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Le sommet des mensonges

ou les mensonges au sommet

 

Ce soi disant « sommet social » ou « sommet de crise » est d’abord une opération de com d’un président qui veut laisser croire qu’il préside encore alors que’ son seul souci est de faire sa campagne de candidat sortant bientôt candidat sorti.

Mais au delà de cet aspect médiatique des choses, ce sommet risque aussi de cacher derrière une négociation avec les "partenaires sociaux" des mesures de démolition sociale de fin de règne. La droite n’a pas renoncé à prendre jusqu’au bout des mesures qui remettent en cause notre modèle social .

Dans une espèce de stratégie de la « terre brûlée » elle s’apprête à mettre à bas des pans entiers de ce modèle dans le droit du travail et dans la protection sociale.

Toutes les mesures envisagées ne sont pas des mesures techniques même si la presse visiblement et volontairement les traite comme tel. Ce sont des décisions qui modifient considérablement la situation des salariés, des précaires et des chômeurs.

Si les enjeux et les conséquences n’étaient pas aussi importants on comprendrait mal pourquoi ce sommet est précédé d’une campagne de propagande et des mensonges sans précédent.

Le MEDEF ramène sa science, tout les médias s’extasient !

L’initiative a été prise par un institut patronal Rexocode qui s’était déjà signalé comme relais du Medef à diverses occasions. Il est pour le moins curieux que ses données soient acceptées comme si c’était une œuvre scientifique indiscutable. Pourtant ses conclusions peuvent être discutées voir http://www.mediapart.fr/journal/fra...

Mais qu’importe, ce qui compte et ce que les médias martèlent c’est le refrain suivant :

les salariés français ne travaillent pas assez , les charges sociales pèsent trop lourd sur la compétitivité, toute cela par rapport aux allemands

Sarkozy MEDEF même discours même combat !

Dans son discours introductif Sarkozy fait semblant de prendre ses distance en rappelant les différences avec l’Allemagne en particulier sur le plan démographique : cette dernière connaît une baisse de la population active quand la France voit cette population augmenter.

Sarkozy prétend avoir une vision de la compétitivité qui ne se limite pas aux coûts : « je n’ai jamais pensé un seul instant que la compétitivité d’une entreprise et d’une économie se gagnaient uniquement par la compression des coûts et en particulier du coût du travail. L’innovation, la formation et la mobilité de la main d’œuvre, la qualité des produits et la productivité participent tout autant à la compétitivité. »

Mais c’est pour oublier aussitôt tous les autres facteurs pour ne parler que du coût du travail lié au financement de la protection sociale [1].

Après avoir expliqué que les coûts salariaux français avaient rattrapé ceux de l’Allemagne, Sarkozy poursuit « Une large part du différentiel actuel provient du poids des charges sociales qui pèsent sur les salaires : ainsi, à un niveau de rémunération de 2500 euros bruts, le poids des charges patronales est deux fois plus élevé en France qu’en Allemagne (20% contre un peu plus de 40% en France). »

Ceci dit Sarkozy est sur la défensive sur ce terrain face aux syndicats et à l’opinion publique : ce thème de la compétitivité avec les mesures prévues -hausse de l’impôt pour payer les cotisations sociales des patrons par le biais de la TVA et pacte de compétitivité permettant de mettre fin aux garanties essentielles du Code du travail en matière de salaire et de durée du travail- n’ont même pas fait l’objet de la moindre proposition et juste évoqués pour la seconde.

Alors l’essentiel a porté sur le fonctionnement du marché du travail, il fallait donner l’impression que l’on fait quelque chose pour les chômeurs ay moment où le chômage explose.

Vous rendez vous compte, madame Michu, un demi milliard d’euro !

L’exposé de Sarkozy commence bien, par la reconnaissance de son échec politique total dans ce domaine.

extraits : « notre pays a un problème structurel d’insertion dans l’emploi des jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Même en période de croissance, le taux de chômage des jeunes se maintient en France à un niveau très élevé... nous ne parvenons pas à redonner un emploi rapidement à un chômeur, ni à engager rapidement une reconversion efficace. ..Malgré la création de Pôle emploi, malgré la réforme de la formation professionnelle, malgré la mise en œuvre du contrat de sécurisation professionnelle, moins de 10% d’entre eux étaient en formation fin 2010 et seulement un quart des demandes de formation sont effectivement satisfaites... »

Deux remarques sur ce bilan triste à pleurer : d’abord c’est toujours la faute aux autres, Sarkozy ne fait aucune critique, au contraire, sur la mise en place désastreuse de Pôle Emploi la machine à contrôler et radier les chômeurs. C’est pourtant bien lui qui a voulu la casse du service public de l’emploi et qui continue malgré les effets d’annonce sur les 1000 CDD [2]qu’il va embaucher à Pôle Emploi : des précaires pour s’occuper des précaires est ce ainsi que l’on va améliorer le service public ?

Mais il y a plus, un oubli de taille dans le bilan : le chômage des plus de 50 ans a considérablement augmenté laissant sur le carreau des personnes dont tout le monde sait qu’elles sont condamnées -pour une bonne partie d’entre elles- à attendre dans la précarité et la pauvreté . En Basse Normandie la catégorie des plus de 50 ans a connu sur un an une augmentation de 14.2% mais le chiffre est semblable sur toute la France ; En rappelant qu’il a donné « une inflexion majeure » à la politique de l’emploi des « séniors » Sarkozy se vautre dans autosatisfaction : « nous avons mis un terme aux pratiques généralisées d’exclusion du marche de l’emploi des séniors  ».

De qui se moque t’on ? Quelle crédibité peut avoir l’ensemble du diagnostic de Sarkozy de son assertion de « dire la vérité » ?

Il ose passer sous silence les effets dramatiquement désastreux de sa contre-réforme des retraites ?

Les victimes du marché du travail "libre et non faussé" sont ignorées

Partant de vérités aussi fausses, les solutions ne peuvent être qu’à l’opposé de ceux qu’attendent les victimes du marché du travail et de Pôle Emploi.

Une fois de plus la droite [3]nous ressort, avec la complicité de Chérèque, le thème de l’insuffisance de formation des chômeurs. C’est une manière élégante de dire les mêmes ânneries insultantes que Wauquier : s’ils sont au chômage, c’est la faute aux chômeurs, ces nuls, ces fainéants, ces fraudeurs.

Quand Pôle Emploi en Basse Normandie ne propose que 2.2 emplois pour 100 chômeurs, ces derniers auront beau se former et se former encore (ce qui est déjà le cas) 97.8 % d’entre eux resteront sur la touche !

Ce qu’il faut, c’est créer des emplois si nécessaires dans des service publics dévastés comme l’école ou les hôpitaux et dans l’industrie dont Sarkozy vient de découvrir l’intérêt après avoir laissé faire les patrons voyous délocalisateurs et tous ceux qui ont sacrifié les usines sur l’autel de la rentabilité financière.

Son gouvernement qui a tant fait pour les rentiers a participé à la ruine des outils industriels.

Alors c’est plus facile de s’en prendre aux chômeurs et de continuer à leur imposer des mesures bidons mais aussi humiliante en termes de dégradations des propositions d’emploi, de négation des savoirs faire professionnels : la formation risque fort d’être l’outil de cette déqualification puisque derrière l’idée généreuse de payer une formation pour ceux qui sont le plus « loin de l’emploi » se profile l’obligation de prendre n’importe quel emploi imposé par « le marché » c’est à dire les patrons qui veulent faire travailler plus, dans de plus mauvaises conditions, pour gagner moins.

C’est dans la même ligne emploi précaires obligatoire que Sarkozy nous ressort les contrats aidés pourtant très fortement remis en cause par un récent rapport de la très officielle Cour des Comptes, accablant pour Pole Emploi et cette politique.

Les contrats aidés en particulier dans le secteur dit non marchand ne sont que des stages parking qui permettent d’éviter la création de vrais emplois. Ceci est particulièrement vrai dans l’Education Nationale qui ne pourrait plus scolariser les enfants handicapés sans ce type de sous emploi qui se fait au dépens des employés à qui l’on impose sans formation (ou si peu) un travail parfois usant et déstabilisateur et sans avenir. Mais c’est aussi au détriment de la qualité du service rendu aux enfants quelque soit la bonne volonté des victimes de ces contrats.

En conclusion , les chômeurs qui paraît il, devaient faire l’objet de toutes les attentions sont une fois de plus abandonnés à leur sort.

On comprend que se développent des actions de chômeurs et de précaires contre cette politique que persiste à mener un gouvernement aveugle et sourd à la détresse sociale

En guise de post- scriptum :

Surprise ! Les mobilisation sur le logement ont contraint Sarkozy a parler du logement « sujet qui pèse énormément sur les mobilités professionnelles et le bon fonctionnement du marché du travail  », les gens à la rue ce n’est pas le problème !

C’est pour reconnaître et nier immédiatement la gravité du problème : « Il manque des logements en France, et la hausse de leur prix au cours des dernières années a été considérable quelle découverte cela fait des années que la fondation Abbé Pierre, le DAL le disent. Le gouvernement n’est pas resté inactif : entre 2007 et 2011... c’est presque un doublement. Nous devons être très audacieux pour favoriser la production de logements en France, avec des leviers nouveaux  ». Cette autosatisfaction est particulièrement non méritée dans ce domaine : Il paraît qu’il y a un ministre du logement, Apparu. Tout le monde croyait que cet individu était le porte parole de Bouyges tellement il se fait le port parole du logement privé et des profiteurs du Scellier),

Là encore aucun bilan de la politique « tous propriétaire » qui est un échec retentissant et qui n’est pas ce qu’il faudrait faire en matière de logement : un vrai service public de l’habitat.

Depuis longtemps cette droite ne mérité qu’un triple Z tellement sa politique du logement ne répond pas au besoins. Pire elle aggrave la situation en favorisant l’augmentation des coûts du logement et des loyers.

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19 janvier 2012

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Notes :

[1] pour être tout à fait juste il parle aussi du coût de matières premières mais c’est pour faire un coup de pub au nucléaire : En France grâce à l’électricité nucléaire, nous avons pu maintenir un prix de l’électricité compétitif pour nos industries. On ne gardera pas d’industries en France si le prix de l’énergie augmente de 30% suite à une réduction de 50% de la part de l’énergie nucléaire. Il est crucial de conserver notre atout nucléaire pour maintenir des emplois en France », et ceci le jour même où Les Echos titre « les tarifs d’EDF risque de bondir de 30%" !!!

[2] après avoir supprimé 1800 postes ! « financé par redéploiement pour ne pas accroître d’un centime le déficit de notre pays ». Comprenne qui pourra, mais c’est quand même pas un sou de plus pour une urgence sociale évidente

[3] Mais les durs de dur de la gauche molle en font autant surtout quand il s’agit des technocrates de Terra Nova qui méprisent la classe ouvrière, ces gueux ignorants !


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