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L’égalité d’abord !

L’égalité d’abord !

 

Cher(e) ami(e),

Avec des ami(e)s, engagé(e)s de longue date sur le terrain de la lutte contre le racisme et pour l’égalité effective des droits pour tou(te)s, nous avons estimé que les échéances électorales à venir (présidentielles, législatives, municipales, etc.) devraient être le moment cardinal pour une égalité politique et une réelle représentativité de la diversité dans l’espace politique sur la base de l’engagement, de la compétence et de l’expérience. Pour ce faire, nous avons estimé, à l’aune des expériences passées et des promesses non tenues, que la création d’un rapport de force citoyen exigeant et constructif est désormais incontournable.

L’objet de notre démarche est de soutenir tous ceux et celles qui, à l’intérieur des partis politiques ou à l’extérieur, se battent pour l’égalité politique, l’instauration de la citoyenneté de résidence (droit de votre et d’éligibilité des étrangers extracommunautaires), l’abrogation des lois favorisant les discriminantes, les stigmatisations et les humiliations, la reconnaissance et le partage de l’ensemble des mémoires de toutes les populations vivant sur notre sol.

Nous avons décidé de créer un mouvement civique pour porter ces revendications. Après plusieurs semaines de réflexions, nous avons convenu de sceller cette démarche politique sur la base du texte fondateur ci-joint.

Nous envisageons de rendre public ce mouvement dans la première quinzaine de septembre 2006 par une conférence de presse, vraisemblablement à l’Assemblée nationale, avec un événement public, symbolique, qui pourrait accompagner ce lancement. Nous souhaitons, sur la base de cet appel, recueillir des signatures de personnalité représentatives.

Connaissant votre engagement et votre attachement aux valeurs que nous voulons enraciner dans le quotidien, je vous propose de faire partie des premiers signataires. A cette fin, je vous serai reconnaissant de nous confirmer votre signature rapidement.

· Par mail : abdelmajid.guelmami@wanadoo.fr

Restant à votre disposition. Pour le collectif, Mouloud Aounit et Abdelmajid Guelmami

Signature à l’appel Egalité d’abord

NOM : ................................................PRÉNOM : ......................................

QUALITE : ....................................... DEPARTEMENT ..........................

COURRIEL : ................................................................................................

TEL : ....................................................PORTABLE : ...................................

L’égalité d’abord !

Aux lendemains du second tour des présidentielles de 2002, le sursaut d’indignation populaire contre la percée électorale du candidat de la haine a fait renaître pour des millions de manifestants l’espoir d’une société pétrie d’égalité, de solidarité, de fraternité, d’humanité. Cet évènement politique devait tenir lieu d’un acte de refondation politique de la citoyenneté, de la démocratie et de l’universalité des droits. Or, depuis, il n’en fut rien. L’état des débats politiques ne fait au contraire qu’empirer. Et comme si le « choc du 21 avril » n’avait jamais eu lieu, les thèses racistes, révisionnistes, discriminatoires et culturalistes font tache d’huile sur l’échiquier politique et - en débordant la seule surface politique de l’extrême droite - se découvrent une deuxième vie dans les mesures gouvernementales et la législation.

A la fracture sociale, les forces du conservatisme veulent surajouter une fracture ethnique en vue de blinder les séparations et soumettre les quartiers populaires à des traitements particularistes de ségrégation. Cependant que d’autres acteurs de la vie politique, dans les rangs progressistes, considèrent comme un simple mauvais fonctionnement passager de la République ce qui ressemble davantage à une mise à mort politique, sociale et culturelle d’une composante de la population.

La démocratie n’est pas un supplice à infliger aux minorités

Depuis maintenant plus d’un quart de siècle, les campagnes électorales deviennent un autel sur lequel sont sacrifiés à chaque fois des boucs émissaires pour purger une République qui ne saurait, nous-dit on, s’accommoder de la richesse des singularités et du respect des diversités.

D’élections en élections, des protagonistes de l’exclusion invoquent le triptyque de la peur : Insécurité, Immigration, Islam (les « trois I »). Ils arrivent à l’imposer comme le cadre de référence unique du débat électoral au-delà duquel il n’y aurait point de « salut républicain » possible.

Les prochaines échéances électorales vont marquer un tournant historique décisif. D’un côté, nous voyons s’installer à l’horizon les surenchérisseurs de l’extrême droite qui agitent comme jamais les ressorts de la haine de l’altérité. D’un autre côté, nous relevons l’entrée en « compétition » de partis politiques rivalisant de promesses à l’attention des minorités sur leur représentation. Certes, il s’agit en soi d’une bonne intention qui s’offre à une société en mal d’égalité. Mais, faisons attention, cette chance risquerait de tourner si d’aventure ces partis politiques se mettaient à considérer que le système politique a besoin seulement de quelques représentants « colorés » triés avec soin pour faire croire qu’il n’existe aucun problème de discrimination, que tout va pour le mieux dans le pays. Il est temps de donner aux minorités la possibilité d’exprimer au pays leurs véritables aspirations et de réaliser leurs ambitions légitimes à l’égalité et au respect de leur dignité en évitant la gadgétisation.

La France n’en sortira que gagnante de cette diversité prometteuse et ouverte vers l’avenir.

Au lieu d’être l’arène où des politiques stigmatisent périodiquement les minorités au nom de la majorité, les élections doivent redevenir un grand moment de débat politique où la société s’interroge sur son pluralisme qui tarde à venir, son respect de la dignité des personnes, des collectivités d’appartenances et des différences, se préoccupe de l’efficacité de ses systèmes de solidarité, prépare l’avenir de ses enfants, de tous les enfants.

Prendre en main son destin, celui de toute la société

Même si le débat sur les discriminations a progressivement supplanté celui sur l’intégration, en France, nous sommes encore loin du compte. Dans le meilleur des cas, les promesses d’ouverture du « système » aux français de toutes origines sociales et culturelles se sont généralement réduites à des gestes symboliques et épisodiques donnant bonne conscience « républicaine » à leurs initiateurs. Aujourd’hui, l’antiracisme médiatique et folklorique, coupé des réalités, montre son inutilité sociale. Il ne s’agit donc nullement pour nous de quémander des quotas ethniques ou communautaires. L’égalité est une et indivisible.

Il y a une exigence pour les institutions de la République de mener, avec obligation de résultat, la lutte contre le racisme et les discriminations et pour la promotion de l’égalité réelle au bénéfice de la société française. Si, aujourd’hui, nous interpellons toute la société, c’est parce que nous comptons favoriser une démarche alternative et rassembleuse permettant de créer les conditions du dépassement des blocages institutionnels et politiques au regard de l’exigence d’égalité réelle comme fondement premier de la liberté.

Notre exigence d’égalité et de respect de la dignité humaine et notre attachement à une conception universaliste de la citoyenneté et de la démocratie nous conduisent à appeler tous les citoyens français et les résidents sur le territoire à lancer un mouvement civique qui s’approprie la question de l’égalité politique et la représentation des minorités et développe une dynamique d’intervention citoyenne directe de portée nationale dans les débats politiques lors des campagnes électorales des présidentielles, législatives, municipales, cantonales, régionales et européennes.

Désormais, il est urgent de répondre au vrai problème de déficit de représentativité au sein de nos institutions et d’assurer concrètement la prise en compte de la diversité de la société à toutes les élections sur la base de l’engagement, de la compétence et de l’expérience. Il faut faire en sorte que tous les lieux de pouvoirs et de décisions soient aux couleurs des habitants de la France et représentatifs sans distinction de sexe, de genre et d’orientation sexuelle.

Nous voulons être porteurs d’exigences pour contribuer à libérer la société

N’est-il pas temps de renverser la logique de régression citoyenne et démocratique et de rompre avec le cloisonnement des luttes, des revendications et des populations !

Pour marquer la rupture avec le passé et inaugurer une politique alternative de raffermissement des droits, il est nécessaire d’abroger rapidement toutes les dispositions législatives qui criminalisent l’immigration et favorisent l’exclusion, la stigmatisation et le recul des droits fondamentaux.

Il convient de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour que les lois communes de la République, notamment en matière de statut personnel, s’appliquent à toutes et tous et aux bi-nationaux et que les conventions bilatérales en matière de droit de la famille soient protectrices pour les droits des femmes. Il ne saurait y avoir d’égalité entre hommes et femmes sans un traitement égal pour toutes les femmes.

Il est urgent d’abolir l’ensemble des lois pénales d’inspiration sécuritaire et répressive qui ont établi au sein de la police et de la justice des processus discriminatoires systémiques à l’encontre des jeunes, des habitants des quartiers, des populations issues de l’immigration. Il est également urgent d’abroger les lois qui ont instauré les contrôles au faciès et légitimé les bavures policières et les emprisonnements arbitraires, d’en finir avec la discrimination des médecins titulaires de diplômes étrangers français ou non français, de supprimer les obstacles législatifs et administratifs à l’acquisition de la nationalité, d’instaurer la citoyenneté de résidence et le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers extra-communautaires, de régulariser les sans-papiers et de mettre en œuvre une politique ambitieuse en matière de co-développement et de coopération assurant l’égalité nord-sud.

Nous savons tous que l’école ne remplit plus son rôle de promotion sociale, de transmission des savoirs, des savoir-faire, des cultures, des mémoires. Nous revendiquons l’égalité pour tous les enfants à l’Ecole de la République qui ne saurait devenir un espace discriminant pour les individus, méprisant pour les autres cultures et ignorant la contribution d’une multitude de peuples à l’histoire de France. La mémoire nationale doit intégrer toutes les mémoires.

Dégripper l’ascenseur social c’est également donner leur chance à ceux qui - en raison de leur origine sociale, ethnique ou religieuse - n’accèdent pas à des positions qui feraient progresser la société française. La France gagnerait à ce qu’ils y jouent leur rôle et contribuent au progrès de notre pays. Rendons son honneur à une partie des jeunes et moins jeunes qui jour après jour travaillent, envoient leurs enfants étudier et contribuent à ce que la France soit une démocratie avancée !

Exigeons enfin que la République fasse encore preuve de courage, dénonce l’oppression des peuples, soutienne leurs luttes démocratiques, réaffirme leur droit à la résistance contre l’oppression, l’occupation et la décimation (Palestine, Tchétchénie, Irak, Liban ... ). Que nos gouvernants cessent enfin de soutenir les régimes dictatoriaux en Afrique et dans le monde ! Exerçons un droit de vigilance citoyenne avant, pendant et après les campagnes électorales des présidentielles aux cantonales ! Lançons un mouvement civique qui s’approprie la question de l’égalité politique et de la représentation des minorités au service de toute la société !

16 septembre 2006


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