Retour au format normal


Oui, il faut une liste unitaire !
Reprendre le débat

13 janvier 2009

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=682



Nous sommes revenus à plusieurs reprises, sur la dynamique insuffisante de l’appel pour une liste unitaire aux européennes : que ce soit l’appel national ou le local nous sommes bien loin de ce que nous pourrions faire.

Hormis la période actuelle qui incite à un certain attentisme, où le temps politique semble suspendu avant le 29 janvier, le débat a mis en évidence des remarques, réticences, oppositions qui se manifestent dans les discussions autour de cet appel.

Ce texte a pour but de revenir sur les problèmes soulevés pour faire de la signature de cet appel l’enjeu d’un débat politique. Analyser la situation présente plutôt que d’en rester à des considérations abstraites nous semble la meilleure manière de faire avancer la discussion sur ce sujet.

Pour certains il y aurait un épuisement de la forme pétition. Suite à divers échecs, certains ne croient plus à l’utilité de ce moyen.

Sans aller au bout de ce débat ( pétition citoyenne, actions sur internet...) il est d’ores et déjà utile de faire remarquer aux sceptiques que diverses pétitions ont imposé au gouvernement des reculs sensibles (de « pas de zéro de conduite » à celle d’aujourd’hui sur la psychiatrie). Nous pensons organiser une séance de l’université politique autour de ces questions et de l’utilisation d’internet en particulier. Si nous ne voulons pas enfermer la dynamique unitaire dans le cadre d’un cartel d’organisations, nous devons valoriser les formes d’association et de consultation de militant(e)s, de citoyen(ne)s qui restent en dehors de organisations traditionnelles et la forme signature d’appels est une forme mobilisable en dehors des appareils. Nous n’avons pas intérêt à ce que ce mode d’expression disparaisse.

Pour d’autres nous perdons notre temps dans les échéances électorales...

Nous l’avons dit depuis longtemps, le cadre électoral ne nous favorise pas, au contraire. De plus l’activité politique pour nous ne ses résume pas à la participation aux élections.

Mais parallèlement nous mettons l’accent aussi sur la crise de la représentation politique et sur l’utilité de faire perdurer cette crise en réduisant la représentativité même électorale des bipartisans (UMP et PS).

Depuis 2002, le bipartisme tente de se redonner une légitimation par les urnes et de ce point de vue les dernières élections présidentielles ont été un succès, les autres échéance un peu moins...les européennes peuvent voir les « grands partis » minorisés autour de 20%. En particulier, l’autre gauche peut rivaliser avec le score du PS : quand on se bat contre l’hégémonie du PS est ce négligeable ?

...surtout dans cette échéance là, loin des gens, et pour renforcer une Europe que nous condamnons.

Ceci passe sous silence l’événement politique de ce dernières années, la victoire du non au référendum et le vote non majoritaire dans la gauche en 2005. Il ne s’agit pas de fétichiser une gauche du non mais remarquons que sur ce terrain notre gauche fait montre d’une singulière capacité à proposer des changements et à « gouverner » ( voir la contribution de Roger Martelli dans Politis qui fait suite au 4pages du collectif pour une autre Europe suite aux élaboration menées par la fondation Copernic ATTAC et d’autre encore...) à faire de la politique avec les mouvements sociaux.

Nous avons une responsabilité européenne de participer-contribuer avec les autres forces en Europe à renforcer au sein du parlement européen un groupe pour une autre Europe : des faits récents montrent que ceci n’est pas totalement inutile. Au moment même où le peuple palestinien subit l’agression criminelle, devons nous faire la fine bouche et refuser de constituer une liste clairement antiimpérialiste ?

L’urgence c’est de constituer un front de résistance contre Sarkozy et de construire un projet alternatif radical, les compromis électoraux ne peuvent qu’obscurcir cet objectif.

Nous, forces politiques mouvements sociaux et associatifs, avons aujourd’hui entre les mains des outils programatiques, des analyses des propositions qui nous distinguent du social-libéralisme. Nous avons les moyens de faire apparaître un autre camp dans sa diversité assumée.

Ne pas le faire, dans cette échéance électorale là, c’est laisser à la gauche molle l’entier bénéfice de l’opposition a Sarkozy. C’est dire à tous que nous ne sommes pas une force qui peut (veut ?) peser dans le débat politique, et laisser toute la place au PS.

C’est à la fois affaiblir le front de résistance en laissant la division absurde mouvement sociaux et politique, mais aussi affaiblir la construction d’un projet puisque pour beaucoup nous nous autolimiterons dans notre ambition transformatrice en refusant de se poser la question du pouvoir.

C’est dans le débat public, et les échéances électorales malgré toutes leurs limites sont une occasion de ce débat public, que nous pourrons affronter ce que nous disons aux autres, à condition de ne pas faire des élection un simple moment de témoignage.

Les organisations politiques ont fait preuve d’un tel point de vue de boutique qu’il n’est pas envisageable de les faire changer.

L’expérience de ces dernières année semble donner raison à celles et ceux qui disent cela, nous avons vu fin 2006 le PC préféré s’autodétruire à un accord qui ne lui faisant pas toute la place, pendant que la LCR jouait le splendide isolement pour gagner 2%.

Qu’y a-t-il de changé ?

-  d’abord la victoire de Sarkozy, la décrépitude du PS et la résistance, c’est à dire un champ politique et social qui s’est modifié et qui donne à la gauche des responsabilités accrues : prendre le risque de laisser gagner Sarkozy était une chose ( le PS était le premier « coupable » de cette victoire), ne pas répondre aujourd’hui à la demande de ceux qui le subissent en est une autre (une attente existe désormais vis à vis de la gauche antilibérale).
-  Le caractère particulier de ces élections : ni élections nationales, ni élections locales elles permettent à des courants minoritaires d’exister mais à condition de pouvoir prétendre à un certain niveau, le pourcentage pour avoir des élus oblige à des alliances.
-  Le débat interne des partis existants est loin d’être clos même et des aspirations unitaires se maintiennent dans et hors les organisations ce d’autant plus que les éléments d’un programme commun sur l’Europe existe qui rend inexplicable des listes séparées qui défendraient la même chose.

Le décalage entre l’unité dans les luttes (et la déclaration commune sur le 29 est une bonne nouvelle) et l’impossible unité électorale va être de plus en plus difficile à justifier.

Nous avons à continuer la bataille pour l’unité en continuant obstinément à proposer la signature de l’appel comme moyen de peser sur la situation et de débattre de ce qu’il faut faire dans moins de 6 mois. Dans une situation concrète, on ne peut se contenter de déclarations de principe, il faut approfondir l’analyse de la période

Etienne Adam
Retour au format normal