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Quatre dimensions pour des candidatures unitaires antilibérales efficaces

suivi de "suite à l’article de Besancenot dans le Monde"

 

Est il possible en 2007, aux législatives et aux présidentielles, qu’une dynamique rassemblant la gauche sur un projet antilibéral l’emporte ?

C’est en se donnant cette ambition là, cette démarche, que des candidatures unitaires antilibérales peuvent être utiles, en répondant véritablement à l’attente populaire.

S’il s’agit seulement de « se compter » par rapport au PS, pour ensuite se retrouver dans des alliances dominées par le social libéralisme, impuissantes à transformer la réalité, cela ne servirait à rien.

S’il s’agit seulement de créer un « pôle de radicalité » à la gauche de la gauche, de creuser une ligne de démarcation au sein de la gauche, en théorisant l’impossibilité de la rassembler toute entière sur une perspective antilibérale et en s’interdisant toute perspective de rassemblement majoritaire, cela ne servirai à rien non plus.

Ni alignement sur une gauche du renoncement, ni marginalisation dans une contestation étroite. Les candidatures unitaires doivent être un moyen d’ouvrir la voie à une concrétisation politique des aspirations portées par les luttes sociales dans le prolongement de ce qui a fait le succès du 29 mai.

Des repères fondamentaux

Lors du référendum du 29 mai, si le Non a réalisé 55%, on estime à 35% l’influence du Non de gauche. Populaire et majoritaire dans tous les électorats de gauche, il s’est accompagné d’une participation accrue.

Le clivage « Oui/ Non » du 29 mai n’est pas le seul critère politique pertinent. Il y a des Non populistes et xénophobes avec lesquels nous n’aurons jamais aucun point commun. Inversement il y des Oui avec lesquels nous nous sommes retrouvés dans la luttes contre la directive Bolkestein ou le CPE, sur une base antilibérale. Il faut donc croiser les critères « oui/ non » et « gauche/droite » dans une dynamique politique.

La force du peuple : un des enseignements de la lutte contre le CPE c’est qu’un peuple en mouvement amène les Etats Majors à éviter les renoncements.

Contrairement au mouvement sur les retraites, une unité syndicale a pu être maintenue. Ainsi que l’unité de l’ensemble des formations de gauche. Cela tient probablement peu à une conversion miraculeuse des directions du PS et de la CFDT à un antilibéralisme conséquent. Cela tient à ce que la force d’un peuple en mouvement est irrésistible.

C’est pour cela que l’énoncé qu’il serait « illlusoire et dangereux de vouloir rassembler toute la gauche sur des bases antilibérales » [1] me semble défaitiste et passer à côté de ce qui peut être une aspiration majoritaire à gauche.

C’est, me semble-il, au contraire l’ambition qu’il faut se donner pour réussir et gagner.

Aux échéances de 2007, aux législatives et à la présidentielle, il est souhaitable qu’il y ait lors des premiers tours, un-e candidat de la gauche d’adaptation et un-e candidate de la gauche de transformation.

Depuis plus de deux décennies, les idées d’adaptations et de renoncement face à la rentabilité financière et au libéralisme ont pris le pas à gauche sur les idées de transformation sociale. Cette évolution a conduit à des malheurs grandissants dont le 21 avril 2002.

Les candidats de la gauche de transformation seront entendus et efficaces s’ils se placent dans une démarche interpellant toute la gauche et visant à son rassemblement sur une base antilibérale.

Sinon ils nourriraient par étroitesse, même sans le vouloir, le vote utile pour le PS contre la droite. L’objectif doit bien être un « changement de la donne » à gauche et un « bougé des lignes » en son sein, comme au sein de toutes ses composantes, en faveur d’un rassemblement de toute la gauche sur une base antilibérale.

La question du sens et de la démarche des candidatures antilibérales est essentielle. Leur principe ne pose pas de problème mais leur démarche fait par contre, à l’évidence, question.

Etre utile aujourd’hui pour les candidatures unitaires, c’est mettre en débat public cette dimension.

Des échanges souvent contradictoires qui ont lieu à Nice et dans les Alpes Maritimes, quatre dimensions émergent pour l’efficacité de telles candidatures antilibérales.

-  1-la clarté sur la volonté de chasser la droite. Cela n’implique pas forcement un accord de gouvernement entre les forces antilibérales et la « gauche d’adaptation » incarné par la direction actuelle du PS, mais lève toute ambiguïté vis à vis d’éventuels seconds tours face à la droite.

-  2- la volonté de prolonger et d’élargir la dynamique du 29 mai. Dynamique populaire, citoyenne, diverse, rassembleuse et gagnante. En tenant compte que le Non a été majoritaire dans tous les électorats de gauche.

-  3- l’engagement de ne pas aller au gouvernement sous hégémonie sociale libérale ce qui serait source de nouvelles déceptions.

-  4- l’ambition de « changer la donne » à gauche avec la volonté de la rassembler toute entière à partir d’un projet antilibéral. Ambition indispensable à la constitution d’une majorité d’union populaire.

Ce qui implique le refus de « jouer petit bras » comme si les idées antilibérales devaient se cantonner dans un pôle de radicalité à la gauche de la gauche, ainsi que la confiance dans la force du peuple pour bousculer les obstacles, y compris ceux que représentent les options sociale libérale de la direction actuelle du PS.

N’ignorer aucune de ces quatres dimensions me parait essentiel.

Or ce n’est pas sans inquiétude que je constate que dans « l’appel pour des candidatures unitaires en 2007-2008 » seules les dimensions 2 et 3 sont énoncées ; la première et la quatrième sont ignorées.

Et, dans des textes mis en diffusion sur les réseaux, par exemple « l’appel de Cergy » dans le Val d’Oise, une tendance à l’étroitesse marque également le texte.

Enfin je m’interroge sur la présence et la signification de l’année 2008 dans l’appel.

2008, ce sont notamment les élections municipales, et par exemple à Nice face à Peyrat, il me semble souhaitable de parvenir à un contenu et à une démarche permettant un rassemblement de toute la gauche sur une seule liste. Et, surtout pas de faire le cadeau à Peyrat de deux listes de gauche. Et il en va ainsi dans de nombreuses communes des Alpes Maritimes. Et je pense de France.

Jean Paul Duparc- Nice- Alpes Maritimes. Le mercredi 3 mai 2006.

Et, suite à l’article de Besancenot dans le Monde

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il est évident qu’il ne s’agit pas de « convertir la direction du PS à l’antilibéralisme », ni de faire « une synthèse entre l’anti-libéralisme et le social-libéralisme ».

Mais ces visions me paraissent bien statiques et façon « guerres des tranchées ».

Par ailleurs, l’invitation élargie à Laguiller, alors que LO ne se départit nullement de son discours populiste qui renvoie gauche et droite dos à dos, rend de toutes les façons improbable « la bouffe à quatre » dont il est question dans l’article de Besancenot.

Il s’agit plutôt de prendre appui sur les aspirations du salariat et du peuple, aspirations majoritaires y compris dans l’électorat socialiste, pour amener à des bougés, et des bougés qui, bien sur, resteront toujours un combat.

Il s’agit de sortir la gauche d’un jeu mortifère qui allie à la fois la LCR et le PS. « Jamais avec le PS » dit la LCR car « ce sont des sociaux libéraux ». « Jamais avec la LCR  » dit le PS car «  ils ne veulent pas gouverner  ».

A ce jeu, chacun peut prospérer dans son espace sans gêner l’autre. Le PS en cultivant le vote utile. La LCR en affichant une radicalité à 100%. Mais, à ce jeu de dupes, l’ensemble de la gauche y perd, et le peuple avec elle, par l’absence de véritable perspective politique transformatrice et d’union populaire majoritaire.

C’est pour cela que l’appel lancé par le Congrès du PCF me semble plus dynamique dans sa démarche et moins étroit dans son objectif.

C’est pour cela aussi que je souhaite que la Charte antilibérale qui sera adopté le 13 mai prochain serve bien à interpeller toute la gauche sur ce que doit être une politique de gauche aujourd’hui, à chaque force politique de se déterminer vis-à-vis de ce contenu. Mais avançons cette Charte avec cette ambition et cette portée.

C’est aussi ainsi que nous ne laisserons pas tranquille le social libéralisme.

3 mai 2006

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Notes :

[1] adresse de la Lcr aux militants communistes


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