Nous avons eu affaire hier soir à un Sarkozy, aidé par le passe-plat Pujazy [1] , qui ne s’est adressé qu’à son camp et encore son camp dans le sens le plus restreint les groupies de l’UMP et les habitants de Neuilly et autres lieux semblables ;
Méconnaissant la gravité de la crise politique, dont l’affaire Woerth Bettencourt est un révélateur, méconnaissant la crise de légitimité qu’il subit, faisant fi de toutes les interrogations sur des pratiques jugées douteuses Sarkozy a décidé de répondre par la méthode Coué « calomnie, calomnie... » allant même jusqu’à se poser en victime.
Il a mis sur le même plan les affaires qui mettent en cause, comme nous l’avons écrit http://anpag.org/article.php3?id_ar..., la conception même de l’Etat néolibéral de la contre révolution sarkozyste et l’étalage sur la place publique de ses déboires conjugaux. Un tel rapprochement est tout à fait significatif de sa cible : c’est uniquement au noyau dur de ses partisans qu’il s’adressait, la ménagère de plus de 65 ans et son mari élevés dans le respect de la morale et des puissants [2]. Il suffit que le président, autorité suprême, dise pour que les choses soient comme il le dit.
Pour les autres, ceux qui s’intérrogent, c’est la morgue de classe et le mépris absolu.
La DGF a fait une enquête qui ne porte que sur des pièces officielles détenues par Bercy comme si Woerth était assez idiot pour donner éventuellement l’ordre par écrit d’être complaisant avec Liliane Bettencourt...suffit à établir LA vérité : c’est à la haute administration soumise hiérarchiquement au pouvoir de dire le droit. Voilà qui est révélateur de la conception de l’Etat dans lequel l’exécutif maitrise tout.
Ce simple point en dit long sur les modifications que Sarko souhaite dans la conception traditionnelle de la séparation des pouvoirs : il est révélateur de la conception même de l’Etat entreprise où seule compte l’efficacité, où seuls les actionnaires (encore maladroitement appelés citoyens) ont le droit de juger tous les 5 ans au terme d’un cirque de politique spectacle.
Pendant cette période pas de contrôle sinon c’est le crime de lèse majesté, le complot.
Sarkozy et sa bande ont mis en œuvre la réforme de la justice qu’il visent en supprimant déjà le juge d’instruction.
L’ouverture des enquêtes préliminaires par le procureur de Nanterre suffit. Et ci le plus grave n’est pas que Courroye soit une relation de Sarko, qu’il soit cité dans des écoutes, qu’il se sente obligé de communiquer dans le Figaro pour se justifier inaugurant ainsi une singulière justice-spectacle médiatique. Le plus grave c’est que le président de la république président du conseil supérieur de la magistrature, ancien avocat ce qui suppose qu’il ai un minimum de connaissances en droit, affirme que l’enquête préliminaire suffise à rendre la justice.
Toute la communication de l’Elysée s’est appuyée sur les « révélations » des compte rendus d’interrogatoires, ou mieux encore des morceaux choisis de ces interrogatoires, transmis au Figaro le journal officiel du Sarkozysme, la « Pravda libérale ».
Là encore se révèle une conception de instrumentalisation de la justice soumise au pouvoir exécutif.
L’intervention de Sarkozy est aussi importante pour ses non-dits, véritables lapsus révélateurs de la pensée profonde de Sarkozy.
Le discours « laissez moi donc travailler sans m’obliger à distraire mon énergie par des interrogations démocratique » n’est pas seulement une opération de com visant à passer pour sérieux et de sang-froid. C’est plus au fond l’idée que l’exécutif doit être à l’abri du jugement populaire, ne pas être distrait par les emballements d’opinion.
Il y a une cohérence chez cet homme là qui apparaît pourtant brouillon et agité, une image qu’il a cherché à rectifier hier soir.
Cette cohérence se trouve dans la suite : j’ai une mission à remplir sur les retraite, je sais ce qui est bon pour le pays, je ne bougerai pas d’un iota face au débat public et aux mobilisations sociales.
Une fois élu, le président fait ce qu’il veut, ce qu’il juge utile : on ne voit pas dans ce conditions à quoi sert le parlement sinon comme chambre d’enregistrement. On ne voit pas à quoi sert la pseudo consultation des « partenaires sociaux ». On ne voit pas à quoi sert le débat public.
Certes, il parait que le président écoute préalablement, mais on ne sait trop comment s’élabore la décision et pourquoi elle ressemble tant aux position du MEDF qui en profite pour demander toujours plus.
C’est le règne de la transparence opaque dans la décision politique, c’est l’affirmation que la démocratie sarkozyste c’est le « cause toujours ».
Alors après à quoi sert la pseudo pédagogie élyséenne qui, soit dit en passant, prend toujours les gens pour des cons ?
Pourquoi cette accumulation de mensonges [3] pour ne rien dire des approximations sur l’impôt [4]ou sur les contre-vérités sur l’impôt en France [5]
A affirmer symboliquement des choix de classe.
Le mépris pour le peuple.
De ce point de vue le discours sur la pénibilité est un modèle du genre. Sarko fait passer pour une avancée sociale les dispositions prévues en ajoutant que c’est la première fois que cette pénibilité est pris en compte. Il « oublie » que le départ anticipé des fonctionnaires en service actif ou des agents de conduite de la SNCF était la reconnaissance d’un droit acquis par la inéligibilité des métiers en cause.
Aujourd’hui certains, particulièrement usés, se verront octroyer la possibilité de partir avant s’ils le souhaitent ou si c’est une occasion pour le patron de se débarrasser ainsi des moins rentables. Tout se jouera au niveau de la négociation individuelle à l’inverse des garanties d’un droit collectif. Voilà ce que Sarko appelle avancée sociale : le recul des droits.
A l’inverse c’est la plus grande considération pour les riches en assumant le dumping fiscal.
Puisque l’Oréal a des emplois en France ( pas les 64000 !) il faut éviter que ces emplois soient supprimés par le départ de l’héritière découragée par le harcellement fiscal.
L’entretien d’hier était surtout l’occasion de rassurer ses mandants : non on ne touchera pas au bouclier fiscal [6]
, non vous ne payerez ni les conséquences de votre spéculation financière qui a augmenté le déficit public, non vous ne serez pas mis à contribution pour un régime de retraites qui vous fait horreur.
Voilà le fond du discours ; rassurez vous braves nantis, ce gouvernement maintient sa ligne et vous les autres, les gueux, rentrez dans le rang sinon ça risque d’être encore pire pour vous !