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Goldman Sachs à la présidence de la BCE..

..et les cochons seront bien gardés

 

Trichet est sur le départ, nous n’allons pas le regretter. Toutefois son remplaçant, le poulain de Berlusconi auquel Sarkozy s’est rallié contre la promesse d’une place pour la France, Mario Draghi est un ancien de la Banque (avec un grand B comme ils disent) Goldman Sachs. Voir par exemple http://www.agoravox.fr/actualites/e...

A priori Draghi a tout pour plaire, candidat à la tête de la BCE, il a « fait bon effet aux députés européens  » comme le dit le site du parlement européen. Qui poursuit : «  Ses compétences ont été largement appréciées par les députés et une grande majorité a soutenu sa candidature  ».

Dans son très long curriculum vitae figurent des titres de gloire libéraux :

gouverneur de la Banque d’Italie

administrateur à la Banque mondiale.

président de la commission italienne de privatisation,

à la tête de la délégation italienne lors des négociations du traité de Maastricht.

et d’autres ...

Toutes fonctions où il a pu développer un zéle pour mettre en place les politiques libérales.

Mais le document du parlement européen mentionne aussi sans le développer que Draghi a été de 2002 à 2005, vice-président et directeur général de Goldman Sachs International.

Or Goldman Sachs est cette banque qui a largement participé à camoufler les politiques aujourd’hui reprochées à la Gréce. Draghi s’est défendu d’avoir eu connaissance des ces opérations financières ces « contrats ont été signés avant mon arrivée à la banque »

Cette banque est aussi aujourd’hui aussi visée par le procureur de New York et fait l’objet de demandes d’informations de la justice de l’Etat de New York portant sur ses activités dans les dérivés de crédits immobiliers avant la crise, en liaison avec le rapport publié par la sous-commission des enquêtes du Sénat sur le rôle de Wall Street dans l’effondrement du marché américain du logement.

Ce rapport, qui accuse Goldman Sachs d’avoir trompé des acheteurs de titres adossés à des prêts hypothécaires, a été transmis par le Sénat à plusieurs juridictions.

Malgré cela, au moment même où les dirigeants européens demandent au peuple grecs des sacrifices pour payer les conséquences de ces opérations financières, la candidature de Draghi ne fait pas problème, ni pour les gouvernement, ni pour la majorité du parlement, incapables de ses rendre compte ce qu’une telle décision a d’insultant pour les peuples.

Il est vrai que Draghi et les autres n’ont rien à faire de ce que pensent ces peuples .

De ce point de vue il est instructif de lire dans le « projet de rapport sur la recommandation du Conseil concernant la nomination du président de la Banque centrale européenne  » les réponses aux questions sur « le fonctionnement de la BCE et responsabilité démocratique et transparence ».

Le texte complet sur http://www.europarl.europa.eu/meetd...

36. La BCE s’est longtemps montrée réticente à l’idée d’accepter la demande du Parlement européen visant à faire publier les procès-verbaux des réunions du Conseil des gouverneurs. Quels sont, à votre avis, les obstacles et les inconvénients d’une telle publication ? Seriez-vous favorable à la publication par la BCE des procès-verbaux des Conseils des gouverneurs dans un avenir proche ?

Réponse :

Une banque centrale indépendante doit respecter ses exigences en matière de responsabilité juridique. La responsabilité est une condition fondamentale et un élément essentiel de la légitimité démocratique ; elle impose une discipline à une banque centrale indépendante afin qu’elle s’acquitte de ses missions selon les normes de professionnalisme les plus élevées (...) le statut dispose que les procès-verbaux des réunions sont confidentiels. La responsabilité devrait consister à fournir à la population les informations lui permettant de comprendre les décisions du conseil des gouverneurs en matière de politique économique. À cet égard, la publication d’informations trop détaillées pourrait même être contreproductive.

En d’autres termes notre responsabilité est d’être des techniciens qui doivent essayer de faire comprendre au bon peuple leur difficile travail. Mais trop de clarté et de transparence fournirait trop d’informations à ce peuple qui risquerait alors de se mêler de nos affaires.

Dans la série défense de l’opacité des décisions de la BCE Draghi persiste et signe :

37. Quelles conclusions tirez-vous de la comparaison entre les politiques de transparence de la banque fédérale américaine et de la BCE ? Que pensez-vous de la publication par la Fed ou la Banque d’Angleterre des procès-verbaux de leurs réunions ? Pensez-vous que cette politique pourrait être appliquée par la BCE ?

Réponse :

À mon sens, la transparence est indispensable aux banques centrales souhaitant assurer la stabilité des prix,(...). La BCE, la Fed et la Banque d’Angleterre figurent aujourd’hui parmi les principaux chefs de file au monde en matière de transparence des banques centrales.

La transparence exige d’une banque centrale qu’elle explique clairement la manière dont elle interprète son mandat et qu’elle soit disposée à donner des informations sur ses objectifs politiques afin d’aider la population à suivre et à évaluer les réalisations de la banque centrale.

Les trois banques centrales, à savoir la Fed, la Banque d’Angleterre et la BCE, ont souligné l’importance d’une communication efficace et d’une bonne interaction avec la population.Pour le comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, qui pratique la responsabilité individuelle, il est parfaitement logique de publier les procès-verbaux des réunions politiques. En ce qui concerne la Fed, la publication des procès-verbaux est une exigence formelle, mais le détail des votes publié ne reflète pas nécessairement la diversité des avis (...) la BCE est tenue d’assurer la confidentialité des délibérations du directoire, ce qui permet à ce dernier de prendre ses décisions en matière de politique monétaire en toute indépendance. Toutefois, la BCE emploie d’autres moyens de communication qui fournissent des informations comparables aux procès-verbaux des autres banques centrales mentionnées.

Pourtant le transparence dans un cadre démocratique est assez bien précisée si le verbe permettre était utilisé au lieu de celui, plein de condescendance d’aider. Malheureusement la suite n’est pas à la hauteur de ces ambitions. Dans ce verbiage utilisé pour refuser la publicité des délibérations, il n’est pas fait allusion à l’information démocratique des citoyens qui ont le droit de savoir ce qui se délibère en leur nom, mais de communication : il est intéressant de voir que le secret des délibérations , s’affranchir de tout contrôle démocratique, est présenté comme la garantie de l’indépendance de la BCE, prévue dans les traité.

On ne saurait mieux dire que le fonctionnement des instances européennes a bien peu de chose à voir avec la démocratie !

Alors oui les députés et les gouvernement et la commission européenne ont bien raison d’apprécier Draghi, c’est bien un des leurs et il garantie la continuité avec Trichet et toutes les politiques suivies.

Tant pis pour les grecs mais aussi pour nous tous (et pas seulement les PIGS) en Europe qui n’avons pas la chance d’appartenir au sérail, aux multinationales bancaire et aux plus riches

24 juin 2011


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