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La politique est dans l’assiette

16 octobre 1999



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=39



Les terreurs alimentaires viennent de faire leur apparition sur la scène politique. Poulet au Coca-Cola, alimentation animale frelatée, vente de vaches tuberculeuses, traffics transfrontaliers, et en cerise sur le gâteau les OGM... chaque jour apporte son lot de nouvelles alarmantes. Face à ce désordre qui est le strict produit du libéralisme, de la soif de profit des transnationales de l’agro-industrie, les rispostes restent largement en dessous des besoins des populations, en Europe et dans l’ensemble du monde.

Alors que le problème est grave et met en cause tout le mode de production des aliments, les gouvernants en accord avec les syndicats corporatistes de la paysannerie productiviste ne recherchent des « solutions » que dans la « communication ». C’est devenu le nouveau leitmotiv des pouvoirs : « informer le consommateur ».

Informer, assurer la « traçabilité » des produits alimentaires c’est utile, mais c’est loin d’être suffisant. C’est un emplâtre sur une jambe de bois, car c’est tout le système qui cloche. En se défaussant sur le « consommateur » de ses responsabilités dans le suivi de la santé publique et la répression des fraudes, l’Etat ne remplit pas sa mission de protection du citoyen. C’est encore plus vrai pour les plus menacés d’entre-eux, les pauvres. Que change l’information sur l’étiquette quand on n’a pas les moyens de s’acheter les produits sains ? Quelle garantie a-t-on que les cantines, les restaurants collectifs... ne donnent pas à nos enfants des produits frelatés achetés à bas prix pour respecter la sacro-sainte règle de la « baisse des impôts » ?

Il y a une véritable réflexion à développer conjointement entre les consommateurs, les paysans qui refusent le productivisme, les associations de chômeurs, les organismes de santé publique et les acteurs politiques.

La politique est dans l’assiette, et l’ouverture en novembre 1999 du nouveau « round » de négociation de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) va plus encore le montrer. Défendre l’emploi à la campagne et le droit à une vie saine sont deux faces d’une même résistance au libéralisme qui a montré dans le domaine agro-alimentaire jusqu’où pouvait mener la recherche du profit absolu. La mise en avant du respect de la vie, la prise de conscience de la fragilité de l’existence humaine et des besoins d’un développement durable sont à l’ordre du jour. C’est en osant réfléchir à une autre organisation du monde que l’on pourra garantir la sécurité alimentaire. Sécurité des peuples dans l’autonomie de leur production de nourriture, et sécurité de chaque consommateur en imposant des règles de qualité aux aliments. Une vrai bataille au coeur de la reconstruction de la gauche antilibérale.

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