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La droite se déchaîne contre les pauvres

 

On savait que les salariés étaient depuis longtemps considéré par le capital et les politiques à ses ordres comme « variable d’ajustement » négligeable. C’est ce qui justifiait les licenciements par milliers . Ceci en disait déjà long sur la façon de considérer les salarié(e)s.

Mais avec la crise les politiques de droite au service des intérêts financiers se déchainent. Faire la chasse aux pauvres - « tous fraudeurs  » comme chacun sait- ne sert qu’accessoirement à faire rentrer de l’argent dans les caisses pour se payer un « AAA ».

L’arrêt de maladie atteinte à la solidarité nationale

Les arrêts de maladies dits « injustifiés ou trop longs » ou « "inadaptés ou injustifiés" » ne représente que moins de 15%. Les termes officiels ne font pas référence à une idée de fraude c’est à dire d’un délit dont le médecin, ou le salarié, se rendrait coupable. Les médecins conseil de la sécu ou les médecins-contrôleurs du patronat ne décrivent que des insuffisances de services rendus par les arrêts de maladie (il faut bien sauvegarder la solidarité entre médecins et admettre que la médecine n’est pas une science exacte).

Ceux qui (médecins compris) remettent en cause les arrêts de maladies ne raisonnent que sur l’appréciation abstraite d’un pathologie (une grippe c’est tant de jours) sans tenir compte de la situation du malade ( antécédents, situation personnelle ou au travail...)

Cette façon de normaliser ainsi les maladies est déjà dénoncées par nombre de personnels de santé dans son application hospitalière (la tarification à l’acte ou T2A).

Personne ne pourra donc établir une intention frauduleuse sur un arrêt de maladie.

Pourtant la majorité relance la thématique des fraudes, ciblant cette fois les abus liés aux arrêts de travail. "Les contrôles vont être beaucoup plus importants et, en plus, si vous êtes pris, vous rembourserez", a même averti Xavier Bertrand, ancien assureur, à RTL, dimanche 13 novembre. Certains vont même jusqu’à proposer une amende pour les bénéficiaires d’arrêts jugés « injustifiés, trop longs ou inadaptés ».

Ainsi des salariés seraient pénalisés, rendus responsables d’erreurs d’appréciation médicale de leur médecin erreurs jugées telles par le médecin conseil de la sécu ! Les salariés seraient sanctionnés pour un acte qu’ils n’ont pas commis mais qui a été commis par un tiers.

Voilà une bien curieuse conception de la responsabilité et de la justice !

A ce jour personne n’a proposé de condamner l’auteur de l’arrêt de maladie c’est à dire le médecin. Chacun connait l’importance et l’efficacité du lobby des médecins dans cette majorité, mais ce n’est pas là l’explication. Les médecins et les médecins députés savent bien que ce terrain de la faute n’est pas tenable juridiquement et du point de vue de l’état de la connaissance.

Alors pourquoi les roquets de l’UMP aboient si fort après « les fraudeurs à l’arrêt de maladie  » ?

C’était pour préparer le terrain à Sarkozy, imposer ce thème dans le débat public (Le Maire sur France inter prétend qu’on ne parle que de ça -ou presque- dans les campagnes et les quartiers).

Et l’on a une dramatisation des conséquences sur l’ensemble de la société, de cette forme de terrorisme qu’est l’arrêt injustifié.

Et voilà le président de la république soi-même qui monte au créneau avec des accents martiaux : "Frauder, que dis-je, voler, voler la Sécurité sociale, c’est trahir la confiance de tous les Français et c’est porter un coup terrible à la belle idée nécessaire de solidarité nationale"ou bine encore "La fraude, c’est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l’esprit de 1945. C’est la fraude qui mine les fondements même de (la) République sociale".

Sarkozy- le bras politique du MEDEF qui veut liquider les acquis de la période de la libération- à la défense de la solidarité de l’esprit du CNR ! http://www.actuchomage.org/20111116...

On croit rêver et puis on découvre les mesures annoncées : travail obligatoire pour les condamnés au RSA déjà avancé par Wauquier dénonçant à la vindicte populaire ces rentiers paresseux, et un haut conseil sur le financement de la protection sociale c’est à dire la démarche inverse du conseil national de la résistance qui privilégiait lui, la création du droit à la santé sans poser le financement en préalable. [1]

 Jours de carence

Mais surtout les mots ronflants de Sarkozy préparaient la grande mesure sociale du gouvernement annoncée simultanément : l’augmentation de jours de carences et la création de ce jour de carence pour les fonctionnaires.

"Si jamais, quand vous tombez malade, cela n’a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n’est pas très responsabilisant  »a déclaré Wauquier sur RMC-BFM TV. Et il ajoute : "Il faut qu’il y ait un petit (c’est nous qui soulignons) signal Quelqu’un qui est en arrêt maladie, il faut qu’il se rende compte".

On voit bien l’objectif de ce discours ordurier : faire culpabiliser les salariés et les conduire à faire des sacrifices être "celui qui joue le jeu, qui, quand il est un petit peu malade, fait l’effort d’aller au travail"

Autrement dit notre ministre encourage les gens à ne pas se soigner, à différer les soins et cela uniquement pour faire faire des économies à la sécu.

Ce discours est non seulement l’expression d’une ignorance crasse, de la part de quelqu’un qui paraît il s’occupe de l’enseignement supérieur et de la recherche, sur les conséquences pour la santé publique que peut avoir cette chasse aux arrêts de maladie ( les contrôles sont accentués depuis longtemps).

Il est aussi l’expression du mépris pour le peuple et ses conditions de vie : l’UMP propose allègrement que les salariés perde 18% de leur salaire. Pour un Smicard qui va perdre ainsi plus de 150 € imaginent’ils ce que cela peut représenter de difficultés ? [2]

Bien sur, vont ils nous dire, une bonne part des salariés sont couverts par des conventions collectives qui prévoient le paiement par l’employeur des jours de carence. La réaction du patronat montre que, comme c’est déjà engagé dans de nombreuses conventions, cette prise en charge va être réduite voire supprimée. Les contrôles des médecins patronaux vont s’accentuer.

Tout ceci ne peut qu’aggraver la dégradation de l’accès aux soins qui est déjà une réalité.

D’après une étude réalisée pour l’AG2R la question du niveau de vie inquiète désormais 21% des sondés tout comme la peur de ne pas disposer de moyens financiers pour se soigner (19%). Voilà quatre ans, ils étaient 13% à craindre pour leur revenu et autant à se soucier de leur capacité à faire face aux frais de santé. Dans ces conditions 32% des personnes interrogées se disent prêtes à renoncer à une mutuelle.

On voit bien que nous allons vers une dégradation de l’état sanitaire.

Quel gain, quelle utilité ?

La Tribune du 16 novembre annonce une économie attendue de 440 millions d’euros grâce à ces mesures scélérates.

Ce qui suppose une réduction très importante des arrêts. Ce calcul comptable laisse complétement de côté les coûts induits par une dégradation des soins .

Mais tout à leur politique de "faire payer les pauvres et eux seuls", ils ne rendent même pas compte que l’imbécilité de cette proposition est criante.

Ces mesures ne sont pas celles qui pourraient permettre de faire faire à la sécu des économies qui seraient justifiées, ne retenons que deux exemples.

Un seul médicament contre le cholestérol coute 484.7 millions d’euros de remboursement. Sur une dizaine de médicaments chers ce sont 2 milliard d’euros, dont une partie pourraient être récupérée sans dommage pour les patients. Rien n’est fait dans ce domaine sauf quelques mesurettes sur les génériques.

Les gains escomptés de cette lutte contre le droit à l’arrêt de maladie sont ridicules comparés à ceux que pourraient donner une lutte résolue contre une des fraudes sociales patronales la plus scandaleuse ; le travail au noir. D’après le député UMP Dominique Tian, auteur d’un rapport sur la question en juin, : "entre 10 et 12 % des entreprises sont en infraction et 5 % à 7 % des salariés ne sont pas déclarés". Ceci représenterait, d’après le même rapport 9 à15 milliards d’euros de manque à gagner fiscal par an, soit 20 à 30 fois plus. On attend toujours un plan de lutte contre ce travail au noir organisé par le patronat.

Alors s’agit il vraiment de trouver des ressources ?Veulent ils faire des économies ou faire encore plus baisser le cout du travail et sa part dans la richesse ?

Si je vous disais : en même temps a été annoncée une autre mesure, dont le chasseur de pauvres, Wauquier, est l’initiateur, la mise au travail obligatoire des bénéficiaires du RSA pour que dalle.

Cela vous aide t’il à trouver la réponse ?

17 novembre 2011

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Notes :

[1] petit rappel historique pour ceux qui veulent s’accaparer l’esprit du CNR :la France de 1945 qui a crée la Sécurité sociale sortait de:4 années de guerre et d’occupation (avec les destructions considérables), 4 années de pillage par les allemands à raison de 400 millions de francs/jours au titre de frais d’occupation (certes en partie "réinvestis" chez de « bons français »), une guerre civile, 4 ans de dictature soutenue très largement par la droite et le patronat... mais elle a crée la Sécurité sociale. )

[2] quand on lit dans WIKIpedia la notice sur Wauquiez on comprend tout : "Il est issu d’une famille d’industriels installée dans la région de Tourcoing, créateurs d’une tannerie en 1895, reconvertie en chantier naval en 1965 à la suite du déclin de l’industrie du textile. Il est le fils de Philippe Wauquiez, ancien directeur d’Indosuez Scandinavie et gérant d’une société de conseil en investissement..".La « droite sociale » qu’il anime fait du social ...uniquement pour les riches


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