Accueil > Penser Global

Vers un nouvel Etat Social...pour les riches ?

Le billet de la rédaction du site CNCU

 

Vous pouvez trouver les articles cités en référence sur le site http://cncu.fr

Beaucoup de commentateurs ont mis l’accent sur le changement de cap des libéraux au pouvoir et le « retour », disent-ils, de l’Etat dans l’économie, comme si l’Etat avait un jour cessé toute intervention.

Se succèdent d’étranges nationalisations de banques ( voir l’article de Laurent Lévy : Une privatisation des fonds publics ) où s’effectue une socialisation sans précédent des pertes liées à la crise financière. Face à la crise du crédit. Voici l’Etat qui utilise les instruments financiers à sa disposition. La caisse des dépôts et consignations financera les PME que le système bancaire classique ne veut (ou peut) plus financer.

Il ne s’agit pas là simplement de communication, nous sommes face à une tentative de modification stratégique par rapport aux années, aux mois et même aux semaines précédentes, cette époque qui paraît déjà lointaine où la main invisible du marché allait tout résoudre.

Face à la crise, qui est aussi une crise idéologique, une crise de foi aux lendemains de périodes d’abondance, les dirigeants de ce monde élaborent rapidement un nouveau discours et de nouvelles pratiques sociales pour sauver le capitalisme en condamnant ses seuls « excès ».

Des décisions comme celle de refinancer les banques et compagnies d’assurance, de faire payer les pertes aux contribuables ne vont pas sans poser problème. Le débat à la chambre des représentants US l’a montré avec les difficultés du vote.

Nombre d’étasuniens condamnent avec virulence les cadeaux faits à ceux qui ont conduit la politique financière des banques.

Même la grande presse US trouve des accents d’extrême gauche pour fustiger les comportements des dirigeants payés 17.000$ par jour !

C’est la somme que touchent par jour près de 900 allocataires de minima sociaux au moment même où la loi sur le RSA qui vise à les priver de leurs maigres droits s’ils ne répondent pas aux injonctions pour reprendre n’importe quel travail même indécent !

Sarkozy et Fillion ont même tenté de détourner l’argent du logement social, placé sur des Livrets A ( voir Communiqué du collectif "Pas touche au livret A » et De l’argent pour le logement social, pas pour les parachutes dorés ! ) jugés trop bien remplis. Ils n’hésitent pas à dire qu’il y avait trop de liquidités par rapport aux besoins en d’autres termes voler au secours des boursicoteurs est plus urgent que de donner un logement aux millions de personnes qui sont aujourd’hui sans logement ou mal-logés !

Ces choix-là sont lourds de menaces pour nos dirigeants : deux poids, deux mesures affirmé aussi cyniquement est insupportable.

Chaque mobilisation posera la question : Sarkozy a trouvé des milliards pour sauver les banques et pourquoi pas pour la santé, l’éducation, le logement..., pour financer les propositions alternatives que nous proposons ?

Cette situation est telle que l’association de Directeurs des Ressources Humaines « Entreprise & Personnel » souligne, dans une note appelée significativement « La Déchirure » ( voir l’article : Conjoncture : les DRH français craignent une crise sociale ) que "toutes les composantes d’une crise sociale" sont présentes et invite l’exécutif et les entreprises à une extrême prudence. (Nous reviendrons dans un prochain article sur cette note).

Le soutien le renforcement de ces mobilisations (voir Constructions Unitaires !) même partiel est essentiel, elles ruinent le crédit politique de Sarkozy...mais il ne peut suffire pour sortir de la crise.

Mais ce qui se passe interroge aussi le fonctionnement de notre démocratie. Les parlementaires étasuniens ont largement voté par surprise, sous la contrainte et l’affolement médiatique un plan de sauvetage qu’ils n’ont pas eu les moyens de débattre et de tenir compte de ce que pensent leurs électeurs.

Ici aussi, sans débat parlementaire, sans débat public, Sarkozy, prend des mesures « techniques » pour ses amis. Après avoir nié la crise financière, le gouvernement vient au secours des dirigeants et des actionnaires des banques, intervient pour « soulager » les promoteurs, les grands groupes du bâtiment et les organisateurs de la spéculation immobilière !

Il trouve des milliards d’euros après nous avoir dit que les caisses étaient vides. Voilà ce qui supposerait quelques explications publiques !

Voilà les vrais choix d’un président qui, la semaine dernière, disait vouloir moraliser le capitalisme !

Le nouvel Etat social pour les riches implique un affaiblissement du contrôle démocratique, même formel il implique que les divers lobbies puissent intervenir dans l’opacité la plus complète pour satisfaire leurs revendications.

C’est d’ailleurs le fond du discours de Sarkozy à Toulon que de ne s’attaquer qu’à quelques responsables. Ironie de l’histoire une des premières victimes (si le parachute doré n’atterrit pas discrètement dans un paradis fiscal !) est le PDG de Dexia une banque qui n’a pas fait pire que les autres. Le projet d’un capitalisme moral ne peut résister longtemps à l’épreuve des faits !

C’est pourquoi les décisions politiques d’importances seront prise par des instances « purement techniques » sans débat public, dont la BCE est le modèle que nous avons tous dénoncé. Un sénateur américain vient de découvrir que le président de la FED avait eu la possibilité de donner sans contrôle 800 milliards de dollars : » Dans cette démocratie, aucune personne qui n’a pas été élue, ne devrait disposer de 800 milliards de dolllars -l’argent public- comme bon lui semble » dit -il au Washington Post.

Plus que jamais nous devons affirmer que justice sociale, et démocratie sont intimement liées !

Dans le discours de Toulon, l’Etat libéral-sécuritaire de la droite prétend nettoyer au karcher les mauvais financiers comme les banlieues !

Cette recherche de « boucs émissaires » est encore de nature à alimenter la folie sécuritaire, c’est pourquoi nous devons faire du 16 octobre, jour de la mobilisation pour l’abandon du fichier Edvige, ( voir le 16 octobre, nous dirons tous « Non à EDVIGE » - Communiqué du Collectif « Non à EDVIGE » ) une journée de défense des libertés comme un élément de réponse à la crise.

Quand ils nous disent que 11 milliards de déficit de l’assurance maladie c’est insupportable financièrement, on le sait, ils volent les fonds par les divers dégrèvements de cotisations pour le patronat ; mais en plus on sait maintenant à quel point ils mentent : ils viennent en huit jours de faire donner aux banquiers 22 milliards...

Quand il fait 30 milliards pour assurer la sécurité alimentaire minimale pour les pauvres au niveau mondial, ils ne les trouvent pas même devant les émeutes de la faim ; mais ils ont trouvé des centaines de milliards de dolards en moins de dix jours pour les banquiers.

Quand il faut 5 milliards de dollars pour éradiquer la soif dans le monde ils ne le trouvent pas mais ils trouvent pour leurs amis 1000 milliards en dix jours.

La crise ( voir "Le capitalisme toxique " par Michel Husson) ne signifie aucunement une voie royale ouverte pour une alternative au libéralisme telle que nous la souhaitons.

La tentation du « libéralisme social » peut réapparaître autour d’exigences d’une régulation à minima qui laisse intact les mécanismes d’un système qui a produit cette crise. On voit déjà se dessiner des alternances au Sarkozysme avec un président du FMI qui se pose en grand régulateur et des socialistes qui réclament une régulation européenne dont l’échec est pourtant manifeste.

Cette voie est sans issue pour la gauche.

Offrir un cadre permanent d’intervention dans le soutien aux luttes et de débat politique comme ce week-end lors du Forum Social des Quartiers Populaires (voir notre communiqué) ou pour élaborer une alternative comme c’est le projet de l’appel de Politis qui tient une première réunion nationale samedi à Gennevilliers .

Cette rencontre est particulièrement d’actualité, il faut qu’en sorte une réponse unitaire à l’urgence sociale économique et politique que la crise de ces derniers crée !

9 octobre 2008


Format imprimable

Format imprimable