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La révolution tunisienne a un mois

Déclaration de LA FTCR

 

Les militants et militantes de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Rives s’inclinent devant la mémoire des victimes de la révolution du peuple tunisien. Ils font part de leur sympathie aux blessés ainsi qu’à leurs familles touchées par cette répression.

Ils exigent que toute la lumière sur les circonstances de ces crimes soit faite et que leurs auteurs soient immédiatement arrêtes et déférés devant la justice.

Tout en condamnant la répression des forces de l’ordre et les actes odieux commis par la Garde présidentielle de Ben Ali, la FTCR salue l’attitude patriotique de l’armée et de ses officiers qui ont refusé de tirer sur la population.

L’immolation de Mohamed Bouazizi par le feu, a soulevé un élan de solidarité, bien au-delà des frontières du monde arabe. La Tunisie carte-postale est carbonisée, les pages Facebook enflammées et la parole libérée. Les hommes et les femmes de Sidi Bouzid ont réussi à crier plus fort que les communicateurs, se sont exposés à tous les dangers pour dire leur vérité. Bilan : 234 morts et des centaines de blessés.

Malgré la répression, la révolte pacifique s’étend rapidement à d’autres régions, prenant appui sur les luttes que mènent les populations du bassin minier, depuis 2008. À l’appel de militants syndicaux et avec l’aide des avocats le mouvement pour « l’emploi, la liberté et la dignité nationale » atteint la capitale. Les Unions régionales de L’UGTT ont appelé à des grèves et manifestations dont celles du 14 janvier qui a provoqué la fuite de Ben Ali.

L’image de Bouazizi devient le symbole d’un mouvement pour la dignité, la liberté et la démocratie contre la le chômage et la corruption. Car ce qui a été refusé à Bouazizi c’est le respect, pas seulement un boulot. Il a été cruellement maltraité, mainte fois humilié, en toute impunité.

Durant plusieurs semaines la « Volonté de vivre »* du poète tunisien, sortie du dernier soupir de Mohamed Bouazizi inonde les rues relayées par la chaine EL JAZIRA et les jeunes internautes. Les enfants d’Abou el Kacem Chebbi montrent au monde arabe qu’il n’y a pas de fatalité à l’asservissement et au suicide collectif. Il révèle aussi au peuple français l’aveuglement de ses élites dirigeantes, enfermées dans leur diabolisation de l’islam au point de soutenir une dictature corrompue.

Dés les premiers instants, fidèle à sa longue tradition de lutte, la FTCR s’est mobilisée pour la révolution et l’avènement de la démocratie en Tunisie. Elle a pris part à la création du collectif de soutien à la lutte des habitants de Sidi Bouzid, ainsi qu’aux collectifs unitaires de Lille et Marseille et a participé aux mobilisations dans les autres villes.

Elle salue la mobilisation des citoyens, syndicats de l’UGTT, avocats, militants des droits humains, magistrats, journalistes, militants politiques, femmes ainsi que celle des organisations politiques démocratiques.

La FTCR salue la vigilance et la maturité des jeunes tunisiens qui ont marché du centre de la Tunisie et se sont rassemblés à la place de la Kasbah (siège du gouvernement) pour exiger le départ du RCD. Elle dénonce la répression et le mépris avec lesquels ils ont été traités.

Jour après jour grâce à cette mobilisation des ministres, des cadres administratifs et des acteurs liés au RCD ont été remplacés. Le gouvernement provisoire de transition a pris des mesures positives allant dans le sens des revendications du peuple tunisien (libération des prisonniers, politiques et d’opinion, retour des exilés, projet de loi d’amnistie, autorisation des associations et partis politiques, limogeage de la trentaine de directeurs de la Sûreté, exercice effectif du droit de manifestation, libéralisation des médias audiovisuels et écrits, levée des obstacles contre de la Ligue tunisienne pour la défense de Droits de l’Homme, arrestation des responsables de la répression et de la corruption, création de 3 commissions, ratification de conventions internationales et de protocoles facultatifs concernent notamment l’abolition de la peine de mort, la lutte contre la torture et la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, adhésion à la Cour Pénale Internationale, et la suspension du parti de Ben Ali le RCD). La FTCR déplore que les réserves sur la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes n’aient pas été levées à cette occasion.

La révolution tunisienne reste menacée par le RCD et le reste des forces de sécurité liées à l’ancien régime. Ceux-ci sont en effet responsables des troubles provoqués dans la rue, et dans certaines entreprises et secteurs économiques.

La FTCR considère qu’il incombe en premier lieu aux forces de la révolution de les démasquer, de les dénoncer et de les mettre hors d’état de nuire.

La FTCR lance un appel à l’unité des forces syndicales, associatives et politiques démocratiques, pour un dialogue en vue de consolider et parachever les acquis de la révolution et ainsi préparer plus solidement les échéances futures.

La FTCR considère que toutes les forces, quelques soient leurs idéologies ou convictions, qui ont œuvré à la chute du dictateur, citoyennes, syndicales, associatives et politiques doivent être associées aux débats et aux décisions du gouvernement transitoire pour la protection de la révolution, sa pérennisation et à l’édification de nouvelles institutions démocratique au service du peuple qui seront bientôt soumises au vote populaire.

La FTCR demande l’accélération de la création d’une quatrième commission indépendante pour superviser toutes les élections.

Fidèle aux principes d’égalité, de solidarité et de respect des droits humains la FTCR demande que les principes suivants soient discutés et largement retenu dans les futures propositions constitutionnelles :

La séparation des partis politiques de l’Etat

L’égalité entre les régions

L’égalité pleine et effective entre les citoyens en particulier l’égalité homme femme

La liberté de pensée d’expression (la liberté de la presse)

La liberté de conscience (l’égalité entre les cultes, la levée du contrôle de l’Etat sur les lieux de culte, la neutralité et l’impartialité de l’Etat)

L’immigration tunisienne dans le monde est attentive à ce qui se passe dans le pays. Elle s’est massivement mobilisée pour soutenir le processus de la Révolution. Avec plus de 1 million de personnes soit 10% de la population elle est de plus un facteur important sur le plan économique et social en raison des transferts de devises. les moins de 16 ans représentent près de 25% de la communauté tunisienne. Quant aux femmes elles représentent une moyenne de près 25% de l’ensemble de la communauté. Toutefois en France, ce pourcentage atteint les 38%. Cette jeunesse comme les femmes se sont très massivement mobilisées pour soutier la Révolution tunisienne.

Le mouvement associatif tunisien qui n’a jusque là jamais été reconnu par les autorités comme un partenaire lesquelles autorités ont préféré monter de toutes pièces des amicales et des associations dont le seul but était l’encadrement sécuritaire des tunisien-nes de l’étranger. Le mouvement associatif s’est néanmoins maintenu, contre vents et marées, et a tenu à faire valoir une voix autonome et démocratique pour que soit pris en compte les aspirations et les revendications des tunisien-nes. Non seulement les attentes concernant les démarches administratives dans les consulats mais également les attentes en matière de liberté et de la démocratie en Tunisie. Depuis des décennies, une des revendications des associations était l’exigence d’une nette séparation entre les services consulaires (qui doivent être au service de tous les Tunisien-nes) et le parti au pouvoir, (le PSD puis le Rassemblement RCD depuis 1987).

Aujourd’hui la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (F.T.C.R.), le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), l’Association des Tunisiens en France (ATF), l’Association des Tunisiens en France - Paris (ATF-Paris), l’Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) ainsi que de nombreuses autres associations et collectifs ... prennent l’initiative d’organiser les premières « Assises de l’immigration Tunisienne en France et dans le monde » avec pour objectif la rédaction d’un cahier de doléances des migrantes et des migrants tunisien-nes pour la défense de leurs intérêts. Ce cahier de doléances sera présenté au nouveau pouvoir exécutif tunisien issu de la révolution du 14 janvier 2011. L’objectif de ces assises est de rassembler les propositions que nous inscrirons TOUS ensemble dans le cahier de doléances des migrants tunisien-nes et de les adopter collectivement d’ici la fin mars 2011 et sera officiellement présenté au gouvernement Tunisien le 9 Avril 2011 à l’occasion de la fête des martyrs en Tunisie.

Dans notre démarche nous comptons également ouvrir le débat le plus large en faisant appel à toutes les contributions, à travers divers supports d’information et de communication et notamment les réseaux sociaux (facebook ...), les blogs et les sites web. Nous voulons, par là, que le plus grand nombre de Tunisien-nes participent à l’élaboration de ce cahier de doléances.

La FTCR veut en finir avec :

L’exclusion du droit de vote et d’éligibilité dans les élections législatives des tunisiens résidant à l’étranger.

Le rôle que jouent les consulats tunisiens dans l’expulsion des sans papiers.

Le contrôle policier qu’ils exercent sur la population tunisienne.

Le racket " 26 26 "

La main mise du RCD sur l’administration et les propriétés de l’Etat tunisien à l’étranger.

« Lorsqu’un jour le peuple veut vivre, Force est pour le destin de répondre,

Force est pour les ténèbres de se dissiper, Force est pour les chaînes de se briser. » Abou el Kacem Chebbi

Paris le 5 février 201,

Pour le CA de la FTCR, Tarek BEN HIBA, Président

14 février 2011


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