Grandes surfaces ou logements ?
Intervention au conseil du 22octobre 2007 sur l’extension du centre commercial Carrefour Côte de Nacre.

25 octobre 2007

par Etienne Adam

La délibération propose l’extension de 12000m2 de Carrefour et de 10000m2 du centre commercial avec travaux et parkings (1000 places de plus)

Il me semblait que vous aviez pour ce secteur d’autres projets et que vous n’étiez pas favorable à une telle extension.

Car contrairement à ce que vous avez dit tout à l’heure c’est bien d’une extension qu’il s’agit ( c’est d’ailleurs dans le tire de la délibération) et non comme on veut nous le faire croire maintenant d’une simple rénovation.

Je voterai contre cette délibération pour trois raisons, comme ma voisine, mais pas tout à fait les mêmes.

Le première a déjà été évoquée mais j’y reviens. Pourquoi ce choix de favoriser la grande distribution dans l’aménagement urbain ?

Vous avez évoqué tout à l’heure les travaux de la commission de la libération de la croissance française : Attali l’ancien sherpa de Mitterand devenu pousseur de caddies pour la grande distribution voit dans le développement des grandes surfaces une solution aux problèmes de pouvoir d’achat dont souffre bon nombre de nos concitoyens. Faute de vouloir se poser le problème de la nécessaire augmentation des salaires, on attend de la grande distribution une baisse des prix (mais à quel prix pour l’emploi chez les producteurs ?) . Ce raisonnement est inacceptable, est il le votre ?

Il y a une contradiction à soutenir aujourd’hui l’agrandissement d’une grande surface quand ce mode de distribution fait l’objet d’une remise en cause pour ses effets sur les consommateurs et l’aménagement urbain. Est ce projeter dans l’avenir que de soutenir une forme de commerce qui devient obsolète ?

De plus avez vous mesurer les impacts de ce développement sur l’ensemble du secteur commercial et en particulier sur l’emploi ? Nous savons tous que ce type d’entreprise génère des emplois précaires ou à temps partiel voire très partiel qui font les salariées pauvres. La encore, est ce cela que la collectivité publique doit soutenir ?

La deuxième raison tient à la localisation de cette grande surface là sur cet espace là. Avez vous mesuré les conséquences sur la circulation dans un secteur qui avec le CHU, l’entrée Nord, la zone d’activité connaît déjà des difficultés considérables.

Votre intervention tout à l’heure en évoquant la présence du tram à proximité traduit votre volonté de nier le problème : le tram ne sera que marginalement un moyen d’accès au nouveau centre.

Par contre, l’extension du centre appelle de nouveaux clients et le quasi doublement des parkings appellent une circulation supplémentaire de véhicules individuels. le système même de la grande surface repose sur l’usage de la voiture individuelle et non du transport en commun. cette présence accrue de la voiture vous la reconnaissez vous-même en ordonnant de nouveaux travaux de voirie.

Le moment est largement venu de promouvoir d’autres choix en matière de transports, vers les transports collectifs moins gourmands en énergie : là encore vous allez à contre courant. Vous n’êtes pas capables de résister au chantage à l’emploi de Carrefour et prenez comme argent comptant les arguments comme "on ne peut pas faire autrement que se développer ou partir de là".

Troisième raison : même si l’ensemble des surfaces au sol ( qui représentent tout de même au bas mot 30000 m2 !) ne sont peut être pas toutes et totalement utilisables pour d’autres usages, je pense que vous avez fait là un choix celui de privilégier ce type d’activité commerciale par rapport au logement.

Et ceci alors que les réserves foncière de la ville se réduisent, que le foncier utilisable sur Caen pour construire des logements n’est pas à négliger vous avez rendu là un arbitrage qui traduit bien votre sous estimation de l’urgence sociale en matière de logement. Mais ce n’est pas une réponse non plus à la perte de population que subit notre ville.

Là encore vous faite un choix de gestion de l’aménagement urbain qui est à la fois libéral et dépassé.