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Plus la manipulation est grosse, plus elle a de chances de paraître innocente !

 

L’illusion d’un CDI

Brusquement la droite découvre la précarité, l’horreur du CDD après avoir dit pendant des années (avec une partie de la gauche d’ailleurs !) qu’un sous emploi valait mieux que pas d’emploi du tout en ignorant que beaucoup de chômeurs sont précaires ( plus de 40% des inscriptions à l’ANPE sont des fins de contrat précaire).

Villepin propose donc aux jeunes un CDI mais qui offre moins de garanties que les CDD. Villepin nous propose de revenir à la situation d’avant 1973 où le contrat de travail pouvait être rompu « à l’initiative d’une des parties » c’est à dire que l’employeur n’avait aucune raison à donner pour un licenciement. La loi du 13 juillet 1973 imposait une « clause réelle et sérieuse » pour justifier le licenciement.

Le CPE rétabli le pouvoir absolu du patron, supprimant les garanties des salariés.

Un « CDI » Villepin pire qu’un CDD

Aujourd’hui le CDD est un contrat d’exception qui est soumis à des règles, insuffisantes certes, mais qui sont malgré tout plus protectrices que le CPE (CNE).

Si l’employeur vous embauche pour 6 mois, sauf en cas de faute grave, il est obligé de vous payer jusqu’à la fin du contrat : pour un CDD de 6 mois à 1000€,rompu au bout de 2 mois , vous touchez 6000€ ( avec une prime de précarité de 10% sur 6mois = 6600 €)

Un CPE dans les mêmes conditions, vous toucherez 2160 € (avec une prime de précarité de 8% sur 2 mois ). L’indemnisation minable de 490 € n’est versée qu’après 4 mois (et pour 2 mois maxi)

C’est ce que l’UNI appelle « une véritable avancée sociale » !!!en oubliant de préciser « pour les patrons »

Les frères Sarko nous le disent « il est aberrant d’avoir à payer une prime au salarié pour le seul motif que son contrat arrive à expiration. Cette prime de précarité d’inspiration bolchevik n’a plus lieu d’être dans notre économie libérale. Un salarié embauché en CDD ou en intérim devrait être reconnaissant à l’entreprise de lui fournir du travail, ne fût-ce que pour une période limitée. ".(Guillaume).

Selon Nicolas Sarkozy, "cette prime de précarité se concevait lors des périodes de plein emploi où l’embauche des salariés intérimaires ou en CDD était exceptionnelle. Actuellement les entreprises rechignent à conclure des contrats de travail à durée indéterminée (CDI) et préfèrent recourir à des CDD qui permettent de se séparer plus facilement d’un salarié. Or l’existence de cette prime de précarité décourage nombre d’employeurs à avoir recours à un CDD.".

Sarko l’a rêvé Villepin l’a fait !

Les avancées affichées ne sont que de la poudre aux yeux

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Accès au crédit bancaire (quelle banque sera assez stupide pour le prendre un CDI normal ?) Locapass pour l’accès au logement (les agences n’en veulent pas, pourquoi le feraient-elles moins pour des contrats aussi précaires que le CPE ? Les périodes de stages comptées dans l’ancienneté ...il suffira de ne pas embaucher un CPE qui aura été stagiaire...

Mais pourquoi une telle ségrégation ?

Ce dispositif fait des jeunes des salariés de seconde zone, des salariés en précarité obligatoire ( tout comme le CNE pour les chômeurs.)

Le patronat craint la baisse du chômage, inéluctable grâce au départ en retraite des salariés nés au moment du Baby boom, et qui offrira des possibilités de négociation accrues aux salariés.

C’est l’utilisation du chômage de masse qui lui a permis de faire baisser considérablement la part des salaires dans la richesse depuis 20ans. Toute amélioration de l’emploi est une catastrophe si ne sont pas mis en place des mécanismes légaux qui rendent plus difficiles pour les salariés la négociation de leur contrat : l’insécurité sociale doit se maintenir et le CPE est un des outils du maintien de cette insécurité du salarié.

Déjà la réforme des retraites ( Balladur pour le privé en 1993 puis Fillon) vise à faire rester au travail des gens qui devaient partir : tout le monde sait que la prolongation des carrières exclue les jeunes du marché du travail.

La reprise de l’emploi des années 2000 avait déjà conduit le patronat à mettre en place des dispositifs comme le PARE pour obliger les chômeurs à prendre n’importe quel emploi à n’importe quel prix.Car sous prétexte d’accompagnement personalisé c’est la généralisation du contrôle, l’orientation forcée vers les métiers en tension parce que mal payés et onffrant de mauvaises conditions

Maintenant le CPE, le CNE organisent l’obligation de la précarité au moment où elle pouvait se réduire pour les jeunes et les chômeurs.

La prochaine étape sera , sous prétexte d’égalité, de mettre fin pour tous aux protections contre le licenciement qu’offre aujourd’hui le CDI.

Vous n’êtes pas obligés d’être aussi bêtement naif qu’un jeune UMP ci dessous vous tourverez un exemplaire de la pub gouvernementale en faveur du CPE (sur le site du ministère du travail). Diffusez sans modération !

12 mars 2006


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