Accueil > Collectifs pour une alternative antiliberale

Où en sont les collectifs unitaires anti-libéraux ?

article pour Le Sarkophage

 

Un bout d’histoire

Les collectifs unitaires anti-libéraux ont survécu à tout, même s’ils y ont laissé des plumes.

Rappelons-nous : suite au "non" de gauche au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen le 29 mai 2005, de très nombreux collectifs unitaires du 29 mai (qui rassemblaient l’ensemble de la gauche de transformation sociale : PCF, LCR, gauche du PS et des Verts, Alternatifs, républicain-es de gauche, militant-es de la décroissance, syndicaux-les et associatif-ves, non-encarté-es qui avaient repris goût à la politique à cette occasion...) se sont posés la question des échéances électorales à venir.

Mais deux appels successifs à l’unité ne purent souder ce front en une candidature commune à la présidentielle puis des listes communes aux législatives.

Néanmoins, après le lancement des candidatures d’Olivier Besancenot et de Marie-George Buffet fin 2006, une large partie des collectifs issus de ces deux appels et qui refusaient de baisser les bras proposèrent les 20-21 janvier à Montreuil la candidature de José Bové à la présidentielle.

Les collectifs qui s’engagèrent dans la campagne Bové, les comités Bové qui se créèrent à cette occasion, et ceux qui présentèrent des candidat-es aux législatives sous le label Gauche Alternative 2007 s’inscrivent donc dans le cadre de la coordination des collectifs unitaires anti-libéraux, mais depuis le 2nd tour des législatives d’autres ont pu revenir et rejoindre le regroupement. Ceci en gardant l’espoir de comprendre, puis surmonter les divisions qui avaient pu provoquer une situation pareille.

Aujourd’hui il est difficile d’évaluer combien de collectifs sont en activité après cette séquence électorale particulièrement difficile. On sait qu’ils sont présents dans une soixantaine de départements, à des stades de développement différents. Un recensement est en cours, en vue des Assises de ces collectifs qui se tiendront les 1er et 2 décembre.

Comment ça marche ?

La structuration du regroupement des collectifs est particulièrement souple, sur un modèle fédératif : localement, les collectifs sont libres de leur mouvement, et ce qui est mis en place pour leur apparition nationale est minimal.

Actuellement, la coordination des collectifs (qui réunit les délégué-es des collectifs tous les deux mois) est dotée d’un secrétariat partagé entre la région parisienne et la province, qui se réunit toutes les semaines à Paris et assure la mise en œuvre des décisions prises entre deux coordinations.

Les collectifs étant souverains, le secrétariat n’a pas vocation à être une direction politique, même si sur les sujets qui font consensus il peut prendre des initiatives, par exemple en envoyant par l’intermédiaire d’Yves Salesse à toutes les forces du "non" de gauche une invitation à repartir en campagne au sujet du nouveau traité européen.

Les situations locales sont diverses : certains collectifs sont constitués en association, d’autres pas, certains votent, d’autre pas, certains préexistaient au "non" de gauche, d’autres ont vu le jour à l’occasion de la campagne Bové, etc. Et, bien entendu, la présence des différentes sensibilités politiques que compte le regroupement, est variable localement, et chaque collectif a son histoire propre.

Le pari est fait que cette diversité est une richesse plutôt qu’un obstacle qu’il faudrait aplanir entre les membres des collectifs ! Et de cette diversité découle une règle de fonctionnement de base : la recherche systématique du consensus en préalable à toute décision, sans s’interdire pour autant de procéder à des votes indicatifs pour se sortir d’une situation de désaccord persistant.

De fait, les Assises visent à envisager ce qui pourrait être décidé pour que les collectifs soient mieux coordonnés entre eux, notamment par le biais d’une Charte de fonctionnement actuellement en discussion, qui sera précédée d’un texte d’orientation politique lui aussi en débat.

Quelles perspectives ?

Les collectifs sont impliqués dans les mobilisations contre les franchises médicales, pour la défense des services publics, dans les contre-Grenelle et les Grenelle alternatifs et citoyens, dans la bataille pour obtenir un référendum sur la ratification du nouveau traité européen afin d’imposer une autre construction européenne, dans la défense des droits des migrant-es, bref, pour une alternative à gauche, pour concrétiser l’idée qu’un autre monde est possible.

Ils demeurent force de proposition comme ils ont pu l’être par le passé avec les 125 propositions programmatiques pour les candidatures unitaires. Un espace de réflexion et d’action irremplaçable, car plus que jamais, un correspondant politique est nécessaire aux mouvements sociaux dont les membres des collectifs sont parties prenantes, car c’est bien la question de la victoire sur ce terrain-là qui est posée.

Les problématiques qui avaient commencé à être prises en compte pendant ladite séquence électorale (nécessité de lier social et écologie, alter-mondialisme, anti-productivisme, décroissance, quartiers populaires...) continuent à être débattues dans les collectifs aujourd’hui, et restent une marque de fabrique de ce regroupement.

De plus, le fait que lui seul compte actuellement dans ses rangs des électeur-rices des 3B ou des citoyen-nes ayant décidé de n’en soutenir aucun-e lui donne une responsabilité particulière dans le combat pour l’unité de la gauche de transformation sociale.

Nombre de militant-es des collectifs tirent un bilan négatif de l’attitude de la LCR et surtout du PCF dans cette séquence électorale, venant après la belle manifestation d’unité victorieuse de la campagne du référendum.

Pour autant, l’unité de la gauche de transformation sociale reste l’objectif, dans la mesure où elle apparaît comme le seul moyen de faire pièce au PS (et au social-libéralisme en général) à gauche, avec l’idée bien entendu d’imposer un rapport de forces défavorable au néo-libéralisme bêlant de Sarkozy et consorts aussi vite que possible !

Ce qui a amené les collectifs à proposer la tenue d’États généraux de la gauche de transformation sociale en 2008.

Pour plus d’informations : http://www.gauchealternative.org.

Emmanuel Chanial,

secrétariat de la coordination des collectifs unitaires anti-libéraux.

2 novembre 2007


Format imprimable

Format imprimable