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Changer la politique pour changer la ville,
4 priorités, 14 propositions...

10 janvier 2008

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=554



Nous ne voulons pas faire comme les autres organisations politiques qui prétendent avoir réponse à tout et proposer un programme qui répond à cette prétention.

Nous ne inscrivons pas dans cette logique délégataire qui dépossède les citoyen(ne)s de leur capacité à agir pendant la durée du mandat. Ce que nous proposons ci dessous pour changer la ville, ce n’est pas « faites nous confiance on fera le reste » mais quelques propositions qui nous semble fondamentales pour engager un changement dans la ville et en particulier pour permettre aux habitants d’intervenir, d’être associés aux décisions.

Nous avons vu ce que signifie un programme limitatif et les promesses tenues de Brigitte Le Brethon : l’impossibilité de s’adapter aux demandes sociales qui « surgissent » en cours de mandat (ils ont poursuivi le programme de rénovation urbaine comme si la crise du logement n’existait pas), de s’adapter aux changements de la conjoncture (aucune ambition pour répondre à l’urgence écologique) et surtout ne tenir aucun compte de ce que disaient les habitants (le maire n’a toujours pas compris les critiques sur ses pistes cyclables pour prendre un sujet où même certains UMP peuvent comprendre).

Nous proposons donc ci-dessous des grandes orientations avec quelques mesures symboliques (14 propositions indiquées en gras) qui permettent aux habitant de se faire entendre sans verrouiller les propositions. Ce sont aussi des mesures faisables rapidement, qui peuvent être mises en oeuvre rapidement pour apporter des réponses concrètes aux préoccupation des caennaises et des caennais.

Logement, aménagement urbain

Il y a urgence à agir, des centaines de personnes sont dans des situations inacceptables ( sans logement ou mal logés), d’autres (des jeunes en particulier) sont contraints de s’exiler à des dizaines de kilomètres concourant ainsi à l’aggravation du désastre écologique.

Pendant ce temps là les propositions d’aménagements urbains chassent les pauvres et construisent une ville qui exclue une bonne partie des habitants, réservant la ville à l’usage des plus privilégiés.

Les mal logés ne peuvent attendre des années l’effet de mesures de fond nécessaires qui se situent sur le moyen terme (maîtrise du foncier avec l’utilisation du droit de préemption, construction de logement sociaux..) pendant que la spéculation continue avec comme par exemple les ventes de terrains publics à des promoteurs, le prêt à taux 0 ...

Il faut mettre fin immédiatement à ces politiques et créer un service municipal ( ou intercommunal si accord d’autres communes) du logement(1) qui permette d’exercer tout de suite le droit de réquisition(1) des locaux et logements vides (500 sur Caen depuis plus de 5 ans) prévus par les textes de 1945.

Ce service doit travailler avec un observatoire des besoins de logement(2) qui associe outre des élus et les services concernés, des syndicats, des associations et des travailleurs sociaux qui souhaitent agir sur ce terrain. Cet organisme consultatif mais de contrôle populaire sera un interlocuteur auquel pourront s’adresser ceux qui ont des problèmes de logement.

En matière d’aménagement urbain, mise en place «  d’ateliers populaires d’urbanisme (3) », dotés de moyens d’expertise ou technique dans les quartiers, en liaison avec les conseils de quartiers, pour que les programmes d’aménagement urbains soient décidés avec les habitants.

Une fédération de ces ateliers(3) pourrait constituer une commission extra municipale pour les décisions inter quartiers ou concernant toute la ville. L’avis de cette fédération- commission centrale sera obligatoire avant les décisions du conseil.

Une fédération plus large pourrait être négociée au niveau de l’agglomération.

Rendre la maîtrise de la ville aux habitants, jouer la transparence contre le tout pouvoir des experts des financiers et des entreprises voilà notre logique.

Face à la crise écologique les villes doivent rapidement prendre leurs responsabilités

Personne ne peut se réfugier derrière l’inaction des autres devant la destruction de la planète pour ne rien faire.

Il appartient aux villes de prendre des mesures fortes de protection de l’environnent et de contraindre ainsi l’Etat à aller plus loin que l’agitation médiatique.

Nous prenons l’engagement de mettre en place avec d’autres collectivités locales qui partagent les mêmes orientations des outils communs (bureaux d’études, instituts de recherche)(4) pour aller plus loin dans des propositions d’actions concrètes et ceci dès le début du mandat pour aboutir rapidement à des propositions opérationnelles.

Nous proposons de prendre la décision et les moyens du retour de l’eau en régie municipale(5) et la reconstitution d’un service public municipal ou intercommunal de l’eau qui reprendra la gestion de ce bien commun et faire tendanciellement baisser les prix.

Outre la distribution, ce service pourrait prendre des mesures pour améliorer la qualité de l’eau par des accords visant à promouvoir l’agriculture biologique plus respectueuse de la ressource.

Il faut changer le système actuel de tarification de l’eau(6) en proposant de rendre gratuits les m3 indispensables aux besoins élémentaires des particuliers et en rendant progressif le coût de l’eau (alors qu’aujourd’hui c’est moins cher pour les gros consommateurs) pour combattre le gaspillage. Par ailleurs il pourrait être prévu des aides à la récupération de l’eau pour des usages qui ne nécessitent pas de l’eau potable.

En matière de transports se donner les moyens de limiter la voiture individuelle comme moyen de déplacement urbain. Ceci passe par l’abandon de ce qui favorise l’usage de la voiture individuelle (nouveaux parkings en centre ville), privilégier le stationnement de résidence sur le stationnement de déplacement.

Mais il faut rendre encore plus pratique le transport en commun et les différentes formes de transports collectifs(7).

Les infrastructures classiques de transport collectif avec l’inscription rapide dans une ligne de tram pour bénéficier des crédits d’Etat, mais aussi des bus sur voie réservée mais aussi des nouvelles formes de déplacement plus économes en énergie l’usage favorisé du vélo par un véritable plan de pistes cyclables protégées et continues en prenant sur le domaine de l’auto.

On peut aussi envisager une politique d’incitation au co-voiturage.

Pour permettre un maillage plus serré et plus a même de répondre aux besoins des personnes privées d’auto pourquoi pas mettre en place une coopérative d’insertion de taxis collectifs pour offrir de l’emploi, subventionnée comme Twisto en attendant la création d’une régie de transport public seul outil capable de répondre écologiquement et socialement aux problèmes des déplacements urbains.

Les économies d’énergie(8) sont une priorité qu’il faut mettre en oeuvre rapidement : toutes les opérations de constructions de logement en particulier sociaux sont faites ou prévue sans critère de qualité environnementale, la mairie se contente d’une maison écologique témoin.

Il faut aider les offices HLM à financer l’isolation des logement, des nouvelles formes d’énergies (chauffe-eau solaires , chauffage bois par exemple...) et cela dès les prochaines opérations.

Il faut porter dans la délivrance des permis de construire un attention soutenue au exigences dans ce domaine.

Bien évidemment les bâtiments publics seront soumis à la même démarche.

Solidarité.

On ne peut pas attendre d’une politique municipale, même au niveau de l’agglo, de répondre à l’urgence sociale dans son ensemble. Pourtant là dessus aussi les villes peuvent engager une dynamique de changement et de mobilisation des habitants par des solidarité de proximité.

Les villes peuvent agir pour lutter contre la précarisation de segments du marche du travail(9) : il y a tout d’abord les clauses sociales sur les appels d’offre des marchés publics surtout si une coordination se fait dans ce domaine entre un grand nombre de villes. La mise en place d’un service municipal d’aide à domicile pour les personnes âgées et handicapées peut combattre l’extrême précarisation créée par la loi Borloo qui vise à créer le maximum d’emploi de salariées pauvres dans ce secteur et ceci au détriment de la qualité de vie des salariées et des usagers : il est temps de requalifier ces types d’emplois ; là encore des coopération intercommunales peuvent apporter un plus.

Il faut rendre les services publics aux usagers comme outil d’égalité et de solidarité.

Là encore il faut faire confiance à l’intelligence de ceux ci et des salariés qui veulent du sens à leur travail. Il faut mettre en place une commission consultative des services publics locaux(10) qui donne la plus grande place à celles et ceux qui y contribuent ou qui l’utilisent.

Enfin la ville doit reconnaître que les chômeurs ont des droits et qu’il faut les sortir de la position de coupables dans laquelle la politique de gestion sarkozyste veut les enfermer.

Il faut leur donner des moyens de garder , de reconquérir leur dignité : une maison des chômeurs(11), une place pour leurs associations dans ce qui concerne l’insertion par exemple, le soutien à des initiatives comme les régies de quartiers ou des formes d’économie sociale ou coopérative devraient être mis en place.

La culture n’est pas réductible à une activité marchande, ou de promotion publicitaire de la ville, elle est un élément central de la vie commune de la ville. La sauvegarde d’activités culturelles est une tâche aussi de solidarité(12) vis à vis de tous ceux qui ont le droit de bénéficier d’activités culturelles mais aussi vis à vis de ceux qui sont précarisés et exclus de leur métier culturel. Les choix doivent intégrer ces priorités.

Démocratie

C’est aussi au niveau de la ville que peut se renouer des liens entre les citoyens qui se sont éloignés, qui ont perdu confiance et le politique.

Pour cela il faut laisser la porte ouverte à la participation. Nous avons déjà évoqué des propositions qui permettent aux gens de s’exprimer de se rapproprier du pouvoir sur leur vie sur leur ville.

Nous ne nous faisons pas d’illusion,cette participation ne sera pas massive dès les premiers temps, il faut reconstruire une culture de la démocratie possible après des années d’’expropriation des citoyens par les experts et les professionnels.

Il faut ouvrir l’exercice du pouvoir donner à ceux qui le souhaitent le droit de faire irruption dans le débat décisionnel,et ne pas avoir peur de perdre du temps et de l’efficacité immédiate.

Nous proposons de revoir le fonctionnement des conseils de quartiers(13) pour leur donner des moyens d’être autonomes par rapport à l’exécutif municipal : défini sur des quartiers plus définis (Grâce de Dieu, Guérinière, Chemin Vert) siégeant en public sur les lieux mêmes de leur compétence, maîtres de leur ordre du jour, bénéficiant de personnel municipal ... nous avons dans la critique des conseils de la droite défini un projet.

Il reste à leur donner des pouvoirs à travers des budgets participatifs et se donner l’obligation de les consulter y compris sur des sujets tel que l’usage du foncier, les constructions... et bien sur les transports.

En complément, la démocratie représentative doit aussi fonctionner autrement dans la transparence pour se rapprocher des habitants(14).

Nous avons parlé plus haut de l’avis obligatoire de certaines commissions qui implique de leur soumettre les délibérations du conseil et de faire au conseil un rapport sur les débats de commission, mais toute délibération doit être accessible à tous avant le conseil (un effort d’information devra être fait pour rendre les contenus accessibles).

Les commissions municipales devraient être ouvertes et publiques : une municipalité ne doit pas avoir de secret pour ses mandants.

Voilà ce qu’une gauche qui veut répondre à la gestion antérieure et au sarkozysme ambiant doit avancer, elle doit aussi susciter des contributions, des propositions parce qu’elle ne veut pas avoir le monopole exclusif du débat public.

Seule des propositions offensives marquant une vraie rupture avec la gestion réactionnaire et autoritaire dont sont responsables tous ceux qui ont participé à la majorité actuelle, peut entraîner une dynamique populaire qui mette fin à l’emprise étouffante de la droite sur cette ville.

Etienne Adam
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