Il y a vingt ans, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, des fonctionnaires
de l’Etat Français tuaient à coups de gourdin le jeune Malik Oussekine.
Malik, avait eu pour seul tort de se trouver aux alentours d’une
manifestation d’étudiants contre la réforme Devaquet. Le même soir à
Aubervilliers, un policier qui n’était pas en service assassine Abdel
Benhiayia. Il y a un an à peine, Zyed et Bouna sont morts par électrocution
dans l’enceinte d’un poste électrique suite à une poursuite policière.
Chaque année l’actualité nous livre en pâture la mort violente de jeunes
gens tués lors de contrôles policiers ou de courses poursuites. A chaque
mouvement social, chaque révolte, la réaction du pouvoir est l’écrasement.
La mort violente de Malik Oussekine est symbolique d¹une chasse aux jeunes
qui n’a jamais cessé, causant la mort de plusieurs centaines de personnes.
Elle frappe d’abord les plus défavorisés, les plus discriminés, ceux que les
hommes politiques n’hésitent même pas à traiter de sauvageons, de
racailles : ces personnes qui ont le tort d¹habiter les banlieues. Elle
frappe ensuite tous les jeunes qui se révoltent et ne veulent pas de la
précarisation.
L’insécurité sociale ne cesse de s’aggraver : lois de la sécurité quotidienne
et intérieur (LSQ, LSI), loi de prévention de la délinquance, le code sur
l’entrée et du séjour des étrangers, et des demandeurs d’asile (CESEDA).
Pour une grande partie de la population, la seule promesse est l’aggravation
de l’exploitation et de la paupérisation.
Car en dépit du harcèlement des cités, en dépit de l’instauration en 2005
d’un état d’urgence ranimant le souvenir de la guerre d’Algérie ; en dépit
de la multiplication des interventions policières jusqu’à l’intérieur des
écoles, en dépit de la présence des forces de l’ordre au coeur même des
manifestations ; en dépit de la télésurveillance, du fichage génétique et de
tant de nouveautés orwelliennes présentes et à venir, les conditions d’une
vie tranquille n’existent toujours pas dans les cités, pour la bonne raison
que l’insécurité sociale ne cesse de s’aggraver, tandis que les raisons de
se rebeller ne cessent de s’accumuler.
C’est pourquoi, nous affirmons le caractère profondément politique des
mouvements des jeunes qu’il s’agisse des révoltes de novembre 2005, des
manifestations des lycéens contre la loi Fillon en 2004 ou du mouvement
contre le CPE en 2006.
Les dernières révoltes étaient des affirmations porteuses d’espoir d’une
autre politique. Parce qu’une société qui a peur est condamnée aux passions
séniles et mortifères du tout-sécuritaire, l’Etat doit amnistier tous ceux
qui ont participé à ces dernières révoltes (Novembre 2005 et CPE) et rendre
justice à tous ceux qui sont victimes de cette répression.
Au nom de Malik,d’Abdel, de Zyed, de Bouna, et de toutes les autres victimes, nous rappelons à tous leurs devoirs de mémoire. Pour nous, il est temps de contraindre
l’Etat à mettre fin à l¹offensive sans merci qu’il mène contre sa jeunesse,
ses précaires, ses immigrés...
Premiers signataires : Ac le feu, Asiad, A toutes les victimes, Banlieues
actives, Cedetim, Fasti, Hacktivismes, Les Indigènes de la république, Ipam,
Que fait la police, Sud éducation, Veto, Voix d’Elles Rebelles, Sierra
maestra, Scalp, Réseau No pasaran
Sarah Oussekine, Fabienne Messica, Maurice Rajsfus, Serge Quadruppani