Accueil > Penser Global

Bataille gagnée en Allemagne contre la privatisation du rail !

Voici un exemple à suivre, une lutte politico-sociale qui se donne les moyens concrets de jouer sur les contradictions de l’adversaire.

 

Chers collègues

Une coalition de syndicats, d’organisations de mouvements sociaux et d’experts en transport public, conduite par Attac Allemagne, a mis à l’arrêt le projet de privatiser le rail allemand. C’est la première victoire majeure de la société civile contre les projets néolibéraux de la grande coalition au gouvernement.

Après le G8, Attac Allemagne a concentré ses forces dans la campagne contre la privatisation. Tandis que la campagne nationale était conduite par une large coalition comprenant le syndicat des services Verdi, Les Amis de la Terre et beaucoup d’autres, l’activité à la base était principalement portée par les groupes locaux d’Attac. Le bureau de la campagne est situé dans le bureau d’Attac Francfort.

Sous la pression de plusieurs journées nationale d’actions, la pression coordonnée sur des membres du Parlement (en particulier des sociaux démocrates et des conservateurs au gouvernement), les contradictions internes dans la grande coalition devinrent si importantes que le projet est maintenant dans une impasse politique. Il n’est pas garanti que la privatisation soit assurée, mais cela semble probable.

Le succès a été possible par une combinaison de plusieurs moyens sur une grande échelle et sur une longue période, comprenant :

* envoi massif de mails de protestation aux membres du Parlement

* des actions créatives vers le public dans 80 gares

* le lobbying de parlementaires importants

* des actions à l’intérieur et à l’extérieur de la conference du parti des sociaux-démocrates (SPD)

* trois campagnes de pétitions contre les privatisations vers des membres du parti social démocrate, les syndicats et les citoyens ordinaires

* distribution massive de dépliants dans les trains et autres « RER » (400.000)

* plusieurs accrochages spectaculaires de calicots dans des gares, y compris un très grand calicot à la gare principale de Berlin

* production et distribution d’un film contre la privatisation

* site internet vers le public : www.deinebahn.de ("votre rail")

* élargissement de la coalition de campagne vers de plus en plus d’organisations

* travail permanent vers les médias coordonné par un secrétariat de campagne

Comme la grande coalition a une majorité confortable de 2/3 dans les deux chambres du Parlement allemande, la victoire a seulement été possible au moyen de :

a) convaincre plusieurs syndicats et groupes locaux ou régionaux du SPD de se joindre à la campagne. Le syndicat politiquement corrompu des chemins de fer allemands a été mis sous pression par une groupe d’opposition interne aussi bien que par le syndicat concurrent Ver.di qui avait rejoint la campagne. Juste avant la conférence du parti SPD en octobre le groupe des Jeunes socio-démocrates (Jusos), et le plus grand syndicat allemande "IGmetall" ont rejoint la campagne anti-privatisation. Les socio-démocrates, sous la pression du nouveau parti de gauche, veulent rénover leur image de force pour la justice sociale. Et donc il sont et ont été le chaînon faible de la coalition néo-libérale. Les délégués SPD ont voté des conditions pour la privatisation qui étaient inacceptables pour les conservateurs. Ceci a conduit à une impasse de la privatisation.

b) des divisions dans la coalition sur la manière de privatiser le rail.

L’assemblée générale d’Attac Allemagne de ce week-end a decide de maintenir la campagne pour le cas où la privatisation était remise sur la table.

La victoire a créé une bonne atmosphere générale dans notre réseau qui s’est montré capable de conduire des campagnes effectives rassemblant toutes les forces de l’organisation aussi bien que les capacités de construction de réseau.

Sven Giegold

20 novembre 2007


Format imprimable

Format imprimable