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Lettre ouverte au CA du réseau « Sortir du Nucléaire »

ANPAG, Alternative Manche

Vous trouverez ci-dessous une correspondance échangée fin septembre.

Le CA du réseau avait réagi avant la rédaction du texte "ce que nous voulons" et tout de suite après la première réunion des collectifs.

Il recidive ces jours-ci avec une campagne contre Marie-Georges Buffet alors que pour l’instant la décision appartient aux collectifs et à eux seuls.

Par delà les accords sur la question du nucléaire le comportement du CA, ou de Stéphane Lhomme, nous semble relever d’un conception de la politique que nous ne partageons pas.

C’est pourquoi il nous semble important de publier cet échange de correspondance.

 

Réseau "Sortir du nucléaire" Fédération de 759 associations

Mardi 19 septembre 2006

Adresse aux Collectifs locaux et national pour un rassemblement antilibéral de gauche

Mesdames, Messieurs,

S’il n’a pas vocation à appeler à voter pour qui que ce soit, le Réseau "Sortir du nucléaire" s’intéresse par contre de près aux positions des divers candidats à l’élection présidentielle et aux législatives, et il fera campagne contre les candidats qui ne se prononceront pas pour l’annulation immédiate de la construction du réacteur nucléaire EPR et, de façon générale, pour le lancement d’un plan de sortie du nucléaire.

Sur ces questions, les positions des uns et des autres sont la plupart du temps connues. Par contre, nous avons constaté le plus grand flou concernant les positions des Collectifs pour un rassemblement antilibéral de gauche. Le texte "Ambition - Stratégie - Candidatures", qui a été adopté, se contente d’énoncer des formulations creuses du genre "il faut préserver l’environnement".

D’autres textes, qui doivent semble-t-il être arrêtés en octobre dans leur forme définitive, évoquent la nécessité d’ "un grand débat sur la politique énergétique et le nucléaire".

Soyons clairs : alors que les bulldozers ont commencé à préparer le site prévu pour la construction du réacteur nucléaire EPR, ce serait prendre nos concitoyens pour des imbéciles que de se contenter d’appeler à organiser un énième "grand débat", bonne vieille méthode pour ne pas répondre à la question posée. (Il nous semble d’ailleurs problématique, pour un Collectif qui entend rompre avec les pratiques politiciennes, d’utiliser ce genre d’expédients.)

Il n’est plus temps d’appeler à organiser des débats. Nous vous demandons de dire clairement, selon votre Collectif et ses candidats potentiels :

-  si la construction de l’EPR doit continuer ou être stoppée (il en est encore temps).

-  si vous comptez soutenir l’industrie nucléaire ou si vos candidats, une fois désignés, auront le mandat explicite de se prononcer sans ambiguïté pour un plan de sortie du nucléaire.

Pour notre part, nous vous appelons bien entendu à prendre position contre le nucléaire et, en particulier, contre la construction de l’EPR :

-  la décision de construction a dans les faits été prise, sans aucun processus démocratique, par les PDG des multinationales du nucléaire et par les partis politiques pronucléaires.

-  elle a été formellement prise par le gouvernement actuel qui, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a que faire de l’environnement et de l’intérêt général.

Nous vous demandons d’apporter des réponses précises à nos questions afin que les citoyens puissent se prononcer en toute connaissance de cause.

Le CA du Réseau "Sortir du nucléaire"

La réponse de 2 organisations membres du réseau

Mesdames, Messieurs du CA

Notre association est adhérente au réseau « Sortir du Nucléaire »depuis 4 ans elle s’est investie dans la manifestation de Cherbourg contre l’EPR et nos camarades de la Manche ont largement agi aussi contre les couloirs de lignes.

Notre position est clairement, et pour beaucoup d’entre nous depuis longtemps, de condamner l’industrie nucléaire pour ses effets sur l’environnement de notre région mais aussi parce que la société nucléaire est largement incompatible avec notre conception de la démocratie et des libertés.

Notre CA a été surpris de la prise de position appelée « Adresse aux Collectifs locaux et national pour un rassemblement antilibéral de gauche » dont nous sommes partie prenante par ailleurs.

Certes nous apprécions l’intérêt porté à la démarche unitaire par le réseau. Mais nous nous demandons qui a décidé de peser sur les débats d’un collectif sans préalablement consulter les organisations du réseau. Pour nous l’ exigence démocratique est essentielle dans la lutte contre les nucléocrates et ce n’est pas avec des méthodes de ce style que l’on fera avancer le débat.

A moins que « Sortir du nucléaire » n’ait adhéré, sans que nous l’ayons vu, au collectif national. Ou encore que le réseau considère que les collectifs unitaires sont à privilégier dans le débat, mais ce serait mieux d’en faire une démarche démocratiquement assumée.

Nous nous étonnons que le Collectif soit la seule organisation interpellée directement : il aurait été aussi utile pour « que les citoyens puissent se prononcer en connaissance de cause » de demander aux Verts s’ils vont faire de la question de l’arrêt de l’EPR une condition sine qua non de leur alliance avec le PS. Ou demander à Cap 21 et à Nicolas Huot si leur soutien est compatible avec leur présence aux côtés de ceux qui aujourd’hui ont pris la décision de construire l’EPR .

Nous récusons la lecture faite par le CA sur les « formulations creuses » en matière d’environnement. Parmi les priorités en discussion se trouve « un nouveau type de développement » largement enrichi aujourd’hui par de multiples contributions.

Enfin la question du débat sur l’énergie : parmi ceux qui sont dans les collectifs, certains n’ont pas une position antinucléaire, c’est évident. La question est de savoir si le nucléaire et l’EPR sont des points essentiels de discrimination politique qui rendent impossible toute alliance ou si nous donnons les moyens de modifier les termes du rapport de forces sur ce sujet. Une bataille politique, et l’unité qui s’impose pour battre la droite en est une, c’est gagner des personnes à nos idées, pas juger et compter ceux qui sont déjà acquis.

Nous aurions préféré ,une position de retrait immédiat du nucléaire. La position de compromis à laquelle nous aboutissons sur ce sujet c’est l’engagement d’un débat public, préalablement à la définition d’une politique énergétique. Ce type de débat n’est le énième "grand débat", il n’a pas eu lieu jusqu’à présent.

Ceci nous évite de fermer les yeux sur les différences existantes, d’essayer de se donner les moyens de les dépasser. Nous sommes nous confiants dans la démocratie et dans nos argumentations : en particulier porter dans ce débat les propositions du réseau sur les alternatives est essentiel pour convaincre ceux qui légitimement craignent pour leur emploi. Nous ne considérons pas que les salariés du nucléaire soient définitivement rejetés dans le camp de nos ennemis.

Comme pour les OGM donner la parole au peuple est essentiel. Nous préférons ce type de compromis -avant les élections et porteur d’une dynamique où les mouvements sociaux pourront peser- à une position de principe qui ne résiste pas à l’épreuve du pouvoir : le non-vote des élus verts de Basse Normandie a permis aux nucléophiles de faire passer une motion en faveur de l’EPR au Conseil régional.

Alors c’est vrai, nous ne donnons pas au mouvement antinucléaire des garanties absolues « votez pour moi et je vous dégage du nucléaire ». Nous lui donnons un outil pour qu’il puisse continuer à peser, sans déléguer tout aux élus.

Changer la politique c’est aussi refuser de rentrer dans un système traditionnel de délégation au politique, ou aux politiques. Le réseau « Sortir du nucléaire » n’a pas à se comporter comme un lobby traditionnel pesant sur des politiques traditionnels mais comme animateur du débat public qui change le rapport des citoyens au politique et permettent à ces derniers de peser réellement dans le débat public.

Nous vous demandons de transmettre ce courrier à l’ensemble des destinataires de « l’adresse aux collectifs... »

Pour l’ANPAG et l’Alternative Manche

Etienne Adam

6 novembre 2006


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