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Bienvenue en Orbanistan !

L’intérêt de cette contribution d’un universitaire hongrois est de mettre l’accent sur le caractère "européen" et non "exotique" de ce qui se passe en Hongrie.

De quoi s’inquièter.

Vous trouverez ci dessous la dernière partie d’un article paru sur le site hu lala http://www.hu-lala.org/ "l’actu hongroise est plus piquante en français" site d’info depuis Budapest par trois jeunes journalistes français. Vous trouverez le lien aussi dans la rubrique "liens" du site

 

par Vincze Szabo

La Hongrie : un laboratoire politique ?

La Hongrie est un pays singulier du fait de histoire passée et récente, de sa situation politique, géographique mais aussi de son particularisme culturel : « la Hongrie est une île au milieu de l’Europe Centrale » avec une barrière linguistique très forte.

Plusieurs observateurs tendent à penser qu’il s’agit là d’un véritable laboratoire politique au cœur de l’Europe : il s’analyse à la lumière des déceptions politiques et vis-à-vis du système démocratique, qui émergent dans plusieurs endroits de l’Occident mais aussi du fait de l’essoufflement d’un modèle économique alignant les plans d’austérité qui plongent la population hongroise dans une situation de plus en plus précaire (1/3 des hongrois vivent en dessous du seuil de pauvreté dont un million dans des conditions d’extrême misère !).

L’émergence d’un régime autoritaire Orbanesque ainsi que la montée de l’extrême droite sont les conséquences des politiques successives menées avec le soutien du FMI et de l’UE depuis plus d’une décennie.

Ces politiques n’ont cessé de remettre en question la souveraineté démocratique hongroise et de fragiliser la société tout en confortant l’élite oligarchique. Les frustrations accumulées sont d’autant plus grandes que ce modèle, démocratie représentative et économie de marché, soulevaient beaucoup d’espoirs. Désormais, l’illusion d’un bonheur incarné par la capacité à consommer toujours plus promue par la publicité, ne cesse de créer des jalousies, frustrations et de détruire les liens humains de solidarité dans une société au bord de l’explosion. "Contre Orbán, oui ; avec l’étranger, non !"

Les accords Sarkozy-Merkel de la fin de l’année dernière vont dans la même direction et mène une Europe, toujours plus autocratique, tout droit vers les mêmes dérives dictatoriales ou extrémistes que connait aujourd’hui la Hongrie.

Le philosophe hongrois Tamas Gaspar Miklos avertit très justement la tentation d’ingérence, "Contre Orbán, oui ; avec l’étranger, non !". Imposer de nouvelles politiques économiques et sociales restrictives, comme ce fut le cas par le passé et comme les mettent actuellement en place les gouvernements sponsorisés par « Goldman Sachs » ferait inévitablement le jeu de l’extrême-droite.

Il est temps de construire une alternative et surtout de nous réapproprier nos choix de vie aussi bien pour les Hongrois en Hongrie que pour le reste de l’Europe. Pour éviter le chaos, il faut que l’Europe arrive à faire son autocritique et comprenne qu’en continuant à remettre toujours plus en cause la souveraineté démocratique des peuples pour leur imposer toujours plus de plans de sauvetage de l’Euro, sommet après sommet, elle nous mène à sa propre perte.

Il faut au, contraire, commencer à construire cette Europe fédérale pour les peuples et par les peuples. Cela commence par la mise en place d’une réappropriation démocratique de la banque centrale européenne et donc de la création monétaire accompagnée de la mise en place d’audits citoyens de la dette comme les proposent Attac et le CADTM.

D’une «  nouvelle résistance »... vers une démocratie réelle ?

Une «  nouvelle résistance » pour reprendre la campagne lancée par le jeune parti écologiste LMP est en marche en Hongrie, mais sera-ce suffisant ? C’est au peuple hongrois de descendre dans la rue, de chasser Orban et de construire sa transition vers la soutenabilité écologique et énergique mais aussi économique et encore plus de décider et de reconstruire ses institutions démocratiques.

La députée Virag Kaufer (LMP-Une autre politique est possible) vient de démissionner du Parlement car il aurait perdu, selon elle, toute légitimité démocratique. Même si il est important de continuer à combattre au Parlement, elle dit se sentir plus utile dans la rue avec la société civile à essayer de construire des communautés solidaires plutôt qu’à exacerber les passions.

C’est aujourd’hui le défi des peuples européens de se réapproprier la démocratie et de créer de nouveaux modèles économiques soutenables, mais surtout souhaitables.

Vincze Szabo, doctorant à l’université d’économie de Budapest.

la totalité de l’article :

http://www.hu-lala.org/2012/01/05/b...

6 janvier 2012


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