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FASE et PG

Un débat utile

 

Voir aussi les positions du collectif d’animation national de la FASE, le communiqué http://anpag.org/article.php3?id_ar...

Pour un échange constructif avec le Parti de gauche

Lettre de l’exécutif de la Fédération pour une alternative sociale et écologique du 16 novembre 2010

L’intensité de la mobilisation sur les retraites a traduit une exaspération globale.

Nous avons en partie gagné la bataille des idées. La force de ce mouvement, comme l’énorme soutien populaire dont il a bénéficié, traduisent le rejet d’une politique profondément injuste mise au service des plus riches et du patronat. La grande majorité de la population a pris conscience que la question des retraites renvoie au problème de l’appropriation par une minorité de la richesse produite. Que nous obtenions ou pas le retrait du projet - dont la pétition pour un référendum, que nous développons en commun, marque toujours l’exigence - nous avons le devoir d’ouvrir une perspective de changement.

Le gouvernement, les institutions nationales et internationales, le système politique même ont perdu une bonne partie de leur légitimité. Les règles du jeu de l’actuelle République sont à bout de souffle.

La démocratie représentative - conçue comme délégation totale aux élus - a montré ses limites, tant est flagrant le divorce entre la « représentation du peuple » et le peuple. La question de la démocratie et des institutions apparaît désormais comme centrale.

La personnalisation du pouvoir et la toute puissance de l’exécutif qui caractérisent la Ve République, ont atteint une dimension inacceptable. Elle s’est manifestée aussi par la manipulation des médias, la répression contre le mouvement (atteintes au droit de grève et au droit de manifester) et les violences policières.

Pour nous, cela souligne l’actualité d’une révolution démocratique. L’heure n’est pas aux demi-mesures mais à la radicalité concrète : nous souhaitons, d’ailleurs, que ses axes en soient discutés, dans toutes les rencontres de l’autre gauche (Front de gauche, NPA, Fédération, ...) et dans des débats publics organisés avec toutes les forces et groupes de citoyen-ne-s du mouvement social. Nous débattrons aussi de nos propositions avec Europe Ecologie Les Verts et les militants du PS qui le souhaitent..

À gauche, comment avancer ?

La gauche de transformation sociale et écologique doit assumer ses responsabilités.

Sur les retraites comme sur de nombreux sujets, il y a deux grandes orientations à gauche : l’une d’accompagnement, l’autre de transformation. La gauche tout entière sera d’autant plus dynamique et crédible que la gauche de transformation sociale aura pris toute sa place.

Cette gauche alternative doit être, à tous les niveaux, le fer de lance de la bataille pour l’égalité des droits de tou-te-s les citoyen-ne-s, de la lutte contre la xénophobie, les racismes - tout particulièrement quand l’État et ses politiques en sont responsables. Face à la montée des extrêmes droites identitaires, nous devons soutenir les aspirations à l’égalité pleine et entière de celles et ceux qui souffrent du rejet, de la stigmatisation et de la relégation.

Cet engagement ne se sépare pas des exigences de rupture avec la logique du capitalisme. Il faut faire cesser la destruction des systèmes de solidarité et proposer une autre orientation et organisation des productions, en traitant avec autant de force les urgences climatiques et écologiques que les urgences sociales.

Nous ne voulons pas - et sans doute vous non plus - recommencer les divisions destructrices de 2006-2007.

Une dynamique rassemblant plus largement que l’actuel Front de gauche est nécessaire pour toutes les luttes en cours et les échéances électorales dont 2012.

Nous avons toujours dit notre disponibilité pour participer aux cadres unitaires de l’autre gauche. Mais le Front de gauche est-il prêt à se transformer en travaillant avec de nouvelles forces et de nouvelles implications citoyennes ? Nous attendons cette ouverture.

De même, nous réaffirmons notre accord pour que se tienne, publiquement, les débats nécessaires à une conception rénovée de la place et du rôle des partis politiques, de leurs rapports aux mobilisations, ceci en rapport avec les perspectives historiques et la nécessaire transformation des institutions. Faisons valoir nos propres propositions et mettons-nous en situation de construire une nouvelle force capable de battre la droite dans les urnes, d’être en tête à gauche. Cela suppose un effort inédit d’unité et un travail de rénovation, sur le fond comme sur la forme. L’éparpillement et la répétition sont nos pires ennemis.

Proposons à l’ensemble des citoyen-ne-s, des forces, associatives, syndicales et politiques d’organiser, partout où c’est possible, débats, meetings, réunions publiques sur les perspectives ouvertes par le mouvement en cours. L’unité a été un moteur de la lutte. L’heure est à un véritable Front d’Unité Populaire.

Nous sommes prêts à nous y engager. Et nous souhaitons que votre réponse et la nôtre convergent.


Intervention de Clémentine Autain au Congrès du Parti de Gauche

Quand Jean-Luc et Eric m’ont transmis votre invitation, je me suis dit : vivement dimanche ! Je ne ferai pas ici un discours de politique générale mais je veux vous parler de ce que nous avons à faire ensemble.

La création du Parti de Gauche a bousculé l’autre gauche. Vous avez contribué à raviver l’exigence d’unité de la gauche de transformation sociale et écologique.

L’échec de la candidature unitaire en 2007 nous a plombé. Ce fut une catastrophe électorale, ça nous a affaibli et les blessures personnelles et militantes ont laissé des traces. Mais nous devons remettre l’ouvrage sur l’établi. Parce qu’après les échecs du XXe siècles, la recomposition et la rénovation sont incontournables. Il faut mêler les cultures et les traditions, redéfinir les lignes de fractures, repenser les formes de la révolution.

Il faut recréer une espérance dans un changement possible. Les attentes et le potentiel sont immenses. Nous l’avons vu à l’occasion du mouvement sur les retraites. Nous avons vu l’ampleur de l’exaspération, les exigences nouvelles à l’égard du travail, le besoin de sécurités sociales, la critique capitalisme financiarisé. Ailleurs en Europe, en Grèce, au Portugal, en Irlande, des peuples se lèvent contre les politiques de rigueur.

On ne peut pas se satisfaire d’une alternance molle entre une droite arrogante qui a pris le parti des riches et une gauche qui a renoncé à changer la donne. Ce que nous avons à faire ensemble, c’est un mouvement large, celui d’une gauche décomplexée qui retrouve le chemin du partage des richesses, des pouvoirs, des savoirs et des temps. Une gauche qui retrouve le chemin de l’humain, de la souveraineté populaire et de la préservation de la biodiversité.

Pour cela, il faut assumer l’affrontement avec le capital et l’idéologie dominante. On ne rasera pas gratis, ceux qui prétendent le contraire, que l’on peut changer les conditions du plus grand nombre sans affronter le capitalisme, ne sont pas réalistes. Le réalisme est de notre côté. Pour cela, il faut donc une révolution citoyenne, il faut que le peuple s’en mêle, pour reprendre le titre de la pétition qui fait un malheur sur Internet (près de 250.000 signatures) en faveur d’un référendum sur les retraites.

Je reste convaincue que l’unité de tout l’arc des forces de la gauche radicale, de transformation sociale et écologique, est un déclencheur d’une dynamique populaire capable de bâtir des majorités d’idées, des majorités sociales et politiques. Le Front de Gauche est un cartel d’organisations. C’est aujourd’hui une expérience politique qui constitue un acquis dans le pays. Mais de nombreuses forces, des collectifs, des militants syndicaux, associatifs, des citoyennes et des citoyens qui ont envie d’en découdre, pourraient s’y retrouver et agréger plus encore mais n’y trouvent pas leur place.

Le Front de Gauche est-il prêt à s’élargir pour se transformer ? Je pose la question (la salle crie des « oui »).... J’entends donc la réponse positive du Parti de Gauche. Mais qu’en pensent le PCF et la GU ? Nous attendons une réponse. Le temps presse. La transformation du Front de Gauche, ce n’est pas simplement l’inclusion de la Fase. Ce que nous avons à construire dépasse nos quatre forces. Nous devons faire mouvement. Nous devons inventer de nouvelles formes d’agrégations politiques, qui permettent à la fois de faire vivre la diversité, la spontanéité, et d’assurer une cohérence d’ensemble et une efficacité d’action.

Le NPA aurait toute sa place dans un Front large populaire. On ne peut pas se résoudre à leur isolement. Et si la seule question est celle de la participation à un gouvernement dominé par le PS dans son orientation actuelle, nous y répondons clairement par un « non » (la salle crie « non »).

Au sein d’Europe Ecologie, l’alliance est naturelle avec les tenants de l’écologie radicale. J’en vois beaucoup d’ailleurs qui ne sentent pas très bien avec le tournant opéré par le mouvement écolo car ils attendent mieux qu’un rassemblement environnemental « ni gauche, ni droite ».

Voilà la feuille de route. Mais il ne faut pas se prendre les pieds dans le tapis de la Ve République. Notre dynamique, si nous arrivons à la construire, ne peut pas échouer sur la question présidentielle. Nous avons là une responsabihttplité. Jean-Luc peut être le candidat. Il en a l’énergie, la volonté et la capacité. Pour ma part - et je parle là en mon nom -, je n’aurai pas d’états d’âme et même de l’enthousiasme à faire sa campagne, si c’est notre campagne.

Nous nous engagerons si, et seulement si, un outil collectif, une dynamique large, unitaire et populaire est construit d’ici là. A la Fase, nous pensons d’ores et déjà qu’il faudrait mettre en place des comités locaux ouverts aux individus et aux autres forces.

Alors, il faut le dire, il reste des débats entre le PG et la Fase.

Sur la conception de la République et de la laïcité. Sur la forme parti que nous pensons révolue dans sa version « parti-guide » du XXe siècle. Sur la conception de la transformation, et les nouvelles relations entre social et politique que cela implique - nous ne nous reconnaissons pas, par exemple, dans votre expression de « révolution par les urnes  », nous préférons la « révolution citoyenne ».

Mais ce qui est commun est supérieur à ce qui nous divise.

Nous nous retrouvons dans la nécessité de faire vivre une gauche décomplexée, prête à affronter le capitalisme, porteuse de contestation radicale et en quête de majorités. Et nous nous retrouvons sur la nécessité de créer une nouvelle force. Il faut que nous fassions front commun, durablement.

25 novembre 2010


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