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Faut’il s’éffrayer des chiffres du COR ?

Nous avons repris ces deux documents d’analyse qui comportent amplement de quoi répondre aux « informations » du jour.

Pour répondre à la propagande catastrophiste qui déferle dans les médias avec des chiffres pour faire peur !

 

Vous avez aussi sur le site national les documents de la campagne pour la défense des retraites www.lafederation.org


Communiqué solidaires www.solidaires.org

8ème rapport du COR, le catastrophisme n’est pas de mise !

Le Conseil d’orientation des retraites rend public son dernier rapport actualisant les projections financières de 2007. Le COR confirme que « la plus grande partie de la dégradation aurait lieu en 2009 et 2010 (...) A plus long terme, les effets directs de la crise économique sur la situation financière des régimes s’estompent ».

Il n’y a donc pas fondamentalement de problème, hors la situation nouvelle créée par la crise. La question qui se pose est donc de savoir qui va payer le prix d’une crise créée de toutes pièces par les marchés financiers.

Pour l’Union syndicale Solidaires, ce n’est pas aux salariés et plus globalement à la population de payer une crise dont les institutions financières sont les premières responsables.

Au-delà sur le long terme, le COR montre que la dégradation du niveau des pensions et le durcissement des conditions de départ à la retraite ne sont pas inévitables à condition d’accepter que l’augmentation du nombre de retraités s’accompagne d’une augmentation correspondante des cotisations sociales.

Ainsi, quel que soit le scénario envisagé en matière de taux de chômage et de productivité, il est possible de maintenir le taux de remplacement (niveau de la pension sur le salaire) qui est aujourd’hui de 72 %.

Si l’on prend le scénario du COR le plus défavorable, il faudrait 3 points de PIB supplémentaires à l’horizon 2050, soit une augmentation de 10,4 points de cotisations lissée sur 40 ans, soit 0,26 point par an. Personne ne peut sérieusement affirmer qu’une telle augmentation mettrait en danger l’économie française.

Une vision catastrophique est d’autant moins fondée qu’un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée, la richesse créée dans les entreprises, est tout à fait envisageable.

Il n’est pas acceptable de considérer comme pérenne la baisse très importante de la part des salaires ayant eu lieu ces dernières années (près de 9 points), alors que, dans le même temps, la productivité du travail a continué de croître fortement (plus de 50 % en 20 ans) et que les dividendes des actionnaires ont explosé.

Un tel rééquilibrage de la part des salaires, qu’une augmentation des cotisations patronales peut amorcer, aurait d’ailleurs des effets neutres sur la sacro-sainte compétitivité des entreprises s’il était compensé par une baisse des dividendes versés aux actionnaires.

Une augmentation de la durée de cotisation et un report de l’âge de départ à la retraite ne peuvent donc en aucun cas se justifier.

En définitive, la question des retraites renvoie à la place du travail dans la société. Il s’agit donc de savoir si une infime minorité va continuer à s’accaparer la richesse produite.

Pour l’Union syndicale Solidaires, il est temps que les salariés, et plus largement, la population impose un nouveau partage du revenu national.


Démocratie et socialisme, publication d’un secteur de gauche du PS

Conseil d’Orientation des Retraites : des chiffres que l’on vaudrait effrayants

Les premiers chiffres du rapport du COR, loin de démontrer qu’une fatalité démographique ou financière pèserait sur nos retraites, démontrent, au contraire, que le financement de nos retraites ne dépend que du partage des richesses que la gauche et le mouvement social sauront imposer à la droite et au Medef.

Reprenons, le scénario C du COR, ce serait le plus pessimiste mais le plus « crédible » (allez donc savoir pourquoi) selon le Figaro.

1- Le COR parle de « besoins de financement », c’est le Figaro qui titre sur le « trou » de nos régimes de retraites en 2050.

Un besoin de financement, la différence d’un « trou » peut, par définition, être financé.

Cela nous renvoie au partage des richesses : diminuer le montant des retraites en allongeant la durée de cotisation et en repoussant l’âge légal ou maintenir et améliorer ce niveau en augmentant progressivement la part patronale des cotisations retraites.

2- Le COR estime que la productivité augmenterait de 1,5 % par an pendant 40 ans. Cela signifie donc que la productivité actuelle du travail serait multipliée par plus de 1,8 en 2050.

Aussi le pétard dont nous menace le gouvernement est-il un pétard mouillé : « En 2010, il y a 1,8 cotisant pour 1 retraité ; il n’y en aura plus que 1,2 en 2050 et nous ne pourrons plus financer les retraites ».

En effet, avec une multiplication par 1,8 de la productivité du travail en 40 ans, selon le chiffre du COR, les 1,2 cotisants de 2050 produiraient autant que 2,2 cotisants aujourd’hui et donc beaucoup plus que les 1,8 du gouvernement.

La question se ramène donc à savoir si ce sont les retraités ou les actionnaires qui profiteront de la part de l’augmentation de la productivité du travail qui devrait, dans un régime de retraite par répartition, revenir au financement des retraites.

3- Le COR estime qu’en 2050, le « besoin de financement » de nos régimes de retraites serait de 115 milliards d’euros (constants, une fois l’inflation neutralisée). Il précise surtout que ces 115 milliards d’euros représenteront 3 % du PIB de 2050.

Ce qui veut dire (il suffit de faire une règle de trois) que le PIB en 2050 serait supérieur à 3 800 milliards d’euros. Le PIB annuel est aujourd’hui d’un peu plus de 1 900 milliards euros. Selon les chiffres du COR, ce PIB devrait donc doubler en 40 ans et augmenter de 1 900 euros.

A qui peut-on faire croire qu’il serait difficile, dans ces conditions, de trouver 115 milliards du COR pour financer nos retraites ?

Une fois ce financement assuré, il resterait encore 1 785 milliards d’euros pour financer l’augmentation des salaires directs, l’assurance maladie, la réduction du temps de travail, l’investissement public, les investissements privés productifs...

A une condition, là encore, c’est que les actionnaires ne captent pas à leur profit, comme le prépare la contre-réforme du gouvernement Sarkozy et du Medef, la part de richesse qui devrait servir à financer nos régimes de retraites.

4- Le COR retient le chiffre de 7 % de chômage à partir de 2020. Le chiffre précédent était de 4,5%. Quel aveu de l’impuissance des politiques néolibérales à nous sortir du gouffre du chômage de masse ! Là encore, c’est la façon dont s’effectuera le partage des richesses qui décidera s’il faut financer les créations d’emplois ou les spéculateurs.

Le Medef, trouvant sans doute que 115 milliards d’euros en 2050, cela faisait chiche, avance le chiffre d’un « déficit cumulé » qui atteindrait 2 600 milliards d’euros en 2050. Il est vrai que Laurence Parisot voit des centenaires partout... Ce chiffre est repris, sans le moindre recul, par certains grands médias. Pourquoi, diable, le Medef n’a-t-il pas calculé « le déficit cumulé » en 2100 ? Cela aurait eu une autre allure.

Le Medef a cependant raison sur un point : il n’est plus possible de continuer comme avant. Il est urgent que les ressources des régimes de retraite augmentent.

Comment penser, sans cela, pouvoir faire face à l’augmentation réelle (même si elle est éloignée des fantasmes de Mme Parisot) du nombre de retraités d’ici 2050 sans diminuer le montant de leurs retraites ?

Il faut pour cela augmenter les cotisations retraites patronales et élargir leur assiette. Ce n’est pas aux salariés (ils l’ont trop fait) de se serrer la ceinture, mais bien aux actionnaires.

Jean-Jacques Chavigné

14 avril 2010


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