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Sarkozy,les chômeurs et nous

Abolir, éradiquer le chômage

 

Visiblement Sarkozy méprise les chômeurs. Il nous a fait le coup de la « baisse tendancielle de la hausse  » c’est déjà se moquer des chômeurs : voir « Quand le sage montre la lune...sarkozy regarde le doigt » http://anpag.org/article.php3?id_ar.... Ce qui montre son incapacité à mesurer ce que les chiffres masquent comme drames, comme souffrances, comme vies mutilées...

Au delà de imbécillité de l’expression c’est le regard même de cette droite néolibérale sur les chômeurs qui est scandaleuse : les pauvres, les chômeurs sont responsables de leur état, alors ils ne méritent ni empathie, ni compassion ( sauf les bons pauvres !). Les chômeurs ne sont ni des hommes , ni des femmes, ni des citoyens, ni des citoyennes mais un flux à gérer, un de plus .

Cynisme vis à vis de la marchandise force de travail

Mais qui a suivi le débat Sarkozy- Fabius a pu entendre cette phrase « Vous additionnez 400 000 chômeurs à 600 000 personnes qui travaillent à temps partiel » : c’est la négation de la précarité, la négation de la nouvelle réalité du chômage qui ne résume plus à l’absence total d’emploi.

En refusant de qualifier de Chômeurs les catégories B et C parce qu’elles ne sont pas en inactivité totale Sarkozy défend les besoins de sa cause électorale (présenter face au désastre des «  bons chiffres »).

Mais ce discours traduit aussi ce que pensent les néolibéraux du sous emploi (à temps partiel contraint voire très partiel), du précariat qui se développe dans ce pays comme partout en Europe : c’est un mode normal de gestion de la main d’œuvre où les salarié(e)s doivent subir l’insécurité de n’être que des variables d’ajustement pour faire face aux aléas d’une production sur laquelle ils ou elles n’ont aucune prise, ni responsabilité.

La force de travail comme marchandise c’est une réalité vieille comme le capitaliste, mais le cynisme dans le traitement de cette marchandise renoue avec les premiers âges du capitalisme.

C’est ce cynisme qui lui permet aussi d’annoncer avec cette augmentation moindre, une amélioration de la situation économique voire les signes d’une reprise. Pourtant les indications contraires sont bien une réalité visible à commencer par la crise de l’intérim.

Sarkozy fait semblant de ne pas voir la part prise dans le phénomène par les contrats aidés qui ont été utilisés massivement sur le début de l’année à la demande de Xavier Bertrand qui demandé à ses services d’accélérer la mise en place des 2/3 d’entre eux dans les premiers mois de 2012, précisément pour créer une amélioration artificielle des chiffres.

L’utilisation de ces contrats aidés n’est en aucune manière une réponse au chômage comme le montre un rapport récent de la cour des comptes [1]

Ces contrats aidés ne sont, dans la grande majorité des cas, que des outils de partage du chômage qui permettent de sortir des statistiques un nombre plus u moins grand de personnes.

Pourtant la direction de pôle Emploi et le pouvoir en font encore l’éloge comme comme outil de retour à l’emploi : il faut savoir que l’Etat et en particulier l’éducation nationale sont des grands utilisateurs de ces contrats qui évitent la création de postes réels et permettent ainsi l’application de la RGPP [2]

Pour réduire le chômage mettre fin à cette politique c’est urgent !

En fait le chômage continue à augmenter et, pour une part, du fait des politique suivies : la catégorie qui connaît la plus forte augmentation ce sont les chômeurs de plus de 50 (+ 16.5% sur un an dans le Calvados). Toutes les catégories augmentent.

Face à cela les offres d’emploi et surtout d’emplois durables ( = de + de 6 mois) ne peuvent que répondre très marginalement : en basse Normandie il y a moins de 2 offres durables pour 1000 chômeurs, ce qui veut dire que Pôle Emploi ne peut vraiment remplir son rôle que pour 1.9% des personnes qui lui sont envoyées.

Il n’y a pas lieu de s’étonner de l’importance du chômage de longue, voire de très longue durée. Il n’y a pas lieu de s’étonner dans ces conditions du renvoi d’un nombre croissant de travailleurs pauvres et de chômeurs vers le RSA (8419 dans le Calvados ) [3]

Bien sur, ce n’est pas Pôle Emploi qui peut créer des emplois et l’on voit l’effet fondamental des politiques publiques dans le développement de la précarité et du chômage : les suppression de postes dans les services publics, les 800 000 précaires de la fonction publiques, le recul de l’age de la retraite qui jette les séniors dans la misère (ni chômage ni retraite), la défiscalisation des heures supp ....

Il ne suffit pas de mettre fin à ces mesures régressives, il faut proposer des politiques publiques créatrices d’emplois : sortir les entreprises de la logique financière, planifier une transition écologique énergétique en particulier, relancer l’emploi public et mettre fin à la précarité dans les services publics.

Il faut reprendre la réduction du temps de travail en donnant aux salariés des pouvoirs réels sur l’organisation du travail pour éviter l’ intensification que les lois de la gauche plurielle ont permis. Mais ceci veut dire aussi s’attaquer de front aux politique managériales d’individualisation et de concurrence entre les salariés, en finir avec les méthodes d’évaluation fondées sur les seuls chiffres.

Aller vers une véritable sécurité sociale professionnelle (1)

C’est d’abord s’attaquer de front à tout ce qui permet, facilite la précarisation des emplois et le sous emploi.

Le contrôle des représentant du personnels sur les contrats précaires doit être réel : information obligatoire des DP sur les contrats, avis favorable obligatoire des CE sur l’emploi de contrats précaires. Ceci à l’intérieur d’un contingent légal 5% maximum.

La loi doit restreindre et préciser les motifs de recours à des contrats précaires : si ce sont des contrats d’exception la loi doit encadrer les exceptions autorisées sous le contrôle des élus du personnel et de l’inspection du travail : des sanctions fortes et financièrement dissuasives doivent pouvoir être appliquées sur le délit de recours illégal

Les cotisations chômage payées par les employeurs pour des contrats précaires doivent être majorées selon un barème plus fort pour les courtes périodes.

Enfin il faudrait mettre fin aux véritables marchands d’hommes et de femmes que sont la boites d’intérim . Cette pratique de prêt de main d’œuvre est permise alors que ce prêt est interdit aux autres entreprises, beaucoup de boites d’intérim sont des filiales de grands groupes qui peuvent ainsi externaliser des coûts et se faire du beurre sur la précarité par leur filiale dans l’intérim.

Une loi doit mettre fin aux privilèges des marchands d’hommes.

Il faut confier à Pôle Emploi le monopole de l’embauche, de la gestion des contrats intérimaires résiduels. Mais à un Pole emploi service public rénové et démocratisé.

Aller vers une véritable sécurité sociale professionnelle (2)

Là encore il faut s’attaquer frontalement à ce que les libéraux appellent le « le marché du travail », ce marché est un devenu outil d’asservissement des travailleurs aux exigences patronales. Ce marché est aujourd’hui presque entièrement entre les mains du patronat avec l’aide de l’Etat.

Il est difficile de nous faire croire qu’il est «  libre et non faussé  » puisqu’il s’appuie sur une conception libérale du chômage qui a transformé les chômeurs victimes en chômeurs coupables : le chômage n’est pas de la responsabilité du Capital, des entreprises qui virent des milliers de personnes, de celles qui on recours dans des proportions considérables aux emplois précaires ajustés à leurs plus stricts besoins.

Le chômage est de la responsabilité des chômeurs eux mêmes qui ne savent pas se montrer assez compétitifs dans la concurrence généralisée des "travaileurs-entreprises-individuelles". La cause en est multiple : le chômeurs fainéant est bien connue de tous ceux qui pourchassent les assistés qu’il faut remettre au boulot de force comme le dit Wauquiez, le chômeur incompétent qu’il faut former, le chômeur désocialisé qu’il faut renvoyer vers l’aide sociale ...

Bref il y a du travail pour tout le monde si les chômeurs voulaient bien : et l’on nous ressort périodiquement les 500 000 [4] emplois non pourvus .

Dans ces condition la fonction de Pôle Emploi, qui a délégation du patronat et de l’Etat pour gérer la liste des demandeurs d’emploi, est bien définie : séparer le bon grain de l’ivraie, les fraudeurs des chômeurs méritants et quand il n’y a pas d’emploi à proposer il y a peu de méritants et encore moins d’élus. Pole Emploi doit être une machine à juger, évaluer, sanctionner les chômeurs, une machine autant à radier qu’à placer.

Il faut casser cette logique d’un marché du travail et révolutionner Pôle Emploi qui est une pièce maîtresse du dispositif et surtout qui peut devenir central dans le changement.

Pôle Emploi doit être clairement un service public au service des chômeurs et des salariés voulant changer d’emploi.Les usagers ce sont prioritairement les demandeurs d’emploi :l’information et le respect des droits des chômeurs sont les fonctions premières. Ils doivent être aidés dans leur retour à l’emploi en gardant leur libre choix du métier , du salaires , du lieu ( ce qui signifie l’abrogation de l’ORE) [5]

Le niveau et la durée indemnisation doivent être relevés. Il est bons de rappeler qu’à l’origine de l’UNEDIC le niveau indemnisation était jugé fondamental pour permettre de retrouver un emploi. L’indemnisation doit « sécuriser » et donner aux chômeurs les moyens financiers d’éviter de perdre leur temps dans des « stratégie de survie ». [6]

La formation doit cesser d’être un moyen de contrainte comme aujourd’hui le propose Sarkozy. Elles doit pouvoir être librement choisie par le chômeur en fonction des ses choix de retour à l’emploi..

Enfin le fonctionnement de Pôle Emploi doit être démocratisé , sa gestion prise en mains par les intéressés, salariés et chômeurs et leurs représentants, syndicats, syndicat et associations de chômeurs. La patronat doit être exclu des décisions concernant l’indemnisation, les cotisations patronales ne sont qu’un salaire différé, une place minoritaire peut leur être accordée dans le placement (en particulier aux petites entreprises qui n’ont pas de gros moyens de gestion des ressources humaines ; il est utile de les aider à recruter).

Voilà comment répondre à l’urgence sociale de la précarisation et de la pauvreté et en même temps engager une dynamique qui mène, avec la fin du système capitaliste et l’abolition du salariat à « l’éradiquation du chômage ».

AC ! Signifiait à la fois «  agir contre le chômage  » et «  abolition du chômage   », il est bon que le Front de Gauche reprenne cet objectif

1er avril 2012

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Notes :

[1] Communication à la commision des finances de l’assemblée Nationale « Les contrats aidés dans la politique de l’emploi » octobre 2011

[2] le scandale qui devrait être massivement dénoncé est celui des contrats aidés de l’Education nationale affectés au suivi des enfants handicapés scolarisés dans des écoles : les services de la Maison du handicap envoient vers les écoles des enfants sans tenir compte de l’encadrement réel existant ; les rectorats obligés d’appliquer ces décisions n’ont pas (ou si peu)de personnels et ont recours aux contrats aidés ; bien sur sur de tels postes « on ne peut pas mettre n’importe qui » et ces contrats ne sont attribués aux publics les plus en difficulté ; toutefois même si celles (ceux plu rarement) qui subissent ces contrats ont un certain bagage, elles n’en ont pas pour autant la formation qui serait nécessaire : ceci abouti à confier des enfants parfois très handicapés à des personnes qui ne sont pas formées ce qui est risqué pour tous les enfants et les personnes

[3] Et encore les 2/3 des travailleurs pauvres qui pourraient prétendre au RSA ne le demandent pas pour ne pas subir un questionnaire inquisitorial qui les transforme en « cas sociaux  »

[4] personne ne sait comment est calculé ce chiffre, mais peu importe tout le monde médiatique le prend pour argent comptant

[5] offre raisonnable d’emploi qui permet d’imposer à un chômeur déqualification et baisse du salires en fonction des « possibilités économiques » du marché

[6] rappelons que la revendication de la CGT et de la CFDT des annes 70 était : des allocations égales au SMIC, considéré comme le minimum pour vivre


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