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Journée de l’appel Politis

premières interventions suivi du compte rendu de l’humanité du 13 octobre

Sans plus attendre nous publions ci-dessous quelques interventions à la journée du 11 octobre qui a été un succès quant à la participation (700 personnes) et quant aux résultats : une déclaration commune définissant des "urgences" communes et un "bureau de gestion" de la suite des activités et une initiative en janvier sans doute :" des assises pour un vrai changement".

La journée a été dominée par notre responsabilité encore plus aîgue aujourd’hui pour définir une alternative face à la crise destructrice qui se déroule sous nos yeux et à ses conséquences sur ceux que le capitalisme écrase, les pauvres et les pays du Sud

 

(GIF) Pierre Zarka. Communiste unitaire.

La crise actuelle peut être considérée une chance à saisir. La cohérence du système est mise à nue.

Mais aussi, cela fait apparaître combien des mouvements parcellaires aussi justifiés soient-ils ne peuvent que s’échouer sur l’absence de politique alternative et qu’on ne peut se limiter à combattre les effets sans aller aux causes.

Les dominés et exploités vont-ils être capables de se constituer à partir de réalités et d’approches composites, en mouvement politique comme on utilise l’expression mouvement social ?

Bien sûr cela suppose de converger et de faire ressortir le plus large dénominateur commun. Mais ce dénominateur ne nous est pas donné, il est à construire. L’addition des mouvements ne fait pas un mouvement d’ensemble. L’addition de propositions ne rend pas crédibles les conditions de leur mise en œuvre.

Où sont les causes communes de nos problèmes ? Où sont les ruptures à effectuer ? Les mouvements doivent-ils ou non se fixer pour objectifs d’arracher les pouvoirs jusqu’à présent réservé aux institutions ?

Ce n’est pas une question abstraite : au moment où tant de commentateur invoquent le renflouement de « l’économie réelle » que fait-on ? On demande le retour à davantage d’Etat ? Confondant ce dernier avec démocratie ? Mais c’est cette confusion qui a favorisé les privatisations et l’esprit de délégation.

L’expérience des choix des banques et de l’utilisation de l’argent public pose cette question. Que fait-on face à la bulle financière ? On demande aux exploiteurs de revenir au Keynésianisme et de nous exploiter davantage pour la dégonfler ?

C’est sur de telles questions que les mouvements sociaux viennent finalement s’échouer....ou que Sarkozy est élu.

L’urgence est de concevoir des repères au-delà du capitalisme ; non pas pour tout définir à l’avance mais pour faire toucher du doigt qu’il peut y avoir un autre avenir. Là réside la perspective qui transforme la multiplicité des situations et des approches en force unifiée.

Ce qui fait l’écho de l’Appel de Politis ne se résume pas à la seule convergence des uns vers les autres.

Bien évidemment, pour certains d’entre nous, l’idée d’un Front face aux menées des forces du capital est aujourd’hui leur point d’aboutissement.

Et c’est respectable ; je veux dire que la différence de choix et de rythme à propos de la constitution d’une force ne peut être un sujet de discorde.

Notre espace pour être au plus près de la réalité doit faire la place à la diversité des investissements et des projets politiques. Personne ne peut entraîner qui que ce soit là où il n’a pas envie d’aller et personne ne peut freiner qui que ce soit d’entreprendre ce qui lui semble nécessaire.

En ce qui me concerne, je pense que le franchissement vers une organisation politique est une urgence. Je comprends qu’on ne partage pas mon point de vue mais je veux dire mon état d’esprit.

Si l’expérience du passage du social au politique ne se fait pas au moment où la crise est aigüe, je redoute que l’expérience collective qui en découle est qu’un tel passage n’est pas possible.

Or, ce passage au politique ne peut se faire sans rompre avec la dichotomie actuelle mouvements/ politique institutionnelle ou la dichotomie urgence et politique.

Et à chaque échéance fondamentale, les frontières actuelles des organisations et partis séparent et éparpillent les forces collectives mais aussi individuelles qui composent la radicalité.

La mésaventure de la présidentielle peut se renouveler. Il n’est même pas exclu que des partis institués ou morceaux de partis bougent, évoquent Die Linke, mais pour se réorganiser en prolongeant cette dichotomie.

Le temps que les gens dont la plupart ne sont dans aucune structure, mesurent que c’est une impasse et la construction d’une force alternative sera encore plus difficile. C’est pourquoi à la fois, nous souhaitons la participation des partis qui se réclament de la transformation démocratique, mais nous ne pouvons pas attendre leur bon vouloir.

Il n’y aura pas de production de politique sans organisation qui corresponde à ce que doivent être ses auteurs. Cette organisation ne doit exclure personne, ni des forces actuellement instituées, ni des tentatives récentes ni des individualités susceptibles d’y contribuer.

Cela implique donc un processus dans la durée.

Mais justement la durée nécessaire pose la question de l’immédiateté du démarrage.

Il est de la responsabilité de celles et ceux qui sont prêts à y travailler, non pas de définir à eux seuls ce qui doit être mais de donner le signal de l’ouverture du chantier.

L’expérience de l’Appel de Politis montre que l’initiative fait force d’impulsion et d’attraction. Personne ne doit par la suite être considéré comme un retardataire, personne ne pourra se réclamer d’un droit d’ancienneté, mais créer les conditions de l’ouverture d’un processus de construction passe par un démarrage qui n’attende pas que, ne voyant rien venir, les forces disponibles s’étiolent.


(GIF) Gilles Alfonsi

Ne nous contentons pas de peu

Le succès de l’appel, l’intérêt que suscite la tenue de cette réunion témoignent de la persistance du désir d’une autre visée politique, désir indissociable d’un autre désir : le désir d’unité.

Nous sommes là pour mettre en place un cadre de travail commun . Nous ne sommes pas là pour trouver un plus petit dénominateur commun.

Nous sommes là pour inventer un espace pluraliste.

Il nous faut donc traiter avec clarté la question du champ de ce travail.

Il existe parmi les signataires de l’appel des traditions, des cultures militantes diverses. Par exemple, des cultures républicaines, libertaires, autogestionnaires, mouvementistes, communiste, écologistes et des expériences très diverses associatives et syndicales, individuelles et collectives.

Et bien il nous faut un cadre de travail pour apprendre à faire avec ces différences, et non seulement à partir des convergences, et pas malgré nos différences.

Nous devons absolument mettre de côté les rancoeurs et les contentieux pour ouvrir le champ des possibles. Nous verrons alors ce qui relève réellement de désaccords irréductibles et ce qui est peut-être dépassé, par métissage, par rencontre, par prise en considération des points de vue et des postures des autres.

Faire ce travail va au-delà de la coordination de campagnes thématiques ou de réflexions programmatiques. C’est une autre conception de la politique. Car c’est l’invention de nouvelles cohérences politiques qu’il faut viser.

Il doit y avoir place dans notre mouvement pour différentes motivations, pour différents investissements.

Cela veut dire notamment intégrer la question de l’invention de la nouvelle force politique de transformation sociale et écologique que nous appelons de nos vœux, plutôt que de la renvoyer à un hypothétique consensus sur les contenus, les modalités et le timing de sa constitution. L’idée de fédérer les énergies disponibles pour marquer une étape vers la création d’une telle force a sa place dans ce mouvement, et priver ce mouvement de cette idée, des avancées possibles en la matière, serait éminemment contreproductif.

Car nous ne voulons pas être spectateur des recompositions politiques qui s’annoncent, même si nous percevons bien l’enjeu considérable que constituent l’avenir du PCF, les choix du NPA ou encore les choix que feront nos camarades de la gauche du Parti socialiste dans quelques semaines et après.

Nous ne pouvons pas attendre que les trains de la recomposition démarrent sans nous, ou à côté de nous, par exemple par des constructions qui ne seraient que de sommet à l’occasion des élections européennes, alors que nous faisons le constat que le champ politique tel qu’il est est radicalement en crise, et que précisément ce qui nous rassemble aujourd’hui c’est la volonté de construire une alternative politique à gauche en renouvelant profondément le rapport entre le mouvement social et la politique, le rapport aux institutions et le rapport aux élections.

Surtout ne nous contentons pas de peu, et commençons.


(GIF) Pierre Cours-Salies

Pour dépasser et remplacer le (GIF) capitalisme

Il faut faire exister le cadre de travail proposé par Politis, et aussi donner son essor à la constitution d’une force politique nouvelle, alternative au capitalisme. Pierre Zarka, Gilles Alfonsi et Pierre Laporte ont bien souligné les enjeux de cette journée.

Prêtons attention au moment où se place cette réunion. Même si la crise a commencé il y a des mois, dans sa phase actuelle, la spéculation financière qui s’effondre débouche sur la mise en cause des activités productives elles-mêmes, en France dans le bâtiment, dans l’automobile. Cette situation exige des réponses à la logique du système. L’absence de force politique à la hauteur n’en ressort que davantage.

Nous devons créer une mise en commun des exigences possibles et nécessaires. Geneviève Azam en a donné des éléments ; il serait bon que Politis soit à l’origine d’une sorte d’atelier qui permette la précision et la vérification commune des ripostes à apporter aux politiques de la droite, néolibérale ou d’utilisation d’un masque social-libéral.

N’oublions pas, comme l’a heureusement signalé Martine Billard, que les capitalistes peuvent facilement mettre à profit, un « capitalisme vert » dans la mesure où cela peut les servir. Dès lors qu’ils maintiennent une hiérarchie durcie de la précarité pour diviser les salariés, les divers groupes du patronat peuvent aussi jouer sur des développements de techniques comportant des économies d’énergie et de diversification des formes de production. On peut en même temps subir une remise en cause des droits sociaux, avec des tentatives de division accrues entre les salariés, « étrangers » et européens, hommes et femmes, diplômés et autres.

Quand nous mettons le système en cause, ne soyons pas timides, ne nous autolimitons pas . Keynes, devant la crise de 1929-30 proposait d’euthanasier les rentiers et donnait la perspective d’une demi semaine de travail sans réduction des salaires afin de développer la pluriactivité et ainsi, afin de conserver le libéralisme, par une politique de type nouveau comportant un relatif plein emploi. Nous devrons, nous, relancer le thème du remplacement de la propriété des moyens de production par des formes socialisées permettant des discussions et des décisions démocratiques (Voir ici la contribution « Changeons ce monde » diffusée depuis cet été).

Dans l’immédiat, sur quoi formons-nous notre « Pacte » par rapport aux luttes sociales ? Par quoi remplacer la politique de Sarkozy ? Nous devons être clairs. .

Nous n’avons pas besoin que des partis de gouvernement se mettent à discuter de ce qu’eux ils pourraient faire. Nous devons souligner une réalité : les cadres unitaires des mouvements sociaux portent des éléments d’alternative ; nous devons les faire connaître, faire converger, les défendre publiquement. Qu’on lise le quatre pages du collectif pour une autre Europe, par exemple et on trouve la place d’un secteur financier public, les moyens pour l’instaurer, ses dimensions européennes... Qu’on prenne les solutions avancées pour le financement de l’assurance maladie en cessant de détourner des cotisations patronales alors que ces mesures sont de plus destructrices d’emplois ! Oui, les emplois devraient être maintenus et les salariés appelés à discuter et proposer des alternatives pour les entreprises En fait, les forces politiques de gauche devraient s’engager à soutenir les exigences des mouvements sociaux. Voilà comment il faut faire l’unité pour mettre fin aux gaspillages et aux reculs sociaux. Les luttes de résistance en cours portent un autre usage des richesses, une politique alternative de gauche.

Un bon début de réponse, au cœur de la crise.

Pour renforcer cette dynamique, cependant, il nous faut l’ancrer dans une organisation politique nouvelle. Plusieurs en ont parlé. Juste une minute (...), afin de contribuer à un débat, comme y incite la lettre de Patrick Braouezec que Denis a lue.

Ici, certains ont tendance à opposer le mot « mouvement politique » à celui de « parti ». En fait, disons plus nettement que cela dépend avant tout de notre volonté de remplacer les partis de délégation de pouvoir et de cogestion du système par un parti politique défini par d’autres tâches.

Nous devons viser un parti de mise en mouvement des mobilisations.

Qui ne sépare pas trois aspect : la transformation des relations sociales quotidiennes ; le changement des conditions et des objectifs de production, définis par les travailleurs et les usagers ; les formes de propriété permettant de ne plus subir le pouvoir d’une classe aussi puissante que diversifiée dans son clientélisme mondial, et pour cela développer, tant dans les institutions internationales que dans les domaines de production, des relations de pouvoir socialisées et démocratisées. Cela implique des constructions politiques non pyramidales, donnant toute leur place à des aspirations, des luttes et des expérimentations, dont Claire Villiers à donné quelques indications.

Sur ce point, j’ai un désaccord de mot avec Gérard Perrier ; il a dit : un parti « pour prendre le pouvoir ». Comme lui-même le décrivait ensuite, il s’agit en fait d’un parti qui, dans tous les domaines de l’existence et des luttes, mette à l’ordre du jour la transformation des institutions par les mouvements sociaux.

Nous visons à dépasser et remplacer le capitalisme par d’autres rapports avec la nature et entre les êtres humains. Ce combat est actuel. Il prendra du temps ?

Raison de plus pour ne plus tarder à lancer ce processus et voilà pourquoi nous le faisons, parallèlement et complémentairement avec le cadre issu de cette journée.

(JPEG)
le compte rendu de l’humanité du 13 octobre
Malgré un sous-titre qui insiste sur "difficilement", une relation assez juste de la journée et des débats.

(GIF)

13 octobre 2008


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