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Oui, Sarkozy a des résultats !

Hélas !

 

Avec la défaite annoncée aux régionales, avec la crise politique de la majorité, avec la perte d’hégémonie de Sarkozy sur la droite et dans l’opinion, certains voient la chute inéluctable du néolibéralisme s’accentuer.

Selon les mêmes, la machine sarkozyste tournerait à vide et l’annonce dans l’interview au Figaro « d’une pause dans les réformes  » semble confirmer cette hypothèse d’un échec total du sarkozysme.

Je ne veux pas nier la crise politique dans l’ensemble de ses dimensions : crise de la droite, crise de la représentation politique, crise de la pensée unique néolibérale, crises institutionnelles en France et en Europe...

Toutefois, il serait dangereux de penser que ces crises ouvertes depuis un an continuent de se développer et nous ouvrent grand les portes.

Il nous faut rompre avec un certain déterminisme économique, celui qui a fait que la gauche communiste entre les 2 guerres voyait dans toute aggravation de la crise économique une avancée pour les révolutionnaires avant de se rendre compte que le fascisme était autre chose que la social démocratie.

La dégradation des situations sociales n’est pas synonyme de révoltes collectives, annonciatrices et porteuses d’aspiration au changement social vers le socialisme. Elle peut être régressive en détruisant les solidarités, les collectifs... et en proposant des réponse communautaristes, nationalistes xénophobes.

Il nous faut rompre aussi avec l’illusion que la crise politique qui se développe en France depuis un an, avec la chute du masque du président du pouvoir d’achat, aurait paralysé l’intervention publique et réduit la marge de manœuvre des néolibéraux.

Le sarkozysme continue à nuire !

Dans le même numéro du Monde deux titres le résument, l’offensive néolibérale continue pendant les discours sur la moralisation du capitalisme et malgré les difficultés que la nouvelle situation économique et sociale pose au gouvernement en particulier en rendant difficile « le travailler plus pour gagner plus »

Les super-riches sont de retour

321 500 : le nombre d’emplois détruits en France en 2009

Sans minimiser les effets de la crise sur les pertes d’emploi, la juxtaposition des ces deux informations éclaire de manière particulièrement crue la réalité de la contre révolution néolibérale à l’œuvre qui s’est exprimée de manière décomplexée dans le programme de la droite aux présidentielles de 2007.

Les riches sont de plus en plus riches : cocorico !

Selon le classement du magazine Forbes, qui fait autorité chez les riches, ans une Europe qui dénombre 248 milliardaires, France n’en détient «  que » 10.

Mais le Français Bernard Arnault, , propriétaire du groupe de luxe LVMH (Louis Vuitton, Moët & Chandon notamment), détrône l’Allemand Karl Albrecht, prend la septième place et devient l’homme le plus riche d’Europe avec une fortune estimée à 27,5 milliards de dollars, en hausse de 11 milliards en un an !

Les 9 autres sont les suivants :

17ème Liliane Bettencourt 20.0 milliards, 22.9 et même rang en 2008

77 ème Francois Pinault & family 8.7 milliards, 16.9 et 39 ème rang en 2008

89 éme Serge Dassault & family 7.6 milliards, 9.9 et 84ème en 2008

93 Alain & Gerard Wertheimer 7.5 milliards 58éme 12.9 en 2008

173 Jean-Claude Decaux & family 4.6 milliards

212 Alain Merieux & family 4.0 milliards

277 Martin & Olivier Bouygues 3.4 milliards

437 Pierre Bellon & family 2.2 milliards, et le plus pauvre de nos milliardaires :

880 Marc Ladreit de Lacharriere 1.1 milliards

Il faudrait rajouter les entreprises, dont celles des amis du président, et certains dirigeants ( voir les résultats des membres de ce club fermé qu’est le CAC40).

Certes, Bernard Arnault semble une exception avec ses gains et sa progression au classement, mais dans l’ensemble les très riches en France maintiennent leurs positions même celles et ceux qui perdent.

Dans les 5 premiers, ceux qui perdent le plus sont les Wertheimer, émigrés aux USA, qui perdent 40% contre seulement 23% au pauvre Dassault qui a tant de mal avec ses « rafales » que Sarkozy a pourtant essayé de fourguer auprès de Lula.

Il est de bon ton de reconnaître que notre modèle social a permis de mieux résister à la crise mais c’est aussi vrai de notre «  Etat social pour les riches » que les libéraux mettent en place depuis quelques années. Ceux qui nous racontent qu’en cas de suppression du bouclier fiscal les riches partiront devraient méditer ces résultats !

Contrairement à ce que les médias veulent nous faire croire les riches bénéficient de l’Etat-providence en France et il n’y a que les minables comme la famille Mulliez, qui ne figure pas au classement pour s’exiler fiscalement en Belgique pour gagner quelques sous sur leurs impôts.

Ce résultat traduit l’évolution dans le partage de la valeur ajoutée des entreprises qui s’est largement dégradée depuis les années 1980 et la lente dégradation de la redistribution fiscale au profit des plus riches.

Il montre aussi la grande concentration de la richesse mais aussi des centres de décision : moins de 100 personnes en France siègent dans les conseil d’administration des entreprises du CAC 40 et les 10 du classement Forbes et leurs alliés y tiennent une place considérable.

Ce sont ces gens là qui décident de l’affectation des ressources et de l’avenir des entreprises et de leurs salariés : qui pourrait croire qu’une autre logique autre que financière les guident. Tous ces gens là sont bien loin des réalités de la production concrète, loin des réalités du fonctionnement des entreprises. La seule logique qui les guident c’est la rentabilité la plus immédiate et que l’Etat de leur ami Sarkozy fasse le nécessaire pour accroitre cette rentabilité et lever tous les obstacles à cette rentabilité.

Voilà pour quoi le second titre du Monde complète le premier :

321 500 : le nombre d’emplois détruits en France en 2009

L’année 2009 est une année record pour la destruction d’emplois, et il ne s’agit pas seulement comme dans une première phase de la fin des emplois précaires qui servent de volant d’ajustement aux entreprises.

Selon les statistiques publiées le solde de l’année s’établit à une perte 321 500 emplois (pour les statistiques de Pole emploi) contre 200 000 lors de la précédente crise de 1993.

L’article du monde se veut optimiste en disant que pour une chute du PIB de plus de 2 fois plus importante, la perte d’emplois n’a progressé « que de 60% » soit 2 fois moins, que la chute est moins importante que celle prévue par l’INSEE (600 000).

L’INSEE fourni quelques explications sur la meilleure prise en compte des secteurs depuis la prévision et en particulier le secteur de l’emploi des particuliers qui n’est pas connu pour être un secteur d’emploi à temps plein. Par ailleurs une bonne partie de la correction provient de ce secteur et de celui des secteurs non marchands : ces 2 motifs expliquent à eux seuls 1/3 de la révision, le reste est une rectification des estimations du dernier trimestre dans les autres secteurs.

Une bonne part des postes détruits sont des emplois dans l’industrie 357 000 sur un an et dans la construction qui continue de perdre 11 000 postes au dernier trimestre. Une bonne partie de l’amélioration est due à la reprise de l’intérim.

On voit donc qu’une logique se poursuit : réductions des coûts salariaux par la réduction d’emploi et que la petite reprise annoncée se fait à base d’emplois plus précaires moins coûteux.

Face à cette situation de montée du chômage la position de gouvernement sur les fins de droits est extrêmement significative. Il n’y pas d’urgence à agir, les décisions sont reportées après les régionales , comme si celles et ceux qui vont être privés de tout revenu pouvaient attendre.

Après avoir cherché à renvoyer sur l’indemnisation chômage le coût de mesures éventuelles de maintien de droits ou cherché à inventer de nouvelles mesures d’aides aux employeurs à travers des pseudo formations et autres contrats aidés qui enferment les chômeurs dans la précarité, la position du gouvernement devient encore plus cynique.

Il met en cause le chiffre même de celles et ceux qui n’auront plus rien. Et pour cela il transfère sur les personnes ce que l’Etat ne veut plus faire en matière de protection sociale.

D’abord une utilisation accrue du RSA dont on sait qu’il est un piège à précarité et misère pour celles et ceux qui le subissent ; c’est aussi une occasion de faire payer les collectivités locales et de faire prendre en charge sur les impôts locaux, les plus injustes ce qui était du ressort de la solidarité nationale.

Ensuite le gouvernement refuse de modifier les conditions d’accès à l’allocation chômage d’Etat (l’ASS) que demandent les syndicats : 3 ans d’activité au lieu de 5 ferait rentrer dans l’indemnisation 100000 personnes de plus, relèvement à 2200 € du plafond de ressources des couples au lieu de 1600 aujourd’hui.

Pour ce gouvernement qui a créé un bouclier fiscal pour les riches et les très riches, 1 665,40 € par mois pour un couple sont suffisants pour vivre (ou survivre), il invente ainsi le revenu maximum pour un couple à condition bien sur que ce soit un couple sans beaucoup de revenu.

Voilà un nouvel impôt pour ceux qui devront assumer seuls par la solidarité familiales les conséquences des décisions des multinationales qui font de plus en plus de profit !

Ainsi Sarko et sa bande exclue de toute mesure d’aide des dizaines voire des centaines de milliers de chômeurs : voilà des dépenses en moins qui serviront à appliquer les mesures de réduction des dépenses publiques exigées par l’OCDE qui juge encore trop limitée la portée des réformes en France.

« les réformes ont touché tous les domaines, allant plutôt dans le bon sens, mais leur portée reste en fin de compte limitée, à l’image du dualisme qui persiste sur le marché du travail entre contrats précaires et contrats protégés » dit le directeur du bureau OCDE pour la France.

Quand on sait que l’OCDE juge positifs le RSA, la rupture conventionnelle du CDI, la fusion de Pôle emploi, la suppression de la dispense d e recherche d’emploi, les réformes de la fiscalité locale et des soins de santé ... on voit dans quel sens se fera la suppression du «  dualisme ».

La solidarité avec les chômeurs qui demandent des mesures publiques pour mettre fin aux fins de droits, la fin des mesures de répression des chômeurs par Pôle emploi n’est pas seulement une question de solidarité avec les grandes victimes des crises et restructuration libérales : c’est une mesure préventive contre la tendance à réduire le dualisme du salariat en développant le précariat et l’insécurité sociale pour tous.

13 mars 2010


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