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« Non », en tant que paysans, en tant que citoyens, en tant qu’Européens !

Confédération paysanne

 

La Confédération paysanne est membre de la Coordination paysanne européenne et, au-delà, du vaste mouvement paysan mondial Via campesina. Avec toutes les organisations qui participent à la vie de ces réseaux internationaux, elle fonde son combat syndical sur la souveraineté alimentaire afin de permettre à toutes les femmes et tous les hommes l’accès à une nourriture suffisante, variée et de qualité, sur des territoires vivants, dans un souci de préservation et de régénération des ressources naturelles. Cet objectif fondamental conduit à la maîtrise et à la répartition concertées des productions agricoles, à des pratiques paysannes et à des échanges commerciaux équitables. La démarche s’inscrit dans un dialogue permanent, décorporatisé, avec l’ensemble d’une société qui ne se limite pas aux frontières étriquées des Etats. En cela, la Confédération paysanne appelle à une Europe citoyenne, ouverte et solidaire pour laquelle elle revendique une Pac (Politique agricole commune) à l’inverse de celle imposée aux paysans et aux consommateurs par les accords de Luxembourg signés en juin 2003.

La Pac actuelle répond aux exigences d’une Organisation mondiale du commerce (OMC) fondée selon les dogmes du libéralisme économique. Ce n’est pourtant pas faute de constater, depuis des années, les dégâts de telles orientations et pratiques : plus de 800 millions de personnes à travers le monde souffrent encore de la faim, cependant que le nombre de paysans ne cesse de diminuer fortement (une ferme disparaît toutes les minutes dans l’Union européenne des 25 quand, à travers la planète, l’exode rural continue d’entasser des millions de personnes dans des bidonvilles !) et que les problèmes environnementaux et sanitaires deviennent de plus en plus violents et inquiétants.

Or c’est bien ces dogmes libéraux que l’actuel projet de Traité constitutionnel européen (TCE) tente d’imposer. Il organise, légalise et pérennise l’Europe des marchés et des marchands. Il traduit les attentes du monde des affaires et de la finance, pas celle des peuples. S’il était adopté en l’état par tous les membres actuels de l’Union européenne, par leurs parlements ou par référendum, la souveraineté alimentaire serait ainsi rendue anticonstitutionnelle et les systèmes de régulation, qui par essence font une politique agricole « commune », devraient être démantelés. Dire « oui » à l’actuel projet de TCE interdirait l’édification de cette « autre Europe possible » que nous appelons de nos vœux. Nous refusons les postures négatives par principe mais construire ne signifie pas dire toujours « oui » : nous inscrivons notre raisonnement et notre démarche dans une dynamique de construction européenne démocratique qui, aujourd’hui, passe par le refus du texte qui nous est présenté.

En tant que paysans, en tant que citoyens, en tant qu’Européens, nous ne pouvons donc que voter « non » et appeler à voter ainsi au référendum qui sera organisé en France avant l’été sur l’actuel projet de Traité constitutionnel européen.

Brigitte Allain et Jean-Emile Sanchez, porte-parole nationaux

Téléchargez l’argumentaire complet ci-dessous :

16 avril 2005


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