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5 octobre 2005 :

Démocratie

Rencontres à La Fonderie

Renseignements utiles

Date : 5 octobre 2005

Heure : 10 h 12

 

Présentation des rencontres

Autour du travail du philosophe Jacques Rancière et à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage « La Haine de la démocratie », la Fonderie convie à deux journées de rencontres, d’échanges et de débats sur la pensée de la démocratie, du politique et du sensible.

Comment remettre en jeu, en visibilité, un mouvement de pensée qui insuffle de réjouissantes respirations à notre conception de la démocratie, par-delà les intérêts égoïstes et consuméristes, contre les asphyxies et les arrogances de la pensée consensuelle ?

Ici, donc, nous souhaiterions disposer tables, chaises et bancs, quelques livres ou documents (films,images,...) pour tracer ensemble cette ligne de partage.

Avec entre autres, Antonia Birnbaum, philosophe, Fulvia Carnevale, philosophe, Eric Hazan, éditeur, Alain Joxe, historien, Marie-José Mondzain, philosophe, Jacques Rancière, philosophe, Suely Rolnik, réalisatrice et psychanaliste ...

SAMEDI 15 octobre

14h30 - ouverture

15h00 - 19h00 Tables ouvertes

. La non évidence de l’égalité - Antonia Birnbaum . D’une cure pour temps dénués de poésie - Suely Rolnik . La globalisation menace la démocratie - Alain Joxe

19h30 - dîner

21h00 - Uccellacci e Uccellini , film de Pier Paolo Pasolini

DIMANCHE 16 octobre

12h30 déjeuner

14h30 -18h00 Rencontre avec Jacques Rancière autour de « La Haine de la démocratie »

à propos...

La non-évidence de l’égalité par Antonia Birnbaum

Pour affirmer l’égalité comme condition spécifique de la politique, Jacques Rancière retourne chez ceux qui l’ont inventé sous le nom de démocratie, les grecs. Dans la cité, il y a ceux qui sont excellents, ceux qui sont riches, et ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre, mais qui sont aussi là, sans titre particulier. Le règne des premiers est l’aristocratie, celui des seconds l’oligarchie. Mais que se passe-t-il lorsque ceux qui sont aussi là se mêlent des affaires communes de la cité, non pas au nom d’une identité sociale ou d’une fonction qu’ils représentent, mais au nom du simple fait que eux aussi ont leur mot à dire ? Ce « nous aussi » ne peut s’affirmer qu’en déclarant que personne, ni les oligarques, ni les aristocrates ne s’expriment au regard de la distribution hiérarchique des biens ou des compétences, mais que tous s’expriment au titre de l’égalité de n’importe qui avec n’importe qui. Une telle parole se déclare toujours de façon litigieuse, car elle entre nécessairement en conflit avec les discours accordés à l’ordre des places, à une normalité sociale qui s’est déjà imposée. Peu importe qui : quelques uns, dès lors qu’ils présupposent et donnent voix à cette égalité de tous, sont nécessairement en excès sur toute logique d’ensemble qui assigne à chacun sa place. Cet excès ( qui n’est donné que dans l’élément désordonné de la lutte) sur toute distribution des titres et des fonctions s’appelle démocratie. Au sens politique de ce terme, la démocratie relève de nous tous, dont l’horizontalité indénombrable vient déranger l’ordre hiérarchique du tout : elle est donc hétérogène à tout régime institutionnel, y compris celui du parlementarisme capitaliste.

« Le politique est la rencontre de deux processus hétérogènes. Le premier est celui du gouvernement. Il consiste à organiser le rassemblement des hommes en communauté et leur consentement repose sur la distribution hiérarchique des places et des fonctions. Je donnerai à ce processus le nom de police. Le second est celui de l’égalité. Il consiste dans le jeu des pratiques guidées par la présupposition de l’égalité de n’importe qui et par le souci de la vérifier. Le nom le plus propre à désigner ce jeu est celui d’émancipation. »

Jacques Rancière.

Antonia Birnbaum est philosophe, et enseigne à l’Université de Paris VIII département d’études philosophiques. A publié Nietzsche, les aventures de l’héroïsme, collection critique de la politique Paris, Payot 2000 ; Le vertige d’une pensée. Descartes corps et âme, Lyon Horlieu,2003 Horlieu, 2003.

D’une cure pour temps dénués de poésie par Suely Rolnik

L’artiste brésilienne Lygia Clark a créé une série de propositions où le corps et le rapport à l’autre ont progressivement mis à jour un territoire inédit. L’oeuvre ici se réalise en tant qu’événement de la relation poétique de leurs récepteurs avec le monde. Comment présenter cet événement ? En quête d’éléments de réponse, j’ai conduit et réalisé cinquante six entretiens, la plupart en France et au Brésil, les deux pays où l’artiste a vécu. Il s’agit ainsi de faire entendre un concert de voix - concert paradoxal, dissonant et hétérogène -, de telle sorte qu’à travers lui se dessinent les contours de cette sphère où les relations entre les corps se font vivantes, condition préalable pour que se libère leur fécondité réciproque créatrice des devenirs.

Suely Rolnik est réalisatrice, psychanalyste, professeur et coordinatrice du programme de doctorat « Subjectivité Contemporaine » à l’Université Catholique de São Paulo. Auteur, avec Félix Guattari, de Micropolitics : Cartographies of desire (Semiotext/MIT en 2004). Traductrice de Mille Plateaux (vol. III & IV) de Deleuze et Guattari. Vit au Brésil, donne fréquemment des conférences en Europe et aux USA (Documenta X, Kassel, 1997, etc.), publie des essais dans des divers revues et catalogues d’art. Elle est la commissaire de l’exposition « Lygia Clark, de l’œuvre à l’événement » organisée au Musée des Beaux Arts de Nantes du 8 octobre au 31 décembre 2005.

La globalisation menace la démocratie par Alain Joxe

Il faut analyser l’usage ambigu fait de la démocratie réduite à être une procédure électorale. L’économie délocalisée et dérégulée et la privatisation de la violence à toutes les échelles est contraire à la démocratie ( définition : un "bon voisinage" entre classes sociales dominé par le peuple vainqueur de l’oligarchie) Les régimes démocratiques ne disposent plus des moyens d’une politique sociale, l’Europe n’est pas une démocratie ; l’augmentation de la richesse des riches et de la pauvreté des pauvres pousse donc à l’installation de la violence sur cette frontière interne et crée le terrorisme qui est dénoncé par le système américain comme l’ennemi de la démocratie, alors qu’il est la conséquence de la globalisation, qui est la cause première. Alain Joxe est Chercheur. Directeur d’études à l’EHESS , il y dirige le séminaire de sociologie des conflits (études stratégiques et recherches sur la paix) Il s’ est spécialisé sur les problèmes politico-militaires de l’ Amérique latine. Il a notamment publié Le cycle de la dissuasion ,La Découverte , 1990., Voyage aux sources de la guerre , PUF, 1991. l’Empire du chaos , 2003.

La haine de la démocratie par Jacques Rancière

Nous vivons aujourd’hui dans des pays qui se baptisent « démocraties ». Le discours officiel chantait naguère les vertus de ce système, opposé à l’horreur totalitaire. Ce discours n’a plus cours aujourd’hui, même s’il arrive que des armées soient envoyées promouvoir la démocratie autour du monde. En France en particulier, un parti intellectuel auquel sa place dans les médias donne un pouvoir inconnu ailleurs n’en finit pas de dénoncer les méfaits de l’« individualisme démocratique » qui mine les bases de la vie civique en détruisant les valeurs collectives et les liens sociaux, et les ravages de l’« égalitarisme » qui mène droit vers un nouveau totalitarisme. D’autres découvrent dans la démocratie des penchants criminels, trouvant son origine dans la Terreur et son accomplissement dans l’extermination du peuple juif.

Ces critiques contradictoires mais convergentes ont une cause commune : le caractère profondément scandaleux du « pouvoir du peuple ». La démocratie, gouvernement de tous, est le principe qui délégitime toute forme de pouvoir fondée sur les « qualités » propres de ceux qui gouvernent. Fondée sur l’égalité de n’importe qui avec n’importe qui, la démocratie n’est ni une forme de gouvernement qui permet à une oligarchie politico-financière guidée par ses experts de régner au nom du peuple, ni cette forme de société que règle le pouvoir de la marchandise. Elle n’est portée par aucune nécessité historique et n’en porte aucune. La chose a de quoi susciter de la peur, donc de la haine, chez ceux qui sont habitués à exercer le magistère de la pensée. Dans ce livre, Jacques Rancière décrit les liens complexes entre démocratie, politique, république et représentation et aide à retrouver, derrière les tièdes amours d’hier et les déchaînements haineux d’aujourd’hui, la puissance toujours neuve et subversive de l’idée démocratique.

Jacques Rancière est philosophe, professeur émérite à l’Université de Paris VIII (Saint-Denis). Élève de Louis Althusser, il participe en 1965 à Lire le Capital avant de se démarquer rapidement de son maître. En 1974, il écrit La Leçon d’Althusser, qui remet en cause sa doctrine. À la fin des années 1970, il anime avec d’autres jeunes intellectuels comme Joan Borell, Arlette Farge, Geneviève Fraisse, le collectif Révoltes Logiques qui, sous les auspices de Rimbaud, remet en cause les représentations du social traditionnel et fait paraître une revue. (Les contributions de Jacques Rancière à cette revue ont été regroupés dans un ouvrages Les Scènes du Peuples édité chez Horlieu en 2003). Parallèlement, il se penche sur l’émancipation ouvrière, les utopistes du 19ème siècle (notamment Cabet) et commence à voyager régulièrement aux États-Unis. De ce travail naîtra sa thèse d’État parue sous le titre : La nuit des prolétaires, archives du rêve ouvrier. Un peu plus tard, dans Le philosophe plébéien, il rassemble des écrits inédits de Louis Gabriel Gauny, ouvrier parquetier et philosophe. Au milieu des années 80, il s’intéresse à un autre personnage peu conventionnel : Joseph Jacotot qui au début du 19ème siècle remit radicalement en cause les fondements de la pédagogie traditionnelle. Cette étude donnera lieu à une biographie philosophique : le Maître Ignorant. Il s’intéresse ensuite à l’ambiguité du statut du discours historique dans les Mots de l’histoire (qui dut, pour des raisons de dépôt légal paraître sous le titre Les Noms de l’histoire). À la fin de cette période, Rancière qui est également cinéphile, proche des Cahiers du cinéma, explore les liens entre esthétique et politique. Courts Voyages au pays du peuple, sous la forme de trois nouvelles philosophiques est le premier ouvrage directement consacré à ce sujet...

Principaux ouvrages

* La Parole ouvrière, avec Alain Faure, 10/18, 1976 * La Nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier, Fayard 1981, Hachette Pluriel (Poche), 1997 * Le Philosophe et ses pauvres. Fayard, 1983 * Louis-Gabriel Gauny. le philosophe plébéien, Presses Universitaires de Vincennes, 1985 * Le Maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, Fayard 1987 - 10/18 Poche, 2004 * Courts Voyages au Pays du peuple. Le Seuil, 1990 * Les Noms de l’histoires. Essai de poétique du savoir, Le Seuil, 1992 * Mallarmé, la Politique de la Sirène. Hachette, 1996 * Aux Bords du politique. Osiris, 1990, La Fabrique 1998, Folio, 2003 * La Mésentente. Galilée, 1995 * Arrêt sur histoire. avec Jean-Louis Comolli, Centre Georges-Pompidou, 1997 * La Chair des mots. Politique de l’écriture, Galilée, 1998 * La Parole muette. Essai sur les contradictions de la littérature, Hachette, 1998 * La Fable cinématographique. Le Seuil * Le Partage du sensible. La Fabrique, 2000 * L’Inconscient esthétique. La Fabrique, 2001 * Le Destin des images. La Fabrique, 2003 * Les Scènes du Peuple. Horlieu, 2003 (réédition des articles parus dans Les Révoltes logiques) * Malaise dans l’esthétique. Galilée,2004 * L’espace des mots. De Mallarmé à Broodthaers, Musée des Beaux Arts de Nantes, 2005 * La Haine de la Démocratie. La Fabrique, 2005 (sortie le 29 septembre) * Chronique des temps consensuels. Le Seuil, 2005 * Actes du colloque de Cerisy. Horlieu, 2005

Marie-José Mondzain est philosophe, écrivain et directrice de recherche au CNRS. Elle travaille depuis près de trente ans sur les doctrines de l’image. Dans son récent Commerce des regardselle démontre qu’on ne voit jamais que ce qu’on nous dit de voir. Elle a écrit de nombreux articles dans les revues nationales et internationales et elle a écrit de nombreux ouvrages dont : L’Image naturelle, Le Nouveau commerce, 1995 Image, icône, économie : Les Sources byzantines de l’imaginaires contemporain, Seuil, 1997 Transparence, opacité ? 14 artistes contemporains chinois, Editions Cercle d’Art, 1999 Ernst Pignon Ernest, 1971-2000, Galerie Lelong, 2000 L’image peut-elle tuer ?, Bayard, 2002 Voir ensemble, Gallimard, 2003 Le commerce des regards, Seuil, 2003

Fulvia Carnevale est philopsophe, enseignante à l’école des beaux-Arts de Valencienne. Elles est impliquée dans des projets coopératifs et interdisciplinaires notamment à travers le collectif artistique Clairefontaine autour de la question de l’impuissance politique dans les démocraties contemporaines.

Et bien d’autres amis qui participeront...

Renseignements et réservation :

La Fonderie 2, rue de la fonderie / 72 000 Le Mans 02 43 24 93 60 fonderie@wanadoo.fr

entrée libre Pour les repas du samedi soir et de dimanche midi, merci de réserver 48h à l’avance ( 6¤)

octobre 2005


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