A peine mise en circulation, la déclaration de « sept organisations » [1]
a donné le sentiment que quelque chose
pouvait bouger du côté de la gauche de gauche. Nous avons donc la responsabilité de confirmer que cet
espoir est fondé. Quelques éléments d’explication, puis des propositions pour consolider et avancer.Déclaration unitaire
ENFIN !
Nous avons affirmé, dés 2006, qu’il était nécessaire de faire converger dans une alliance durable toutes les
forces qui veulent une alternative sociale et écologique aux politiques néolibérales et au capitalisme en crise.
Nous voyons bien que les échecs sur cette voie ne sont pas pour rien dans l’omniprésence de Sarkozy et les
mauvais coups subis : sur le plan social, dans les atteintes aux libertés, dans la dérive autoritaire des
institutions
Nous sommes nombreux à avoir agi pour le rassemblement qui semble se dessiner. Nous ne pouvons que
nous en réjouir et souligner les idées essentielles du texte commun.
« Les forces qui composent la gauche antilibérale et anticapitaliste ont le devoir de tout faire pour battre la droite et
offrir une autre voie : un débouché politique qui permette de mettre en œuvre un programme traduisant dans les
régions les exigences populaires issues des mobilisations, un programme régional véritablement alternatif au
libéralisme et au productivisme »
Elles s’engagent donc avec la volonté de rassembler les forces associatives, citoyennes, sociales, syndicales,
écologistes, politiques... Toutes celles et ceux qui refusent les régressions de la solidarité, les inégalités et la
politique de la peur. Les élections sont un moment spécifique dans la vie politique. Les prochaines régionales
peuvent être une occasion de faire converger les espoirs des luttes aux urnes, à condition de ne pas se
contenter de vouloir « gérer ce qu’on peut », ni de « protester » sans perspective. Ce texte signé par sept
organisations et courants le 28 septembre dernier le dit bien : « battre la droite et offrir une autre voie à gauche :
un débouché politique qui permette de mettre en œuvre un programme... »
Construire une perspective pour les régionales de mars 2010 c’est aussi répondre aux attentes qui se
manifestent depuis des mois de mobilisation.
« Il s’agit, ensemble, non seulement de contrecarrer l’offensive politique de la droite et du libéralisme pour défendre les
exigences du monde du travail, encourager les résistances mais plus fortement inverser le rapport de forces dans les
urnes et dans les luttes ».
Mieux encore, pour la première fois, les différences ne sont pas gommées mais reconnues et réfléchies : « A
ce stade, nous savons que des approches différentes existent entre nous sur plusieurs points. (...) Mais nous décidons
de constituer un cadre politique national de discussion commun en vue de vérifier la possibilité d’aller ensemble aux
régionales. C’est pourquoi les partis et courants politiques réunis ce jour se sont mis d’accord pour une prochaine
réunion de notre groupe de travail (...) afin de trouver un accord »
Sept organisations ou courants ont su écrire cela ensemble.
Cela ouvre une chance : dès que quelque chose commence à bouger, autre chose peut se mettre à bouger.
CONSOLIDONS ! AVANCONS !
Cette chance ne peut exister qu’en devenant très vite l’affaire de tous. Des réunions parisiennes, dont les
comptes rendus seront publics, c’est bien. Et c’est encore mieux si des regroupements ont lieu, partout dans
les régions sur les mêmes exigences.
Des questions demeurent et ce débat à l’évidence est en cours au sein du PCF : sans listes indépendantes du
PS au premier tour, comment faire entendre la possibilité d’une politique à la hauteur des attaques développées par la droite tout en refusant une fusion démocratique avec une partie de cette même droite (le
MODEM) au second tour ?
Nous ne pouvons pas évacuer les réalités. Une fois affirmée la volonté de rassemblement d’« une vraie
gauche », celle de battre la droite, nous devons apporter une grande attention au fait que le plus souvent, une
fusion se fera entre trois listes au second tour (celle du regroupement « vraiment à gauche », celle du PS et
celle des Verts).
Nous voulons donc que, sur quelques axes décisifs, des propositions soient portées, comme dit le texte :
« Nous voulons rompre avec cette logique toujours plus folle du capitalisme productiviste. Nous voulons une politique
qui remette en cause la logique du profit pour satisfaire les besoins élémentaires et durables de la population. »
Devant la dégradation des finances publiques de l’Etat et des collectivités, il n’est pas acceptable que les français
règlent la note des dizaines de milliards d’exonérations et d’aides publiques aux entreprises. Réclamons la suppression
de ces aides dans les entreprises qui licencient pour mieux délocaliser ou qui imposent une organisation du travail
brisant les salariés. Réclamons, avec l’intersyndicale des salariés du secteur bancaire public, un pôle financier public
fort, regroupant tous les milliards donnés aux actionnaires, un outil ayant les moyens, géré démocratiquement, de
contribuer avec les Régions au maintien et à la création des emplois d’utilité sociale et environnementale. Les Régions
dans le cadre de leurs compétences doivent ouvrir de nouvelles perspectives en faveur d’un modèle économique
respectueux des salariés, des citoyens et de l’environnement.
Cette nouvelle donne territoriale passe inévitablement par la promotion de la solidarité entre les territoires. Formulons
des propositions pour combattre l’accroissement des inégalités entre des zones de grande richesse, dotées de
grand bassin d’emplois et de services publics de transports de qualité, et des périphéries qui seraient condamnées à la
paupérisation et à l’abandon.
Pour avancer dans cette voie cohérente, on ne peut faire l’impasse sur la question démocratique. Un Etat
autoritaire n’a aucun mal à s’asseoir sur les choix des élus des collectivités territoriales tant la démocratie locale
manque de souffle. Pour répondre à cette dérive autoritaire refusons les transformations des collectivités locales qui
vont dans ce sens et faisons des régions des points d’appui pour les résistances. Mais il faut aller plus loin :
rapprochons tous les citoyens de la chose publique, favorisons la réappropriation par les habitants des choix qui
les concernent. Assurons le droit des citoyen-ne-s de gérer eux-mêmes leurs propres affaires, là où les
questions se posent ; développer entre les territoires toutes les formes de solidarité qui fondent l’existence d’une
communauté ; garantissons l’efficacité de gestions publiques adaptées aux enjeux de notre époque : assemblées
citoyennes, budgets participatifs, référendums d’initiative populaire... Les organisations doivent se saisir dès
maintenant de cette problématique et la travailler au contact du mouvement social dans sa globalité.
Cette question de la démocratie ne peut se penser sans retisser le lien avec le projet culturel, indispensable à
la compréhension du réel, à la formation des êtres humains, à la rencontre de l’autre et au vivre ensemble.
Donnons les moyens à toutes et tous de décider dans un domaine aussi essentiel que leur formation.
de vrais moyens à un développement croisé de la création artistique, de l’appropriation par tous des arts et des
cultures, par l’enseignement, les pratiques amateurs et professionnelles, et l’éducation populaire et par la promotion de
la diversité culturelle.
La préparation des régionales, la discussion des priorités et des implications des mouvements sociaux dans ces
projets, voilà, dès maintenant, une façon de construire une réponse à l’opposé des ruptures que Sarkozy impose et
veut aggraver.
Agissons tout particulièrement aux côtés de celles et ceux qui sont frappés par des licenciements, par les politiques
sécuritaires et pour une action des précaires et des chômeurs.
L’ampleur de la tâche n’invite pas à l’attentisme. Ces positions doivent être mises en débat à l’intérieur du cadre
national mis en place par la déclaration du 28 septembre, et un socle de propositions partagées par l’ensemble des
composantes de la gauche de gauche doit en émerger.
Une porte vient de s’ouvrir pour un rassemblement large d’opposition à un système libéral et productiviste.
Mobilisons nous à tous les échelons pour ne pas la laisser se refermer. Une dynamique d’espoir peut
véritablement s’enclencher.