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Sous Sarkozy l’expertise économique et sociale indépendante fout le camp !

article publié sur le blog du RESEDA gauche Alternative du Hainaut

 

Ceux de nos lecteurs qui s’intéressent à l’économie le savent : c’est Edouard Balladur qui avait décidé de supprimer le CERC en 1993. Le « Centre d’études des revenus et des coûts » ­ avait été créé en 1967 par le Général De Gaulle. Mission :

-  établir un état des lieux de l’évolution des revenus d’activité, financiers et sociaux, ainsi que de la productivité (d’où le terme « coûts »),

-  connaitre les disparités ou inégalités qui pouvaient exister dans ce domaine.

-  Doté d’une équipe solide, le CERC publiera des rapports solidement charpentés, qui en feront hurler quelques-uns de Bérégovoy à Chirac

Devenu le CSERC (Conseil supérieur de l’emploi, des revenus et des coûts), c’était déjà très clair ! Il s’agissait de mettre au rencard une expertise indépendante qui mettait au grand jour l’aggravation de certaines inégalités.

Le CSERC perdit l’essentiel des moyens humains de l’ancien CERC, il dépendrait désormais de l’INSEE pour obtenir des statistiques publiques sur les revenus.

Mais, chercheurs et statisticiens étant gens frondeurs le CSERC publia des rapports qui marquèrent leur époque - sur le salaire minimum notamment - et l’alternance politique y mit son grain de sel. Lionel Jospin (pour une fois) tint ses promesses et, en 2000, le CSERC redevenait le CERC. Il y gagnait même un Président prestigieux... Jacques Delors.

Mais le mandat de Delors et des membres du Conseil arrivèrent à leur terme en juillet 2008. Peu à peu, les forces vives du nouveau CERC sont parties, du rapporteur général aux rapporteurs. Comme par hasard, « on » oublia de les remplacer.

Côté gouvernement, ce fut le silence radio.

Le Gouvernement n’a pas bougé le petit doigt. Dans le silence général et dans un lâche soulagement, le Pouvoir a supprimé le CERC de fait. La bonne vieille méthode !

-  Finis les états de lieux pertinents,

-  Finis les doigts pointés sur les incohérences économiques,
-  Finie la mise en lumière des errements politiques.

Peu à peu :

-  Les moyens d’une expertise publique indépendante disparaissent,
-  On publie bien des rapports de style universitaire que le gouvernement ignore, comme ceux Conseil d’analyse économique.
-  Pour faire bonne mesure, ce qui reste est mis au service du Pouvoir grâce à la nomination à leur tête de militants UMP :

-  Au Conseil d’orientation de l’emploi, ce sera Marie-Claire Carrère-Gée, membre de l’UMP, conseillère régionale d’Île-de-France et conseillère de Paris, élue dans le 14e arrondissement. Elle fut Administratrice au Sénat, puis conseillère sociale de Jacques Chirac avant de devenir secrétaire générale adjointe de l’Élysée

-  Au Centre d’analyse stratégique, c’est Vincent Chriqui qui a décroché la timbale le 13 janvier de cette année. L’homme fut directeur de cabinet de Gérard Larcher, ministre délégué à l’Emploi, au Travail et à l’insertion professionnelle des jeunes, directeur adjoint du cabinet de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement. Depuis 2007, il était conseiller chargé de l’analyse, puis conseiller parlementaire au cabinet de François Fillon.

Pourtant, la France connait des problèmes économiques et sociaux de grande ampleur.

Mais il vaut mieux occuper la galerie avec la burqa ou le nième dérapage d’un Frèche plus très frais.

Pendant ce temps là, la cohésion sociale fout le camp dans un silence coupable et personne ne mesure plus les dégâts. Ce dont rêvait Balladur, Sarkozy l’a fait !

Guy Dutron

12 février 2010


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