Accueil > Penser Global

Et les déjà-précaires ?

courriers d’Eric

Voila deux courriers. Ils ont le mérite de dire brutalement les choses :cette solitude terrible de ceux qui sont trop largement laissés pour compte y compris dans des grands mouvements sociaux comme celui ci. Cette solitude qui est encore pire face au "tous ensemble" enthousiaste des autres.

En même temps Eric sera là mardi : la coupure n’est pas totale.

Alors toutes et tous nous devons nous dire : les chômeurs y pensons nous ?

 

Bonsoir,

Juste pour vous dire, et les chomeurs vous y avez pensé ?

Je suis chomeur et je n’ai pas tellement l’impression d’être représenté par la mobilisation anti CPE/CNE pour le moment.

On est quand même 3 millions en France à bien savoir ce que précarité veut dire or il n y’a pas un seul syndicat ou presque qui ne nous ait ouvertement invité à rejoindre le mouvement à l’heure d’aujourd’hui.

Je n’ai en tout cas entendu aucune déclaration qui aille dans ce sens. J’ai été aux premières manifs et à vrai dire, je me suis sentit tellement seul que je ne sais pas si j’irai à celle de mardi.

Bref, c’est peut être un peu présompteux de ma part que de dire celà mais je pense qu’il y’a là matière à réflection.

Cordialement, éric.

Bonsoir,

A froid, après relecture, je trouve que ma réaction était un peu vive, un brin épidermique. Elle mériterait donc effectivement d’être reformulée, mieux argumentée, plus longue aussi.

Néanmoins elle a le mérite de bien refléter l’état d’esprit dans lequel je me trouve aujourd’hui.

Celui d’un chômeur longue durée, non qualifié avec peu d’expérience professionelle et n’ayant pas l’impression d’être correctement représenté, ni par des étudiants qui tentent de négocier - ce qui est bien légitime - leur diplôme au meilleur prix, ni par des salariés qui eux défendent leurs emplois.

C’est surement égoiste de ma part, mais quand par dessus le marché, je vois la droite libérale tenter de récupérer mon désespoir en confondant envie de travailler et mûr pour les travaux forcés, alors là, j’entre en colère.

J’ai vraiment l’impression d’être entre le fer et l’enclume. Le cauchemar des premiers et le faire valoir des seconds.

Je pense que vous me comprenez. "Solitude", vous avez d’ailleurs trouvé le mot juste. Bref, vous pouvez donc publier mon mail sur votre site, je n’ai pas à en rougir.

PS : je suis de tout coeur avec vous et je ferai quand même l’effort d’aller donner de la voix à la manif ce mardi.

Cordialement, éric.

3 avril 2006


Format imprimable

Format imprimable