus en plus condamnées à l’exil loin de leur lieu de travail. Si aujourd’hui les collectivités et les pouvoirs publics n’ont pas une stratégie pour y mettre fin, en ayant une politique de constitution de réserves foncières, une politique de construction qui s’appuie sur les offices publics, instruments d’action privilégiés, le coût des conséquences sociales, écologiques et politiques de ce déni du droit à l’emploi sera une charge énorme pour les collectivités territoriales ( mais aussi probablement pour les CAF qui supportent les coûts de la rénovation du patrimoine HLM au moment où pour la première fois la branche famille de la sécu est en déficit)

Il est de la responsabilité des élus d’apporter leur contribution à la lutte contre le mal logement, cause essentielle de l’exclusion sociale : aujourd’hui une femme peut être salariée à temps partiel imposé et ne pas pouvoir se payer un logement pour elle et ses enfants : voilà ce qui donne des cohabitations nuisibles à l’équilibre de ces familles. Aujourd’hui avec la précarisation de l’emploi la question du droit au logement devient un droit d’urgence.

Nous venons de voir que, dans une ville capitale riche, des gens (femmes, hommes et enfants) peuvent disparaître dans un hôtel qui leur sert de résidence habituelle faute de logement sociaux : nos élus locaux savent ils quelle est la réalité de ce type d’hébergement ici ?

Au niveau national la Fondation Abbé Pierre estime à 3 millions de personnes le nombre de personnes non ou très mal logées et à 5 millions celles en situation de réelle fragilité à court et moyen terme. Bien sûr ces chiffres sont des estimations mais sur la région ce sont près de 150 000 personnes qui seraient concernées !

La responsabilité d’élus de gauche est encore plus importante, il s’agit de la crédibilité de la gauche auprès de populations qui se détournent du politique asphyxiées qu’elles sont par la survie quotidienne.

C’est pourquoi nous vous demandons de saisir le Conseil économique et social pour un rapport sur le mal logement et la situation du logement social sur la région. Tous ceux qui travaillent sur cette question attendent depuis longtemps un tel rapport dans la ligne de ce que le CES national a fait sur le droit au logement.

Nous nous tenons à votre disposition pour toute contribution supplémentaire à ce sujet

Pour l’alternative citoyenne, la gauche autrement

E Adam

Etienne Adam
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