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Débattre des européennes 2

contributions hors région

Ce ne sont pas non plus des textes finis mais il a semblé intéressant de les publier.

 

Après les élections européennes

Quelques réflexions personnelles

Daniel Mino - CAP à gauche 74 Chablais - 10 juin 2009

Le communiqué de la Fédération me semble un peu court et trop consensuel. Nous ne gagnerons rien à ne pas dire franchement ce qui doit être dit ; en particulier la responsabilité écrasante des appareils politiques dans la situation catastrophique actuelle de la gauche, en échec depuis 10 ans. Elle nous conduira sûrement, si rien ne bouge, à de futures victoires d’une droite de plus en plus cynique et radicale, pourtant largement minoritaire et contestée, mais qui s’appuie sur un projet cohérent et une unité sans faille, pour l’instant

Voici donc quelques réflexions à chaud après le scrutin, en tenant compte que, sous réserve de démenti, l’abstention concerne majoritairement les couches sociales les plus frappées par la crise, qui ont voté Non au TCE et les déçus du manque d’unité à gauche du PS. Les résultats ne sont donc pas à prendre comme une image juste d’un rapport de force politique si les conditions d’un rassemblement au-delà des partis pouvaient exister dans la gauche radicale.

-  Le PS paye son alignement sur le libéralisme européen, son approbation par défaut du Traité de Lisbonne et sa politique présidentielle erratique. Un parti dont la moitié de ses membres se prononce pour une diva capricieuse et l’autre moitié pour une euro libérale convaincue, et dont les têtes de liste ont été désignées par un subtil dosage d’appareil sans aucun lien avec l’efficacité politique, ne peut plus prétendre à diriger la Gauche avec sa condescendance habituelle. C’est une des seules bonnes nouvelles de ce scrutin.

-  Europe-Ecologie recueille les fruits de l’unité des écologistes, au-delà des divisions antérieures. Ce succès est celui d’un engagement apparemment apolitique, ne remettant pas en cause les fondamentaux de l’Union européenne. En fait, c’est aussi une conception fédéraliste, antinationale, qui ignore les questions sociales les plus cruciales et répond aux inquiétudes environnementales des couches sociales peu touchées par la crise. Pour la droite, il s’agit d’un garde-fou contre les excès d’un capitalisme débridé, qui ne peut que gêner la remise en cause radicale du système. Ceci explique la complaisance dont DCB et ses amis ont fait l’objet de la part des médias.

-  Le Front de Gauche obtient un succès tout relatif eu égard au score qu’aurait pu espérer le PCF seul. En refusant la dynamique qu’auraient pu apporter les collectifs unitaires s’il s’était engagé franchement dans un front durable et ouvert, il se prive d’un résultat sans doute bien meilleur. Il lui a manqué aussi un réel engagement écologique, au-delà des discours convenus. Si ces conditions avaient été remplies, le Front de Gauche pouvait peut-être, en offrant une perspective unitaire et radicale mobilisatrice à gauche, devenir la quatrième force politique en France

-  Le NPA reçoit logiquement la sanction de son choix antiunitaire, qui a sans doute démobilisé un électorat jeune et peu motivé par les enjeux européens. La révolution anticapitaliste issue d’une hypothétique Grève Générale attendra, les principales victimes du système capitaliste attendront aussi une issue politique de gauche stérilisée par le sectarisme de ces pseudo-révolutionnaires.

Dans ce contexte, la Fédération peut-elle constituer une planche de salut dans cette gauche à la dérive ? Sa non participation à la campagne, si elle ne lui a pas permis une meilleure visibilité, la tient à l’écart des responsabilités du désastre. Cependant, cette attitude ne peut pas être reconduite sans obérer la crédibilité politique d’un tel rassemblement

Comme il ne peut être question de créer un nouveau parti qui accroitrait encore la confusion, il nous faut redoubler d’efforts pour rendre, sinon impossible, au moins difficilement justifiable le maintien de la situation actuelle par les partis se prononçant pour une alternative au système et pour une réelle transformation écologique et sociale.

Il nous faut pour cela apparaître comme une force cohérente, unie, dynamique, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui :

-  Une force cohérente : -dans son but, la recherche de l’unité des forces politiques, associatives et sociales la plus large possible, sans se laisser paralyser par le refus dogmatique de certains -dans ses propositions, qui visent à mettre en convergence les différentes propositions émanant des partis, des associations, des syndicats... avant de penser à élaborer un programme de plus -dans ses objectifs, la construction d’une société nouvelle, dans laquelle l’économie sera maitrisée et contrôlée par des organismes les plus décentralisés possible afin de permettre l’intervention citoyenne la plus démocratique et la plus efficace, une société dans laquelle l’éducation et la culture seront considérées comme une priorité, le respect des droits humains comme une obligation. Cette société ne peut se concevoir dans le cadre constitutionnel actuel, mais elle suppose de réunir une majorité de citoyen-nes, c’est-à-dire une alliance politique dans laquelle nos propositions seront majoritaires. La déconfiture actuelle du PS en ouvre peut-être la perspective.

-  Une force unie : Les forces adhérentes à la Fédération doivent s’engager à respecter quelques principes sans lesquels notre activité ne peut être prise au sérieux. Si chacun doit avoir la possibilité de développer ses propres analyses, la recherche de leur mise en commun et de l’élaboration de propositions communes doit impérativement primer sur l’expression publique de chaque composante de la Fédération. Cela nécessite que les formes de concertation, de prises de décisions et d’expression publique soit clairement définies dans cet objectif. Les divergences d’appréciations et les désaccords sur tel ou tel sujet sont normaux et inévitables ; mais si on les considère comme prévalent sur ce qui nous unis, nos débats seront rapidement agressifs et stériles et nous n’aurons aucune chance d’être crédibles et entendus

-  Une force dynamique : Nous tiendrons cette dynamique de l’initiative reconnue aux collectifs de base, qui rassembleront des citoyen-nes ne se sentant pas embrigadés dans des décisions politiques d’état-major. Cela n’est pas contradictoire avec l’efficacité d’une expression publique nationale par des porte-parole mandatés par les réunions nationales, dont l’échéance trimestrielle doit être possible. En cas de dérive, le mandat peut être retiré dans ce délai. Il est nécessaire partout où c’est possible de se doter de porte-parole régionaux compte-tenu des prochaines échéances.

C’est à mon avis à ces conditions, parfaitement réalisables si nous avons une réelle volonté unitaire, que nous pourrons contribuer à reconstruire avec les autres forces qui partagent cette volonté, un front de la gauche de transformation sociale et écologique, aucune de ces forces ne pouvant bien entendu prétendre à l’hégémonie sur ce rassemblement

Dans les 60% d’abstentionnistes de dimanche, il en est j’en suis sûr beaucoup qui n’attendaient que ce rassemblement pour s’exprimer. A nous de ne pas les décevoir une nouvelle fois !

Une contribution d’un camarade de l’AMP (Alternative en Midi-Pyrénnées)

Les constats :

-  le renforcement de l’extrême droite, pour moi sans surprise compte-tenu de l’incurie générale ;

-  une abstention folle, comme à chaque scrutin portant sur l’élection du parlement européen, mais là encore sans surprise compte-tenu de l’impuissance dans laquelle est maintenue cette instance.

Quelle que puisse être la majorité de l’assemblée, le fonctionnement général de l’Europe est inébranlable et indéboulonable : traité de Nice pour l’instant encore, puis très prochainement, Lisbonne ; donc rien de nouveau à l’horizon.

Comment dans ces conditions donner envie d’Europe ; pour changer la donne, il aurait fallu une campagne qui aurait placé au coeur de son programme, la sauvegarde de la démocratie et le respect du vote majoritaire des français sur le TCE, une campagne qui aurait eu pour unique objectif de renverser le carcan des traités actuels imposés de manière totalement antidémocratique, une campagne qui aurait lancé le débat sur l’instauration d’une constituante à l’échelle du continent ; avant l’écologie, avant le social.

L’urgence est là, et tant que cette question n’aura pas trouvé de solution, les votes se succèderont, toujours les mêmes, et ce faisant, avec la décomposition des sociétés, l’extrême droite renforcera son poids dans un contexte d’abstention toujours aussi forte ;

-  la victoire sans surprise des droites libérales qui profitent de la forte abstention ; avec un tel score, on n’a pas fini de souper du Sarkozi tous les soirs et même tous les midi !

Les satisfactions (toutefois dans un contexte relatif de forte abstention que je n’oublie jamais) :

-  le bon score d’Europe Écologie ; satisfaction pour plusieurs raisons ; d’abord parce que pour une fois une liste purement écologiste réalise l’exploit de se trouver à égalité avec le PS et de passer devant la droite libérale modérée, ça n’est pas rien tout de même.

Ensuite parce que voilà la preuve par 9 de ce que l’union peut apporter ; malheureusement cette union me semble bien peu crédible, genre association entre la carpe sociale libérale (Cohn-Bendit, Joly, et la clique des Verts libéraux bon teint) avec le lapin altermondialiste et radical, du moins si on s’en tient aux positions qu’il défendait il y a peu (Bové).

-  le score faible de la liste Bayrou ; on peut espérer que cela fera réfléchir à deux fois les Verts, dans leur projet de rapprochement avec le Modem pour les prochaines régionales.

-  le score minable du PS : alors là franchement quel plaisir ; enfin le moment tant attendu est venu, faire mordre la poussière à ce parti insolent, ce parti de notables, au discours surfait et mensonger, ce parti qui a perverti l’idéal socialiste, ce parti qui se croyait innébranlable ; pourvu que cette giffle lui permette de se ressaisir, mais les exemples du PC et du PRG avant lui ne poussent pas à l’obtimisme ;

-  le score honorable bien que trop faible néanmoins du Front de Gauche, ce qui démontre encore une fois que l’union rapporte ; mais cette union là était bien fragile, seule avec le PC ;

-  le petit score du NPA, la preuve encore une fois que ce parti s’est fourvoyé dans une stratégie de cavalier seul qui ne lui a rien apporté.

À partir de là, quelle route va-t-il falloir tracer pour les régionales ?

Car finalement, tout ce remu-ménage autour des européennes n’avait surtout pour objectif que de se placer pour les régionales, ce qui démontre à quel point ce scrutin est dévoyé.

Bon, on peut supposer que l’alliance PS-Verts a de l’avenir devant elle. On peut aussi supposer que ça va un peu chauffer au NPA, et qu’il pourrait s’envisager un changement de stratégie, sinon le risque serait un départ massif des nouveaux adhérents et un retour à la case LCR.

Reste une inconnue : la stratégie du PG. La voie qui pourrait se dessiner serait alors celle d’un rassemblement comprenant le NPA ou ses dissidents en cas d’involution, le PG, les altermondialistes de la Fédération, les écologistes radicaux qui ne suivront pas sur la voie d’une aliance PS-Verts, et peut-être le PC, ou du moins les communistes unitaires ; on peut aussi imaginer qu’une parti du PS rejoigne le mouvement.

Quoi qu’il en soit, il faut espérer qu’il est clairement établi dorénavant, que seule une union sincère et large, fonctionnant sur le mode coopératif, est à même de pouvoir redonner espoir à l’électorat, pour initier un mouvement fort de sortie du capitalisme.

Voilà, j’en ai dit suffisamment dit, comme ça il y aura plus de temps pour les autres à la prochaine AG.

10 juin 2009


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