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Deux Europe face à face

29 novembre 2010

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=1014



La manifestation contre la soumission au décideurs financiers et européens à Dublin samedi après midi et la votation suisse de dimanche dessinent clairement les 2 voies qui s’offre aux pays d’Europe :démocratie sociale ou barbarie xénophobe.

Take it down from the mast, irish traitors... [1]

En prenant la décision « d’appeler à l’aide » l’UE et le FMI, le gouvernement irlandais se livre à une véritable « guerre civile sociale  » contre son propre peuple. C’est ce dernier, et surtout les plus pauvres, qui vont payer les sommes nécessaires à assurer le paiement le remboursement du aux grandes banques européennes et britanniques.

Ce sont en effet ces dernières qui refusent d’assumer leurs co-responsabiltés avec les banques irlandaises dans les politiques spéculatives suivies. Nous nous trouvons dans le même cas que l’Islande l’année dernière : il faut éviter que les actionnaires britanniques ou autres ne soient perdants, parce que cela remettrait en cause le capitalisme rentier.

Voilà pourquoi l’UE prête à l’Irlande (à un taux de 5,8%) ce qui doit rentrer dans les caisses de ses banques. Tant pis si ce « prêt généreux » présenté par les médias comme un sauvetage de ces diables d’irlandais qui ne sont certes pas aussi truands que les grecs mais qui vivaient eux aussi au dessus de leurs moyens [2].

Dans les réactions du peuple irlandais il y une double dimension, d’abord celle du refus de cette austérité sauvage qui laisse intacts les privilégiés ( le taux d’imposition des entreprises reste le plus bas d’Europe grâce au chantage des multinationales) et ampute allocations et salaire minimum...

L’injustice de telles mesures est une dimension forte des mobilisations parmi les plus importantes en Irlande.

Mais il est une autre dimension qui est trop souvent déformée par les médias européens, celle de la démocratie.

Certes elle prend la forme de la revendication de souveraineté nationale, c’est pourquoi Cowen et sa bande sont qualifiés de traîtres. Un éditorial de l’Irish Times se demande me pourquoi les insurgés de 1916 se sont sacrifiés pour l’indépendance de l’Irlande. Il faut se souvenir que au début du Xxème siécle l’Irlande était encore une colonie britannique, qu’une partie du pays est encore sous domination britannique. Voilà pourquoi il y a une telle sensibilité à la souveraineté nationale durement acquise.

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Ils ont résisté en 1916

Ce qui est en cause c’est la capacité de décider soi même. Il est reproché aux dirigeants irlandais de transférer ces décisions et ces choix aux fonctionnaires de l’UE et à ceux des institutions internationales. Il leur est aussi reproché de vouloir faire voter par le parlement le budget et les mesures d’austérité avant le renouvellement de celui ci (prévu en janvier) pour qu’une nouvelle majorité ne puisse pas changer de politique. Voilà une curieuse conception du fonctionnement démocratique ! Voilà ce qui radicalise brutalement le débat politique et social en Irlande et qui créé un espoir .

Et la Suisse ?

Apparemment tout va bien, c’est un pays où le référendum d’initiative populaire permet au peuple de contrôler la politique suivi et de peser sur les choix.

C’est pourtant un référendum de ce type qui débouche aujourd’hui sur une décision discriminatoire, raciste et xénophobe quelque mois après une autre votation du même type qui bloquait la construction de mosquées.

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Dans ce charmant pays, si hospitalier aux évadés fiscaux et autres escrocs de la finance, le parti d’extrême-droite représente 28.9% des suffrages et a 55 députés sur 200 au parlement : il se situe bien devant l’Autriche la Hongrie et les Pays Bas.

Son succès n’est donc pas une nouveauté, il s’agit bien d’un ancrage populaire de l’extrême droite. Ce qui est inquiétant dans le vote de dimanche , c’est que les thèses racistes de l’extrême droite trouvent un écho beaucoup plus large dans la population puisque la proposition de l’UDC a été acceptée par une majorité des votants.

Dans le même temps les suisses refusaient d’augmenter les impôts des riches et de mettre fin au dumping fiscal entre les cantons.

Déjà droite et extrême droite se préparent à une campagne contre un référendum sur l’interdiction des armes avec des arguments proche des Tea Party et d national Rifle Association au USA . Tout ceci risque fort de conduire à un renforcement de l’UDC qui pourrait accéder au pouvoir après les prochaines élections législatives.

Nous aurions donc rapidement- l’année prochaine- un nouveau pays d’Europe où l’extrême droite accédera au pouvoir.

Cette accession ne pourra que conforter la solution d’une alliance droite et extrême droite dans les autres pays ( il faut déjà se rappeler que 8 pays d’Europe donnent entre 10,7 et 28,6% à celle ci).

Dans tous les cas l’extrême droite s’appuie sur l’insécurité sociale et ses partis deviennent de plu en plus national sociaux en essayant d’apporter leurs réponses aux couches populaires touchées par la crise et la mondialisation, réponse qui ne mettent pas en cause la logique de la financiarisation comme le montrent les votes suisses : pour les riches me étrangers et mafieux, contre les pauvres et les plus précaires des étrangers.

Heureusement les irlandais après les islandais, les grecs et les portugais, en ciblant la responsabilité de la finance, et des institutions à son service, ouvrent une autre voie démocratique et sociale mais ceci suppose des choix radicaux distincts des sociaux-libéraux du Portugal, de Grèce ou du FMI

Etienne Adam


[1] enlevez le du mât traitres irlandais ...c’est le drapeau républicain :chant nationaliste dénonçant l’attitude de ceux qui acceptèrent la partition de l’Irlande et se sont soumis aux décisions anglaises de 1921

[2] avec l’argent des aides européennes disent les lecteurs du Monde ou de Libé qui se réjouissent de voir les irlandais subir cette violence

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