Accueil > Penser Global

Hortefeux dehors !

 

Le comportement de ce ministre est un danger pour notre démocratie et nos libertés. Certains, au premier rang desquels la presse aux ordres, ne veulent voir dans les déclarations et les actes d’Hortefeux (ou ceux commis avec son assentiment ) que des maladresses, des « erreurs de com  » qui ne remettent pas en cause la politique de celui ci (et de son gouvernement).

Pourtant les faits s’accumulent et s’ajoutent aux déclarations guerrières. Il s’agit bien là de la part de quelqu’un qui n’est ni un novice, ni un imbécile, de la mise en œuvre d’ une politique : le sécuritaire comme moyen d’assurer la domination d’une classe bourgeoise qui réussi de moins en moins à assurer une hégémonie démocratique sur la société.

L’intérêt de cette politique est aussi de construire une hégémonie interne à la droite et de préparer l’alliance avec un FN de plus en plus positionné sur un national-social pour donner un peu de popularité à un régime qui en a bien besoin.

J’ai déjà eu l’occasion d’appeler l’attention sur les « nouvelles techniques de maintien de l’ordre » mises en œuvre en particulier contre la jeunesse. Ces techniques, dont Lyon a été le terrain d’essai, constituent en elles mêmes une mise en cause des droits fondamentaux et des libertés publiques.

Cette guerre civile froide s’est déroulée sous nos yeux pendant le mouvement social est la continuation de la politique sécuritaire en visant maintenant non plus seulement les pauvres inorganisés ou les « primitifs de la révolte » des banlieues de 2005 mais des secteurs entiers de la société civile « reconnue » c’est à dire des gens comme vous et moi.

Chaque fait ne plus être analysé isolément sous la forme de la bavure ou du dérapage.

L’Etat ( ou de moins une partie de l’appareil d’Etat) viole de plus en plus souvent sa propre légalité et ce faisant il ouvre la porte à la fin du vivre ensemble. C’est sans doute parce que ce pouvoir est socialement illégitime qu’il a recours à cette violation de droits légitimes des citoyens (ce terme comprenant à mon sens toutes celles et tous ceux qui vivent ici sans distinction d’origine et de nationalité).

Bien sur depuis longtemps les pouvoirs publics violent la loi dans le mal-traitement des sans papiers , régulièrement les juridictions annulent les décisions préfectorales.

Aujourd’hui ceux qui n’ont pas suffisamment prêté attention à l’expérimentation autoritaire et de l’illégalité d’Etat qui se faisait là se retrouvent incapables de prendre la dimension de la dérive autoritaire : quel silence assourdissant sur la détention illégale d’un syndicaliste pour garantir la sécurité de la visite présidentielle !

Le texte d’Olivier Lafférrière ( celui de Pierre Tévanian et celui de du collectif de Lyon) est une incitation à engager ce débat....et vite

Olivier Lafferrière a écrit :

Je vous envoie ci-dessous ce petit texte, utile, et qui me permet de revenir sur cet événement singulier, dont nous n’avons pas eu le temps de parler lors de la réunion du CAN de ce week-end, pour vous soumettre quelques commentaires complémentaires à l’analyse de Pierre Tévanian. 

Des policiers ont accusé une personne qu’ils savaient innocente d’un crime passible de la perpétuité, pour maquiller un méfait de leur responsabilité. Ils ont été condamnés à des peines allant de 6 à 12 mois de prison pour cette dénonciation calomnieuse, ce faux en écriture publique commis par une personne dépositaire de l’autorité agissant dans l’exercice de ses fonctions. D’autres policiers ont exprimé leur solidarité avec les policiers condamnés, ils ont remis en cause le jugement et l’institution judiciaire, et ils ont pour cela été soutenus par un ministre, toujours en fonction malgré une condamnation pour propos racistes, et des députés.

Selon moi, c’est un nouveau signe du cours fascisant de certaines fractions de notre société et de certaines fractions de la droite, y compris gouvernementale. Je n’utilise pas ce terme souvent ni à la légère, car il faut faire preuve de nuances dans la qualification politique.

Mais un pas a été franchi, une avancée vers l’autonomisation revendiquée (et pas seulement coutumière et tacite, comme le racisme au quotidien des contrôles au faciès, le sexisme au quotidien de l’accueil des femmes victimes des violences de genre, sans parler de l’orientation de classe tout à fait légale de l’activité policière qui s’attaque en priorité aux fumeurs de joints et aux voleurs de poules plutôt qu’à la grande délinquance financière) des forces de répression vis-à-vis des règles de l’Etat de droit (quand bien même celui-ci serait adapté et envoie d’adaptation toujours plus grande aux intérêt des classes dominantes). La réaction hors-la-loi des policiers est ainsi un pas vers la légitimation du coup de force, l’affirmation de la disponibilité de certaines couches des forces de répression pour la constitution de milices affranchies de toute espèce de contrainte légale.

Le soutien du ministre de l’intérieur et des députés n’est donc pas seulement un acte de démagogie. Il dit certes d’abord, comme l’explique Pierre Tévanian, un soutien inconditionnel aux forces de l’ordre quels que soient les moyens utilisés et les crimes commis. Il faut bien avoir les forces de répression de son côté quand on mène une politique d’agression sociale générale et ouverte. Mais il a d’autres fonctions, et d’abord celle de faire entendre que le message a été reçu, et que cette (fraction de la) droite saura avoir recours à cet expédient si besoin, qu’il n’est pas nécessaire d’aller chercher ailleurs que chez elle des soutiens.

Les réactions du ministre de la Justice et du premier ministre n’effacent en rien ce signe, émis et reçu. Seule le limogeage du ministre et l’exclusion des députés du groupe parlementaire seraient des actes à la hauteur des faits et des propos tenus. Ces décisions ne seront pas prises, ce qui permet à cette majorité de garder un pied dans chaque espace : celui d’une droite dure, mais qui s’affiche légaliste et républicaine ; et celui d’une droite fascisante. 

La détention préventive d’un syndicaliste lors d’une visite de Sarkozy dans l’Allier est un autre élément qui dessine un paysage répressif qui tend à s’affranchir y compris de l’habeas corpus .

Disproportion, crime, émotion

Brèves remarques sur la langue des maîtres

par Pierre Tevanian,

« Sans naturellement méconnaître la nature des faits qui ont été reprochés aux policiers, ce jugement, dans la mesure où il condamne chacun des sept fonctionnaires à une peine de prison ferme, peut légitimement apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme disproportionné. Notre société ne doit pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu’il faut mettre hors d’état de nuire.  »

Ainsi s’exprime Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, aussitôt rejoint par la totalité des élus UMP de Seine-Saint Denis 

« Soutien et solidarité » avec les sept policiers condamnés, ont même ajouté les cinq parlementaires UMP. Que cinq élus et un ministre de l’Intérieur désavouent ouvertement une décision de Justice, voilà qui est assurément critiquable, et les voix n’ont pas manqué, d’Elisabeth Guigou à Martine Aubry, pour le critiquer. Elles ont cruellement manqué, en revanche, pour souligner que sur le fond, au-delà de cette question de principe, la déclaration ministérielle exprime, avec un cynisme et une décomplexion rarement atteintes, une conception de la police plus que critiquable.

La suite sur http://lmsi.net/Disproportion-crime...

Présentation du collectif du 21 octobre

Nous ne resterons pas sans réagir !

Le Collectif du 21 octobre rassemblant des personnes venues de tous les fronts de la révolte sociale et de nombreuses organisations lyonnaises s’est constitué pour mener une campagne d’ampleur contre la stratégie de criminalisation de la colère des jeunes entrés dans la mobilisation contre la réforme des retraites dès le 14 octobre à Lyon.

Police et justice main dans la main pour réprimer cette révolte

Les opérations policières menées à Lyon contre les « jeunes » venus prêter main forte aux « vieux » dans la mobilisation contre la réforme des retraites de Sarkozy ont culminé avec la séquestration de 600 d’entre eux le 21 octobre sur la place Bellecour pendant plus de 6 heures. Les témoignages affluent pour en dire le caractère illégal, brutal et traumatisant.

La suite sur

http://www.collectif21octobre.fr/

14 décembre 2010


Format imprimable

Format imprimable